«La Belgique a aussi besoin d’un ministère de la ‘Gouvernance efficace’»
([Opinions] 2024-11-01 (Het Laatste Nieuws))
- Reference: 2024-11_Musk-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/opinions/la-belgique-a-aussi-besoin-dun-ministere-de-la-gouvernance-efficace/
- Source link: https://www.hln.be/binnenland/waarom-belgie-ook-een-musk-kan-gebruiken-coucke-en-noels-over-de-noodzaak-van-een-efficiente-overheid~aca94da5/
Elon Musk – l’homme le plus riche du monde – va se voir confier par Donald Trump la clé d’un tout nouveau ministère dit de la « Gouvernance efficace* ». Une idée loin d’être saugrenue, estiment l’entrepreneur Marc Coucke et l’économiste Geert Noels. Pour eux, la Belgique doit s’y mettre sans tarder. Six gouvernements et six parlements pour soutenir l’appareil d’État ? C’est trop !
« Deux Américains hors du commun » – les entrepreneurs Elon Musk et Vivek Ramaswamy – prendront prochainement les rênes d’un tout nouveau « ministère de la Gouvernance efficace ». Ils aideront le futur président à « démanteler la bureaucratie, supprimer les réglementations redondantes, réduire les dépenses inutiles et restructurer les agences fédérales. » Musk peine à contenir son enthousiasme. Une menace pour la démocratie ? Non, une menace pour la BUREAUCRATIE !!! L’homme le plus riche du monde annonce une onde de choc pour le système. Et gare à ceux – ils sont nombreux – qui participent au gaspillage !
La mise en place d’un tel ministère aurait du sens en Belgique, a immédiatement tweeté Geert Noels (Econopolis). « Pour moi, l’idée est excellente, confirme l’économiste. J’ai tout de même ajouté un émoji clin d’œil, pour ne pas faire trop jaser ». Il poursuit : « même si le nouvel Elon Musk me déplait – je l’appréciais surtout comme entrepreneur – désigner une personnalité du monde des affaires pour répare l’appareil étatique me semble utile. Pour la bonne et simple raison que lorsqu’un chef d’entreprise est à court d’argent, il réduit les dépenses, car il n’a pas la solution de facilité de nos dirigeants politiques, qui se contentent d’augmenter les recettes en imposant de nouvelles taxes. Il n’a ainsi d’autre choix que de maîtriser ses coûts en repensant son business model ». Nos élus n’ont de cesse de remettre aux calendes grecques les interventions qui s’imposent ; alors qu’un entrepreneur avant-gardiste aura davantage tendance à appliquer une thérapie de choc et à poser des choix radicaux, aussi difficiles soient-ils. C’est parfois dur, mais au moins, les choses bougent. »
Le célèbre homme d’affaires Marc Coucke, l’« Elon Musk belge », partage cet avis. « C’est ce que je demande depuis dix ans ! lance-t-il. Hier soir, j’ai écouté en direct les propos d’Elon Musk. Il a clairement fait savoir qu’il comptait revoir les dépenses de l’État. Il envisage aussi de demander aux Américains de l’aider, par l’entremise d’une ligne téléphonique spéciale. Un message fort et sincère, non ? On entend bien réussir sa mission. »
Que ferait concrètement Marc Coucke s’il en avait la possibilité ? « Notre vivier de talents reste notre grand atout. Mais nous devons veiller à ce que ces talents puissent exceller dans leur domaine de compétence. Laissons les salles de classe aux enseignants, les malades aux médecins, la justice aux juges. Inutile de les assaillir de réglementations et de procédures. Les autorités ne laissent pas assez de liberté aux citoyens, et la bureaucratie s’installe ».
Noels abonde en ce sens. L’économiste n’irait toutefois pas jusqu’à passer à la moulinette les effectifs du fédéral, qui compte quelque 70 000 fonctionnaires, à l’instar de ce que Musk avait fait en rachetant Twitter. Il a cette fois encore promis d’effectuer des coupes sombres dans l’administration. « Musk déteste les humains et préfère travailler avec des robots. Il faut toutefois admettre que les services de l’État comptent trop de managers et pas assez d’exécutants. »
L’économiste se demande également si Musk, compte tenu de cette nomination, va prendre ses distances avec ses entreprises. « Cela me semble nécessaire pour éviter les conflits d’intérêts. » La Belgique peut donc oublier Marc Coucke, qui souhaite « continuer à inspirer ses 43 entreprises ».
Selon lui, la première mission d’un tel ministre serait de remettre de l’ordre dans le budget. « Il faut impérativement remettre les dépenses publiques sur les rails. L’État possède tant de bâtiments inoccupés. Certaines entités mènent des procès coûteux contre d’autres – les communes contre les provinces, les provinces contre les régions, et ainsi de suite – quelle perte de temps et d’argent ! Pendant ce temps, nous, les citoyens, payons ces dysfonctionnements au prix fort. Six gouvernements et six parlements pour soutenir l’appareil d’État ? C’est trop ! Il faut simplifier ! Aucune entreprise ne pourrait se permettre ce que notre État pense pouvoir se permettre. À mes yeux, notre pays a encore les ressources pour tenir deux, voire trois ans. Ensuite, ce sera fini. Soyons clairs : ce qui se prépare actuellement aux États-Unis – meilleure efficacité des rouages de l’État, réduction des coûts de main-d’œuvre, assouplissement des politiques d’octroi de permis, énergie moins chère et pouvoir d’achat accru – ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’Europe. Nos entreprises vont souffrir, la concurrence risque de devenir intenable. »
Selon Geert Noels, il nous manque la bonne philosophie. « Les dirigeants se plaignent de manquer de moyens. Ils se trompent. De petites mesures peuvent souvent produire de grands effets. Au lieu de consacrer plus de ressources à des transports publics hors de prix, qu’ils améliorent l’attractivité du vélo en œuvrant aux infrastructures et la sécurité, comme ils l’ont fait aux Pays-Bas. L’IA permet de simplifier de nombreuses tâches administratives, de calculer les pensions et les allocations, de numériser l’administratif, d’échanger des informations, de faire faire des traductions (sic). Or, rien ne bouge ! »
Autre point soulevé par Coucke : les subventions, trop généreuses à ses yeux. « Chaque dépense publique est de l’argent dont on prive les citoyens. Trop de coûts se sont institutionnalisés dans notre appareil d’État, il faut couper dans le vif ! À l’exception, bien entendu, de l’aide apportée à ceux qui en ont vraiment besoin : il faut résorber les listes d’attente dans la santé et les arriérés à la Justice. Dans un pays où l’esprit d’entreprise se développe et où les entreprises créent des emplois, il est essentiel que les travailleurs disposent d’un revenu net plus élevé. La main-d’œuvre gagne trop peu, car elle coûte trop cher aux employeurs. S’ils venaient ici, Musk et consorts ne tarderaient pas à en faire eux aussi le constat. »
Au début, sa méthode risque de faire mal, reconnaît Marc Coucke, mais avec le temps, elle portera ses fruits. « Nous pourrons enfin ambitionner de devenir un pays où il fait bon vivre, aux citoyens plus épanouis. Au cours des premières années, mille et une décisions difficiles seront à prendre. La plupart seront mal accueillies. Certes, mais au bout de cinq ans, lorsque le nouveau système sera en place et qu’il générera davantage de prospérité, l’enthousiasme reviendra et sera unanime. Et ceux qui seront à l’origine de cette révolution, après avoir dû essuyer une opposition farouche, en seront remerciés. »
*NB : À noter que dans la presse francophone mondiale, la traduction littérale « ministère de l’Efficacité gouvernementale » a été reprise unanimement pour traduire le « department of Government Efficiency » américain. Nous doutons toutefois de la pertinence de ce choix terminologique, comme l’explique [1]ici Guillaume Deneufbourg, notre responsable des traductions, qui a aussi traduit cet article.
[1] https://translatologic.com/article/efficacite-gouvernementale
« Deux Américains hors du commun » – les entrepreneurs Elon Musk et Vivek Ramaswamy – prendront prochainement les rênes d’un tout nouveau « ministère de la Gouvernance efficace ». Ils aideront le futur président à « démanteler la bureaucratie, supprimer les réglementations redondantes, réduire les dépenses inutiles et restructurer les agences fédérales. » Musk peine à contenir son enthousiasme. Une menace pour la démocratie ? Non, une menace pour la BUREAUCRATIE !!! L’homme le plus riche du monde annonce une onde de choc pour le système. Et gare à ceux – ils sont nombreux – qui participent au gaspillage !
La mise en place d’un tel ministère aurait du sens en Belgique, a immédiatement tweeté Geert Noels (Econopolis). « Pour moi, l’idée est excellente, confirme l’économiste. J’ai tout de même ajouté un émoji clin d’œil, pour ne pas faire trop jaser ». Il poursuit : « même si le nouvel Elon Musk me déplait – je l’appréciais surtout comme entrepreneur – désigner une personnalité du monde des affaires pour répare l’appareil étatique me semble utile. Pour la bonne et simple raison que lorsqu’un chef d’entreprise est à court d’argent, il réduit les dépenses, car il n’a pas la solution de facilité de nos dirigeants politiques, qui se contentent d’augmenter les recettes en imposant de nouvelles taxes. Il n’a ainsi d’autre choix que de maîtriser ses coûts en repensant son business model ». Nos élus n’ont de cesse de remettre aux calendes grecques les interventions qui s’imposent ; alors qu’un entrepreneur avant-gardiste aura davantage tendance à appliquer une thérapie de choc et à poser des choix radicaux, aussi difficiles soient-ils. C’est parfois dur, mais au moins, les choses bougent. »
Le célèbre homme d’affaires Marc Coucke, l’« Elon Musk belge », partage cet avis. « C’est ce que je demande depuis dix ans ! lance-t-il. Hier soir, j’ai écouté en direct les propos d’Elon Musk. Il a clairement fait savoir qu’il comptait revoir les dépenses de l’État. Il envisage aussi de demander aux Américains de l’aider, par l’entremise d’une ligne téléphonique spéciale. Un message fort et sincère, non ? On entend bien réussir sa mission. »
État trop interventionniste
Que ferait concrètement Marc Coucke s’il en avait la possibilité ? « Notre vivier de talents reste notre grand atout. Mais nous devons veiller à ce que ces talents puissent exceller dans leur domaine de compétence. Laissons les salles de classe aux enseignants, les malades aux médecins, la justice aux juges. Inutile de les assaillir de réglementations et de procédures. Les autorités ne laissent pas assez de liberté aux citoyens, et la bureaucratie s’installe ».
Noels abonde en ce sens. L’économiste n’irait toutefois pas jusqu’à passer à la moulinette les effectifs du fédéral, qui compte quelque 70 000 fonctionnaires, à l’instar de ce que Musk avait fait en rachetant Twitter. Il a cette fois encore promis d’effectuer des coupes sombres dans l’administration. « Musk déteste les humains et préfère travailler avec des robots. Il faut toutefois admettre que les services de l’État comptent trop de managers et pas assez d’exécutants. »
L’économiste se demande également si Musk, compte tenu de cette nomination, va prendre ses distances avec ses entreprises. « Cela me semble nécessaire pour éviter les conflits d’intérêts. » La Belgique peut donc oublier Marc Coucke, qui souhaite « continuer à inspirer ses 43 entreprises ».
Selon lui, la première mission d’un tel ministre serait de remettre de l’ordre dans le budget. « Il faut impérativement remettre les dépenses publiques sur les rails. L’État possède tant de bâtiments inoccupés. Certaines entités mènent des procès coûteux contre d’autres – les communes contre les provinces, les provinces contre les régions, et ainsi de suite – quelle perte de temps et d’argent ! Pendant ce temps, nous, les citoyens, payons ces dysfonctionnements au prix fort. Six gouvernements et six parlements pour soutenir l’appareil d’État ? C’est trop ! Il faut simplifier ! Aucune entreprise ne pourrait se permettre ce que notre État pense pouvoir se permettre. À mes yeux, notre pays a encore les ressources pour tenir deux, voire trois ans. Ensuite, ce sera fini. Soyons clairs : ce qui se prépare actuellement aux États-Unis – meilleure efficacité des rouages de l’État, réduction des coûts de main-d’œuvre, assouplissement des politiques d’octroi de permis, énergie moins chère et pouvoir d’achat accru – ce n’est pas une bonne nouvelle pour l’Europe. Nos entreprises vont souffrir, la concurrence risque de devenir intenable. »
Augmenter le revenu net
Selon Geert Noels, il nous manque la bonne philosophie. « Les dirigeants se plaignent de manquer de moyens. Ils se trompent. De petites mesures peuvent souvent produire de grands effets. Au lieu de consacrer plus de ressources à des transports publics hors de prix, qu’ils améliorent l’attractivité du vélo en œuvrant aux infrastructures et la sécurité, comme ils l’ont fait aux Pays-Bas. L’IA permet de simplifier de nombreuses tâches administratives, de calculer les pensions et les allocations, de numériser l’administratif, d’échanger des informations, de faire faire des traductions (sic). Or, rien ne bouge ! »
Autre point soulevé par Coucke : les subventions, trop généreuses à ses yeux. « Chaque dépense publique est de l’argent dont on prive les citoyens. Trop de coûts se sont institutionnalisés dans notre appareil d’État, il faut couper dans le vif ! À l’exception, bien entendu, de l’aide apportée à ceux qui en ont vraiment besoin : il faut résorber les listes d’attente dans la santé et les arriérés à la Justice. Dans un pays où l’esprit d’entreprise se développe et où les entreprises créent des emplois, il est essentiel que les travailleurs disposent d’un revenu net plus élevé. La main-d’œuvre gagne trop peu, car elle coûte trop cher aux employeurs. S’ils venaient ici, Musk et consorts ne tarderaient pas à en faire eux aussi le constat. »
Faire mal pour aller mieux
Au début, sa méthode risque de faire mal, reconnaît Marc Coucke, mais avec le temps, elle portera ses fruits. « Nous pourrons enfin ambitionner de devenir un pays où il fait bon vivre, aux citoyens plus épanouis. Au cours des premières années, mille et une décisions difficiles seront à prendre. La plupart seront mal accueillies. Certes, mais au bout de cinq ans, lorsque le nouveau système sera en place et qu’il générera davantage de prospérité, l’enthousiasme reviendra et sera unanime. Et ceux qui seront à l’origine de cette révolution, après avoir dû essuyer une opposition farouche, en seront remerciés. »
*NB : À noter que dans la presse francophone mondiale, la traduction littérale « ministère de l’Efficacité gouvernementale » a été reprise unanimement pour traduire le « department of Government Efficiency » américain. Nous doutons toutefois de la pertinence de ce choix terminologique, comme l’explique [1]ici Guillaume Deneufbourg, notre responsable des traductions, qui a aussi traduit cet article.
[1] https://translatologic.com/article/efficacite-gouvernementale