Terrains plus petits, ballons plus légers: faut-il changer les règles du football féminin?
([Sport] 2025-04-01 (Het Laatste Nieuws))
- Reference: 2025-04_Belgaimage-91903940-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/sport/terrains-plus-petits-ballons-plus-legers-faut-il-changer-les-regles-du-football-feminin/
- Source link: https://www.hln.be/belgisch-voetbal/tijd-voor-andere-regels-voor-vrouwen-dan-mannen-in-het-voetbal-op-de-huidige-manier-is-het-gewoon-saai~a92b8872/#:~:text=In%20de%20schaduw%20van%20het,topper%20tussen%20OHL%20en%20Standard.
Retour deux semaines en arrière, dans une salle de réunion feutrée de l’hôtel Steigenberger à Bruxelles. L’ECA, l’association qui regroupe les plus grands clubs européens, y tient une session exceptionnelle pour réfléchir à l’avenir du football.
Parmi les représentants belges : Bart Verhaeghe (Club de Bruges) et Michael Verschueren (administrateur indépendant). Mais aussi Ingrid Vanherle. Ancienne internationale des Red Flames, elle est aujourd’hui à la tête de Standard Fémina. Vanherle semble bien décidée à faire entendre sa voix. Lorsqu’elle expose sa vision du football féminin, même Verhaeghe et Verschueren en restent bouche bée.
« Ce que je vais dire est délicat, même venant d’une femme. Mais il faut être honnête : le football féminin, c’est parfois ennuyeux à regarder. Nous n’avons pas la même morphologie que les hommes. Il nous faut plus de temps pour aller d’un but à l’autre et effectuer une transversale vers l’aile opposée, admettons-le, c’est bien plus compliqué. »
Le football est la seule discipline où les femmes jouent selon les mêmes règles que les hommes. Une situation qu’il faut oser remettre en question, estime Ingrid Vanherle. « Doit-on à tout prix vouloir jouer au même football que les hommes, ou oser imaginer autre chose ? » Dans le Tour de France ou les classiques, les femmes parcourent des distances plus courtes. En Grand Chelem, elles disputent un set de moins. Au basket et au volley, l’anneau et le filet sont plus bas.
« Il faut réfléchir à des alternatives, poursuit-elle. Un terrain plus petit ? Un ballon plus léger, pour faciliter les changements d’aile ? Mon intention est de créer un groupe de travail au sein de l’Association européenne des clubs pour étudier les avantages et inconvénients d’un éventuel changement de règles. »
Comment les autres acteurs du football belge accueillent-ils cette idée lancée par la patronne du Standard Fémina ? Luna Vanzeir (Anderlecht), élue joueuse de l’année en janvier dans la Lotto Super League, n’est pas forcément contre.
A relire
[1]Euro féminin: les Red Flames restent sous-payées par rapport aux Diables Rouges
« Je vois peu d’inconvénients à une adaptation des règles. Le corps d’un homme n’est pas comparable à celui d’une femme. Et pourtant, on compare sans cesse notre jeu au leur. C’est frustrant — pour nous, mais aussi pour certains spectateurs. Distinguer les règles permettrait de clarifier les attentes. Le public comprendrait aussitôt qu’il ne s’agit pas d’un simple copier-coller. »
Si Vanherle souhaite maintenir la taille actuelle des buts — plus de buts, plus de spectacle —, Vanzeir pense au contraire que des cages plus petites pourraient aussi avoir leur utilité. « Les gardiennes sont généralement bien plus petites que leurs homologues masculins, mais elles défendent les mêmes buts, ce qui favorise davantage les critiques. Même lorsqu’un but est planté dans la lucarne, on entend toujours la même rengaine : “Un homme l’aurait arrêtée.” Il faut sortir de cette logique. »
Tout le monde ne place toutefois pas cette réforme des règles au sommet des priorités. Arno Van Den Abbeel, entraîneur des OHL Ladies, prétend qu’elle est loin d’être nécessaire. « Il ne faut rien changer. La semaine dernière, j’ai regardé Cologne-Bayern en Bundesliga féminine : 36 000 supporters dans les tribunes. Et pourtant, elles jouent elles aussi avec les mêmes règles que les hommes. »
Même constat pour le match de Ligue des Champions entre Chelsea et Manchester City. « Ces équipes sont bien plus athlétiques que les nôtres. Elles jouent chaque semaine sur des terrains aux dimensions maximales, ce qui ne porte pas préjudice à l’engagement physique et à l’intensité. Elles élèvent simplement leur niveau. Elles réussissent à rendre leur sport attractif. »
Van Den Abbeel estime qu’il faut, en Belgique du moins, en revenir aux fondamentaux. « La qualité doit primer. Si elle est au rendez-vous, l’intérêt des supporters et des médias suivra. Il faut changer d’état d’esprit. Je trouve inacceptable que tous les clubs pros n’aient pas encore de section féminine. La première division ne compte que huit équipes ! Ça devrait faire partie intégrante de la licence professionnelle, alors même que les clubs investissent massivement dans les jeunes élites. Parce qu’il y a un modèle économique derrière, avec les rentrées générées par les transferts. »
Si aujourd’hui, le football féminin n’est pas rentable, il pourrait le devenir. On constate une augmentation progressive des indemnités, auxquelles viennent désormais parfois s’ajouter des primes européennes. « Comme dans tout secteur, il faut investir avant de pouvoir engranger des bénéfices. Or ici, on s’attend trop souvent à ce que la section féminine s’autofinance. Malheureusement, ça ne marche pas comme ça. »
A relire
[2]Derrière la joie et le succès de Lotte Kopecky, se cache une profonde détresse
[1] https://daardaar.be/rubriques/sport/euro-feminin-les-red-flames-restent-sous-payees-par-rapport-aux-diables-rouges/
[2] https://daardaar.be/rubriques/sport/derriere-la-joie-et-le-succes-de-lotte-kopecky-se-cache-une-profonde-detresse/
Parmi les représentants belges : Bart Verhaeghe (Club de Bruges) et Michael Verschueren (administrateur indépendant). Mais aussi Ingrid Vanherle. Ancienne internationale des Red Flames, elle est aujourd’hui à la tête de Standard Fémina. Vanherle semble bien décidée à faire entendre sa voix. Lorsqu’elle expose sa vision du football féminin, même Verhaeghe et Verschueren en restent bouche bée.
« Ce que je vais dire est délicat, même venant d’une femme. Mais il faut être honnête : le football féminin, c’est parfois ennuyeux à regarder. Nous n’avons pas la même morphologie que les hommes. Il nous faut plus de temps pour aller d’un but à l’autre et effectuer une transversale vers l’aile opposée, admettons-le, c’est bien plus compliqué. »
Cyclisme et tennis
Le football est la seule discipline où les femmes jouent selon les mêmes règles que les hommes. Une situation qu’il faut oser remettre en question, estime Ingrid Vanherle. « Doit-on à tout prix vouloir jouer au même football que les hommes, ou oser imaginer autre chose ? » Dans le Tour de France ou les classiques, les femmes parcourent des distances plus courtes. En Grand Chelem, elles disputent un set de moins. Au basket et au volley, l’anneau et le filet sont plus bas.
« Il faut réfléchir à des alternatives, poursuit-elle. Un terrain plus petit ? Un ballon plus léger, pour faciliter les changements d’aile ? Mon intention est de créer un groupe de travail au sein de l’Association européenne des clubs pour étudier les avantages et inconvénients d’un éventuel changement de règles. »
Comment les autres acteurs du football belge accueillent-ils cette idée lancée par la patronne du Standard Fémina ? Luna Vanzeir (Anderlecht), élue joueuse de l’année en janvier dans la Lotto Super League, n’est pas forcément contre.
A relire
[1]Euro féminin: les Red Flames restent sous-payées par rapport aux Diables Rouges
« Je vois peu d’inconvénients à une adaptation des règles. Le corps d’un homme n’est pas comparable à celui d’une femme. Et pourtant, on compare sans cesse notre jeu au leur. C’est frustrant — pour nous, mais aussi pour certains spectateurs. Distinguer les règles permettrait de clarifier les attentes. Le public comprendrait aussitôt qu’il ne s’agit pas d’un simple copier-coller. »
Si Vanherle souhaite maintenir la taille actuelle des buts — plus de buts, plus de spectacle —, Vanzeir pense au contraire que des cages plus petites pourraient aussi avoir leur utilité. « Les gardiennes sont généralement bien plus petites que leurs homologues masculins, mais elles défendent les mêmes buts, ce qui favorise davantage les critiques. Même lorsqu’un but est planté dans la lucarne, on entend toujours la même rengaine : “Un homme l’aurait arrêtée.” Il faut sortir de cette logique. »
Tout le monde ne place toutefois pas cette réforme des règles au sommet des priorités. Arno Van Den Abbeel, entraîneur des OHL Ladies, prétend qu’elle est loin d’être nécessaire. « Il ne faut rien changer. La semaine dernière, j’ai regardé Cologne-Bayern en Bundesliga féminine : 36 000 supporters dans les tribunes. Et pourtant, elles jouent elles aussi avec les mêmes règles que les hommes. »
Même constat pour le match de Ligue des Champions entre Chelsea et Manchester City. « Ces équipes sont bien plus athlétiques que les nôtres. Elles jouent chaque semaine sur des terrains aux dimensions maximales, ce qui ne porte pas préjudice à l’engagement physique et à l’intensité. Elles élèvent simplement leur niveau. Elles réussissent à rendre leur sport attractif. »
Un modèle économique à construire
Van Den Abbeel estime qu’il faut, en Belgique du moins, en revenir aux fondamentaux. « La qualité doit primer. Si elle est au rendez-vous, l’intérêt des supporters et des médias suivra. Il faut changer d’état d’esprit. Je trouve inacceptable que tous les clubs pros n’aient pas encore de section féminine. La première division ne compte que huit équipes ! Ça devrait faire partie intégrante de la licence professionnelle, alors même que les clubs investissent massivement dans les jeunes élites. Parce qu’il y a un modèle économique derrière, avec les rentrées générées par les transferts. »
Si aujourd’hui, le football féminin n’est pas rentable, il pourrait le devenir. On constate une augmentation progressive des indemnités, auxquelles viennent désormais parfois s’ajouter des primes européennes. « Comme dans tout secteur, il faut investir avant de pouvoir engranger des bénéfices. Or ici, on s’attend trop souvent à ce que la section féminine s’autofinance. Malheureusement, ça ne marche pas comme ça. »
A relire
[2]Derrière la joie et le succès de Lotte Kopecky, se cache une profonde détresse
[1] https://daardaar.be/rubriques/sport/euro-feminin-les-red-flames-restent-sous-payees-par-rapport-aux-diables-rouges/
[2] https://daardaar.be/rubriques/sport/derriere-la-joie-et-le-succes-de-lotte-kopecky-se-cache-une-profonde-detresse/