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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Bruxelles: «Ahmed Laaouej, prenez vos responsabilités et formez un gouvernement d’extrême gauche!»

([Opinions] 2025-04-01 (Doorbraak))


Comme vous avez pu le lire dernièrement [1]dans les colonnes du Doorbraak , les loyers bruxellois sont plafonnés. Si vous voulez mettre en location un appartement ou une maison dans la Région de Bruxelles-Capitale, vous ne pourrez bientôt plus demander un loyer qui excède de plus de vingt pour cent le prix de référence.

Un prix de référence ? Oui, mais basé sur des données centralisées dans un registre qui date de 2018. Ce prix est adapté chaque année en fonction des prix actuels, mais seulement après l’entrée en vigueur de l’ordonnance bruxelloise. En effet, la Région ne dispose aujourd’hui que de trop peu de données sur les baux pour avoir une vue d’ensemble des loyers réels.

Et si votre locataire juge entre-temps qu’il paie trop, la Commission paritaire des loyers peut lui donner raison et vous contraindre à demander un prix « plus correct ».

En réalité, nous ne pouvons que nous réjouir de cette ordonnance bruxelloise votée, à défaut de gouvernement, par une majorité alternative au Parlement bruxellois par le PS d’Ahmed Laaouej, Vooruit, le PTB, la famille verte et le parti d’inspiration religieuse Team Fouad Ahidar. Nous nous en réjouissons, parce qu’au moins, un choix politique clair a été opéré, à savoir celui de réguler plus strictement un marché locatif bruxellois où le politique pèse désormais plus lourd que l’initiative privée.

A relire

[2]Qui osera mettre la pression sur le PS bruxellois ?

La grande question est donc la suivante : si les formations de gauche au Parlement bruxellois parviennent à se mettre d’accord pour des décisions politiques aussi importantes, pourquoi ne formeraient-elles pas un gouvernement de gauche ? Parce que les communistes du PTB en feraient partie ? Billevesées : les communistes partagent déjà le pouvoir à Mons, en Région wallonne, et à Molenbeek-Saint-Jean en Région bruxelloise. Si cela ne pose pas de problème dans ces communes-là, pourquoi pas à l’échelle de toute la Région ?

Parce que les verts francophones refusent de gouverner après leur raclée électorale ? Foutaises, car Ecolo ne demande qu’à monter au gouvernement, surtout si leur sœur d’arme Elke Van den Brandt fait le choix « intelligent » de ne pas coopérer avec la N-VA. Par ailleurs, la famille verte défend un projet décroissant : l’économie et la société ne doivent pas viser le profit. Cela n’a pas grand-chose à voir avec les considérations politiques quotidiennes. C’est un idéal. Et pourquoi ne pas saisir sa chance alors que l’idéal est si proche ?

Une histoire de tente

Reste la Team Fouad Ahidar. C’est peut-être bien là que le bât blesse le plus. En effet, sans être un parti de musulmans, c’est dans une certaine mesure un parti pour les musulmans.

Bien sûr, la population bruxelloise compte de plus en plus de musulmans, et leur religiosité s’avère peu compatible avec la laïcité chère au PS. Eh bien, c’est justement là que les socialistes ont une carte à jouer : « il vaut mieux être dans la tente et pisser à l’extérieur que hors de la tente et pisser dedans. » Si le PS accepte que Fouad Ahidar monte à bord du gouvernement bruxellois, il sera plus facile de contrôler la Team Fouad Ahidar et l’électorat musulman.

Il existe même déjà un nom pour baptiser cette coalition d’extrême gauche : le Front populaire bruxellois, à l’instar du mouvement de Jean-Luc Mélenchon, qui accueillera avec enthousiasme la nouvelle d’une majorité de gauche radicale dans la plus grande ville francophone au nord de Paris.

A relire

[3]Bruxelles, ville multilingue par excellence

C’est une plaisanterie, me direz-vous. Pourtant, je suis on ne peut plus sérieux. La Région de Bruxelles-Capitale est en faillite, et tant chez les francophones que chez les néerlandophones, on est épuisé des éternels débats sur la représentativité garantie des néerlandophones bruxellois, et sur le rôle que doit jouer notre capitale-région. Nous ne prenons même plus la peine d’expliquer ce que tout cela signifie.

Il paraît que ce système est bien trop étriqué pour la réalité multiculturelle bruxelloise. Dans ce cas, allons-y : avec une coalition d’extrême gauche, nous avons une majorité tant du côté des francophones que des néerlandophones. Une majorité de tous les Bruxellois. Avec une coalition d’extrême gauche, personne ne pourra dire que la gauche est sur le retour. Au contraire, la capitale de l’Europe lèverait le poing face à une Europe qui se droitise. Si ça, ce n’est pas un signal fort…

Il est temps que la gauche prenne ses responsabilités et arrête de pleurnicher. Il est temps qu’elle entre en lutte. En Amérique, les supporters de Trump relativisent la politique de leur héros par un acronyme qui met fin à tous les débats : « FAFO ». En toutes lettres, cela signifie « Fuck around, find out », une formule familière que l’on pourrait traduire plus chastement par « Jouez avec le feu, mais assumez les conséquences ». Voilà ce que la gauche a le devoir de faire : tester, et assumer.

Bruxelles est à vous. FAFO. À commencer par le plafonnement des loyers.

A relire

[4]Débat sur la structure de Bruxelles : les médias francophones font la sourde oreille



[1] https://doorbraak.be/gerechtelijk-offensief-mogelijk-tegen-buitensporige-huur-van-70-000-brusselse-panden

[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/qui-osera-mettre-la-pression-sur-le-ps-bruxellois/

[3] https://daardaar.be/rubriques/societe/bruxelles-ville-multilingue-par-excellence/

[4] https://daardaar.be/rubriques/politique/debat-sur-la-structure-de-bruxelles-les-medias-francophones-font-la-sourde-oreille/



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-- Oscar Levant