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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

«Jamais sans eau»: la gourde réutilisable, accessoire devenu incontournable

([Environnement, Société] 2025-04-01 (De Standaard))


Regardez autour de vous : tout le monde boit. Gourde, bouteille, mug et même sac d’hydratation harnaché sur le dos de tout joggeur qui se respecte. Boire de l’eau est devenu un acte sacré. Un geste de pureté, un rituel. À chaque gorgée, on sent l’eau purifier notre organisme jusqu’à la dernière cellule. Une promesse de vie que l’on se chuchote à soi-même — et dont s’emparent les publicitaires. « Offrez à votre corps la pureté qu’il mérite », clame Spa. Dans le même temps, Evian lance une collection de bouteilles en collaboration avec la marque de cosmétiques de Pharrell Williams, sous le slogan : This is the fountain of youth . La fontaine de jouvence, ni plus ni moins.

Dans le New York Times , on lit l’histoire d’une prof de yoga, licenciée après avoir crié sur un élève qui avait osé boire sans permission. Filmée pour l’éternité, la scène a fait le tour des réseaux sociaux. Une broutille qui a pris des proportions ridicules, mais qui peut s’expliquer, ironise le journal : « en cette ère d’hyperhydratation, interdire de boire relève presque de l’atteinte aux droits humains. »

L’eau, élixir de notre temps

À l’heure du « self-care », du dépassement de soi et du bien-être à outrance, chaque goutte vaut de l’or. L’eau est devenue un élixir magique, boire un acte cérémonieux auquel on se soumet avec solennité. « Le lien entre hydratation, vitalité et hygiène de vie n’est pas nouveau, explique le professeur Marijn Speeckaert, néphrologue à l’UZ Gent. Mais ces dernières années, l’accent mis sur l’hydratation est devenu très marqué. On lui associe toute sorte de vertus, relayées par les diététiciens et les campagnes santé. Les arguments sont pour la plupart fondés, même s’il faut pouvoir relativiser. »

À l’heure du « self-care », du dépassement de soi et du bien-être à outrance, chaque goutte vaut de l’or. L’eau est devenue un élixir magique, boire un acte cérémonieux auquel on se soumet avec solennité.

Est-il par exemple vraiment conseillé d’ingurgiter des litres et des litres ? « La règle est simple, précise le professeur : 30 ml par kilo de poids corporel, par jour ». Pour une personne de 80 kg, cela fait donc environ 2,4 litres. « Et tout compte : soupe, tisanes, jus, boissons sucrées… Il faut juste éviter celles contenant de la caféine, qui sont diurétiques — et bien sûr, l’alcool. » Pour le reste, il n’y a pas de danger à trop boire, sauf cas extrême : « Chez une personne en bonne santé avec une alimentation normale, ce n’est qu’à partir de 15 litres que l’équilibre cellulaire risque de se dérégler. »

A relire

[1]Pink Lady, la pomme pourrie du libre-échange

Statut et tétine

Il fut un temps où l’on arborait fièrement sa petite bouteille de Vittel, de Spa ou de Contrex (mon contrat « Minceur »), mais avec les préoccupations climatiques, un autre acteur a fait son apparition : la bouteille réutilisable. Plus écologique, mais aussi un accessoire tendance, soumis aux modes et au statut social. Alors que jadis, l’Hydro Flask et la Dopper avaient la cote, tout le monde voulait une gourde Stanley XXL l’an dernier. Et cette année, c’est la Bink — une sorte de bidon-thermos — qui semble gagner du terrain. Les gourdes sont aujourd’hui comparables à des baskets ou des sacs à dos : elles disent quelque chose de vous. Elles marquent votre style, votre identité.

Le concept de « soutien émotionnel » n’est pas étranger à ce phénomène. Il se retrouve dans des milliers de vidéos où des gens vous expliquent pourquoi ils sont si attachés à leur bouteille réutilisable. Parfois des influenceurs – que voulez-vous, les marques de bouteilles ont aussi besoin de marketing, mais le plus souvent, des quidams sincères, qui trouvent dans leur gourde un véritable soutien émotionnel : des femmes confient qu’elle leur procure un sentiment de sécurité, un jeune homme explique que la présence de cet objet apaise les effets de son TDAH.

Les gourdes sont souvent grandes et douces au toucher — à en juger aux caresses presque érotiques dont les gratifie leur propriétaire — et sont munies d’un bec. Le lien avec la tétine est vite établi.

Dans un monde où de moins en moins de choses échappent à notre contrôle, avoir notre bouteille à portée de main nous rassure.

Aussi le besoin constant de boire semble-t-il avoir acquis, au-delà de toute nécessité physique, une dimension psychologique. Dans un monde où de moins en moins de choses échappent à notre contrôle, avoir notre bouteille à portée de main nous rassure.

La chercheuse Inez de Beaufort appelait cela, il y a déjà plusieurs années dans le Journal of Public Health , le syndrome du chameau : une forme de dépendance positive, donc pas fondamentalement problématique, mais qui peut aussi susciter des réactions de panique disproportionnées lorsque l’eau vient à manquer.

A relire

[2]Le canal Albert assouvit la soif de la Flandre



[1] https://daardaar.be/rubriques/pink-lady-pomme-pourrie-libre-echange/

[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/le-canal-albert-assouvit-la-soif-de-la-flandre/



DOS: n., A small annoying boot virus that causes random spontaneous system
crashes, usually just before saving a massive project. Easily cured by
UNIX. See also MS-DOS, IBM-DOS, DR-DOS.
-- David Vicker's .plan