Les scènes d’apocalypse observées en Espagne, à la suite d’inondations dantesques, laissent entrevoir une fois de plus l’avenir inquiétant que nous réservent les changements climatiques. La Flandre devra aussi s’adapter à cette nouvelle réalité, elle qui n’est pas préparée à des inondations comme celles qui ont frappé la Wallonie en juillet 2021, et encore moins à l’ampleur de la catastrophe espagnole. Dans la province de Valence, il est tombé par endroits plus de 440 litres d’eau par mètre carré en 24 heures. À titre de comparaison, 270 litres d’eau s’étaient abattus en 48 heures en Wallonie trois ans plus tôt.

Les scientifiques le concèdent : quand elles sont d’une telle intensité, les précipitations échappent à tout contrôle. L’enjeu est donc de limiter l’impact de ces phénomènes météorologiques. Et pour cela, des mesures drastiques s’imposent, combinées à une politique judicieuse en matière de gestion de l’eau et d’aménagement du territoire. C’est ce qui a conduit le précédent gouvernement flamand à initier [1]le « Blue Deal » à l’été 2020 . Doté d’un budget d’un demi-milliard d’euros, ce plan d’envergure financé pour moitié par le fonds de relance européen, s’oriente vers moins d’imperméabilisation, une réhumidification des sols et une circularité maximale de l’eau. Le gouvernement flamand investit, de surcroît, dans le plan Sigma pour mieux protéger la Flandre contre les inondations le long de l’Escaut et de ses affluents d’ici 2030.

« Gageons que le ministre Jo Brouns fera bien son travail. Sinon, lors des prochaines inondations, il pourrait subir le même sort que le couple royal espagnol ce dimanche. »

Ce week-end, les experts de l’eau ont regretté la décision du nouveau gouvernement flamand de réduire les budgets alloués au « Blue Deal ». Une économie qu’assume le ministre flamand de l’environnement, Jo Brouns (CD&V), tout en invoquant l’évaluation accompagnant le « Blue Deal ». « Nous tirons les leçons qui s’imposent et misons sur l’efficacité, pour investir là où nous faisons le plus la différence », a-t-il expliqué. C’est à l’aune de cette évaluation que le ministre mettra en place son nouveau programme d’investissement. À partir de 2027, le rythme des investissements devrait s’accélérer. La Flandre consacrerait ainsi le même budget à la gestion de l’eau au cours de l’actuelle législature (255 millions d’euros). Et si des fonds supplémentaires sont nécessaires, M. Brouns promet de les rechercher.

À une époque où la solution miracle semble toujours d’augmenter les budgets, Jo Brouns prône quant à lui le pragmatisme. Ça se défend. Car en matière de gestion de l’eau, comme d’enseignement et de soins de santé, les besoins dépassent de loin les moyens disponibles. Gageons que le Limbourgeois de Kinrooi, un homme sérieux, fera bien son travail. Sinon, lors des prochaines inondations, il pourrait subir le même sort que le couple royal espagnol ce dimanche. Alors qu’il visitait la ville de Paiporta, dévastée par les inondations, il a été accueilli avec de la boue et des projectiles, par une foule de sinistrés en colère.

[2]Le canal Albert assouvit la soif de la Flandre



[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/interdire-larrosage-permettrait-deconomiser-six-millions-de-litres-deau-chaque-jour/

[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/le-canal-albert-assouvit-la-soif-de-la-flandre/