Pour mettre fin aux agressions sexuelles, notre vigilance collective s’impose
([Opinions, Société] 2025-04-01 (De Morgen))
- Reference: 2025-04_diane-picchiottino-yQtV3AxfOW0-unsplash-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/societe/pour-mettre-fin-aux-agressions-sexuelles-notre-vigilance-collective-simpose/
- Source link: https://www.demorgen.be/meningen/er-is-altijd-een-probleem-geweest-met-seksueel-geweld-tegen-vrouwen-en-het-is-blijkbaar-niet-te-temmen~b2427699/
Ma fille est encore trop jeune pour sortir seule, mais elle est déjà assez grande pour comprendre le message subliminal du Petit Chaperon rouge.
L’autre jour, je lui ai expliqué – en enrobant mon discours des précautions paternelles d’usage – que ce vieux conte ne parle pas simplement d’une fillette qui traverse la forêt pour apporter des galettes à sa grand-mère. C’est un avertissement, un message envoyé à toutes les jeunes femmes – qu’elle devient elle-même peu à peu – face aux violences qui les guettent, partout où elles vont. Elle m’a dit avoir compris où je voulais en venir, même si cela reste – fort heureusement – encore très peu concret pour elle.
Le monde a bien changé depuis l’époque où ce conte a vu le jour. Du moins en apparence — car au fond, le danger, lui, est toujours là. Mais il ne se cache plus seulement au détour d’un sentier traversant un foret obscur, il se glisse jusque dans les bars et les clubs aux lumières criardes. Il n’a plus le visage d’un bandit masqué, il peut aussi prendre les traits d’un charmant barman qui vous offre un dernier verre « pour la route » après la fermeture.
Après les témoignages glaçants venus de bars bruxellois, de cafés courtraisiens ou de tant d’autres villes, voilà qu’Anvers est à son tour pointée du doigt. La trame reste invariablement la même : de jeunes femmes se retrouvent droguées ou poussées à boire jusqu’à l’évanouissement, avant d’être agressées ou violées, bien souvent par ceux-là mêmes qui sont censés veiller à la sécurité des lieux.
Ces témoignages ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Dans le quotidien Het Laatste Nieuws , ma consœur Isolde Van den Eynde expliquait récemment qu’elle avait elle-même perdu connaissance dans les toilettes d’un établissement ; quelqu’un avait visiblement versé quelque chose à son insu dans son verre.
A relire
[1]Agressions sexuelles contre les femmes : dites-le avec un cocktail
La multiplication des (tentatives de) viols et des agressions dans les bars et les clubs suscite le sentiment que les violences sexuelles constituent un grave problème au sein de « notre » société, à travers la façon dont « nous » passons aujourd’hui « notre » temps libre. Le Petit Chaperon rouge nous rappelle néanmoins une vérité inconfortable : le problème de la violence envers les femmes a toujours existé et existera visiblement toujours, en dépit de tous les progrès que la société a pu accomplir.
Cela ne veut toutefois pas dire qu’il faut se résigner, juste qu’il faudra toujours rester sur le qui-vive.
«Ne laissez plus jamais quelqu’un rentrer seul. Ni un ami ni une amie, même quand le barman a une bonne tête.»
Il faut se réjouir que le monde politique, en sanctionnant plus sévèrement les actes d’agression sexuelle au pénal, envoie le signal qu’il prend ce problème très au sérieux. Il est tout aussi heureux que les juges, dans la plupart des cas, entendent ce signal et ne laissent pas les auteurs impunis. Enfin, on ne peut que saluer la mise en place de campagnes de prévention et de sensibilisation visant à mettre les g victimes en garde et à rappeler les aides disponibles.
Aussi bonnes soient-elles, ces mesures ne seront toutefois pas suffisantes. Si nous voulons vraiment dompter le monstre, il faudra un effort collectif, qui passe notamment par un contrôle social accru et une plus grande vigilance. Ne laissez plus jamais quelqu’un rentrer seul. Ni un ami ni une amie, même quand le barman a une bonne tête. Surveillez les verres, surveillez-vous les uns les autres. Et si vous repérez quelque chose de suspect, dites-le.
Je conçois que ce qui précède puisse paraître naïf ou sirupeux, mais les jeunes femmes savent à quel point cette vigilance partagée est cruciale. Il est primordial que cette responsabilité ne repose pas uniquement sur les épaules de celles qui risquent le plus.
A relire
[2]« Même quand on refuse des avances poliment, on se fait traiter de salope »
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/agressions-sexuelles-contre-les-femmes-dites-le-avec-un-cocktail/
[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/meme-quand-on-refuse-des-avances-poliment-on-se-fait-traiter-de-salope/
L’autre jour, je lui ai expliqué – en enrobant mon discours des précautions paternelles d’usage – que ce vieux conte ne parle pas simplement d’une fillette qui traverse la forêt pour apporter des galettes à sa grand-mère. C’est un avertissement, un message envoyé à toutes les jeunes femmes – qu’elle devient elle-même peu à peu – face aux violences qui les guettent, partout où elles vont. Elle m’a dit avoir compris où je voulais en venir, même si cela reste – fort heureusement – encore très peu concret pour elle.
Le monde a bien changé depuis l’époque où ce conte a vu le jour. Du moins en apparence — car au fond, le danger, lui, est toujours là. Mais il ne se cache plus seulement au détour d’un sentier traversant un foret obscur, il se glisse jusque dans les bars et les clubs aux lumières criardes. Il n’a plus le visage d’un bandit masqué, il peut aussi prendre les traits d’un charmant barman qui vous offre un dernier verre « pour la route » après la fermeture.
Après les témoignages glaçants venus de bars bruxellois, de cafés courtraisiens ou de tant d’autres villes, voilà qu’Anvers est à son tour pointée du doigt. La trame reste invariablement la même : de jeunes femmes se retrouvent droguées ou poussées à boire jusqu’à l’évanouissement, avant d’être agressées ou violées, bien souvent par ceux-là mêmes qui sont censés veiller à la sécurité des lieux.
Ces témoignages ne sont que la partie émergée de l’iceberg. Dans le quotidien Het Laatste Nieuws , ma consœur Isolde Van den Eynde expliquait récemment qu’elle avait elle-même perdu connaissance dans les toilettes d’un établissement ; quelqu’un avait visiblement versé quelque chose à son insu dans son verre.
A relire
[1]Agressions sexuelles contre les femmes : dites-le avec un cocktail
La multiplication des (tentatives de) viols et des agressions dans les bars et les clubs suscite le sentiment que les violences sexuelles constituent un grave problème au sein de « notre » société, à travers la façon dont « nous » passons aujourd’hui « notre » temps libre. Le Petit Chaperon rouge nous rappelle néanmoins une vérité inconfortable : le problème de la violence envers les femmes a toujours existé et existera visiblement toujours, en dépit de tous les progrès que la société a pu accomplir.
Cela ne veut toutefois pas dire qu’il faut se résigner, juste qu’il faudra toujours rester sur le qui-vive.
«Ne laissez plus jamais quelqu’un rentrer seul. Ni un ami ni une amie, même quand le barman a une bonne tête.»
Il faut se réjouir que le monde politique, en sanctionnant plus sévèrement les actes d’agression sexuelle au pénal, envoie le signal qu’il prend ce problème très au sérieux. Il est tout aussi heureux que les juges, dans la plupart des cas, entendent ce signal et ne laissent pas les auteurs impunis. Enfin, on ne peut que saluer la mise en place de campagnes de prévention et de sensibilisation visant à mettre les g victimes en garde et à rappeler les aides disponibles.
Aussi bonnes soient-elles, ces mesures ne seront toutefois pas suffisantes. Si nous voulons vraiment dompter le monstre, il faudra un effort collectif, qui passe notamment par un contrôle social accru et une plus grande vigilance. Ne laissez plus jamais quelqu’un rentrer seul. Ni un ami ni une amie, même quand le barman a une bonne tête. Surveillez les verres, surveillez-vous les uns les autres. Et si vous repérez quelque chose de suspect, dites-le.
Je conçois que ce qui précède puisse paraître naïf ou sirupeux, mais les jeunes femmes savent à quel point cette vigilance partagée est cruciale. Il est primordial que cette responsabilité ne repose pas uniquement sur les épaules de celles qui risquent le plus.
A relire
[2]« Même quand on refuse des avances poliment, on se fait traiter de salope »
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/agressions-sexuelles-contre-les-femmes-dites-le-avec-un-cocktail/
[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/meme-quand-on-refuse-des-avances-poliment-on-se-fait-traiter-de-salope/