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5 questions pour comprendre l’affaire Sven Pichal, animateur télé accusé de pédopornographie

([Société] 2024-11-01 (De Morgen))


L’ancien animateur de radio et de télévision Sven Pichal, 45 ans, accusé de détention et de diffusion d’images de violences sexuelles sur des enfants, a comparu ce lundi devant le tribunal pénal, où il devait prendre la parole. Il encourt, en théorie, jusqu’à dix ans de prison.

Quels sont les faits reprochés à Sven Pichal ?



L’ancien animateur de radio et de télévision comparaît devant le tribunal correctionnel d’Anvers pour détention et diffusion d’images de violences sexuelles sur mineurs. Les enquêteurs ont trouvé, sur son téléphone et son ordinateur, 131 photos et vidéos, au total, mettant en scène des abus commis sur de jeunes enfants et des bébés. Si la plupart des images datent de l’année précédant son arrestation, les plus anciennes remontent à 2014.

Le tribunal suppose que les images sont, en réalité, bien plus nombreuses, le prévenu en ayant supprimé un « nombre indéterminé ».

Rien n’indique que l’ancien animateur se soit physiquement livré à des abus sexuels, mais il ressort de conversations obscènes tenues sur Bullchat qu’il fantasmait sur des personnes de son entourage immédiat. Child Focus avait d’ailleurs demandé qu’il soit également poursuivi pour ces dernières, mais le parquet n’a pas accédé à cette demande.

Par ailleurs, lors d’une perquisition menée à la VRT, qui l’employait à l’époque, la police a découvert, dans le casier de Sven Pichal, de la cocaïne en quantité destinée à un usage personnel. Le présentateur s’était également fait livrer de la 3-MMC, une drogue de synthèse, sur son lieu de travail. Le parquet entendait poursuivre Sven Pichal pour consommation de stupéfiants dans le cadre d’une procédure distincte, mais il a obtenu un sursis de la chambre du conseil — c’est-à-dire qu’il est reconnu coupable, mais n’est pas sanctionné moyennant le respect de certaines conditions.

[1]La Flandre sous le choc : Sven Pichal, star de la radio, accusé de pédopornographie

Qui sont les victimes ?



Les images retrouvées sur l’ordinateur de Sven Pichal sont atroces, mais aucun des enfants qui y apparaissent n’a pu être identifié.

Les images qu’elle a recueillies ont permis à la cellule de la police fédérale chargée des abus d’enfants de reconnaître 30 victimes en 2023, contre 44 en 2024 au dernier décompte. Mais ce n’est là que la partie émergée de l’iceberg, puisque l’on estime à 19 millions le nombre d’images partagées chaque jour.

Pour donner une voix aux enfants concernés, Child Focus s’est portée partie civile dans l’affaire Pichal. « Nous intervenons pour toutes les victimes non identifiées qui ne peuvent pas se faire entendre », explique Stephan Smets, directeur de la communication de la fondation. « Ces enfants sont victimes à double titre : en raison des abus qu’ils ont subis, mais aussi des images, qui continuent de les hanter. Le fait de savoir que des images de l’abus circulent donne aux victimes le sentiment d’un éternel recommencement. »

Que risque Sven Pichal ?



Le prévenu a reconnu les faits. Ses déclarations indiquent que lors de ses recherches d’images à caractère pédopornographique, sur internet pendant la nuit, il était presque toujours sous l’influence de stupéfiants.

S’il est reconnu coupable, il risque de cinq à dix ans de prison. Mais il est peu probable qu’il soit condamné à une telle peine : ce type d’affaires se soldent souvent par un sursis probatoire, une mesure qui permet de ne pas exécuter la peine moyennant le respect de certaines conditions.

Sven Pichal suit un traitement depuis sa libération et ses avocats plaideront sans doute pour la poursuite de celui-ci.

Comment l’affaire a-t-elle été déclenchée ?



L’enquête débute à l’été 2023. Début août, Benoît D., producteur de comédies musicales, se rend à la police, contraint par son colocataire, qui a découvert d’effroyables images d’abus d’enfants sur son téléphone portable.

Les enquêteurs se rendent alors compte que Benoît D. a fait bien pire. Dans le cadre de la production d’une comédie musicale, il approche deux mineurs et convainc leurs parents de les laisser passer des soirées chez lui. S’ensuivent alors des abus sexuels étalés sur plusieurs années. Benoît D. a été condamné à huit ans de prison au mois de mai dernier.

L’analyse de son téléphone et de son ordinateur révèle ensuite que Benoît D. a également échangé des images avec Sven Pichal et deux autres hommes via Bullchat. Ainsi, au mois de juin, l’acteur de comédie musicale Reuben D.B. est condamné à 30 mois de prison avec sursis et à une amende. Il ressort de l’enquête qu’il a lui-même été victime d’abus sexuels dans son enfance. Un autre homme de 43 ans, originaire de Saint-Trond, est condamné à 18 mois de prison et à une amende de 4 000 euros, également avec sursis.

Sven Pichal sera-t-il présent au tribunal ?



C’est ce qui est attendu. Il devrait également y prendre la parole. De nombreux détails ont filtré sur l’enquête judiciaire ces derniers mois, mais l’ancien animateur se tient à l’écart de la scène publique. Il aurait également déménagé.

Sven Pichal se présentera au tribunal en homme libre. Il a passé trois mois en détention provisoire après son arrestation, puis s’est vu poser un bracelet électronique pendant un certain temps, mais a été libéré sous conditions il y a un an.

Lors de l’audience d’introduction, ses avocats avaient cherché à obtenir que le procès se tienne à huis clos, mais le tribunal a refusé leur demande.

Il est notoire que Sven Pichal est très mal à l’aise face à l’importante couverture médiatique de son procès. Heidi De Pauw, l’ancienne directrice de Child Focus, a confié à Het Nieuwsblad que Pichal lui avait écrit une lettre, principalement pour se « plaindre des fuites dans la presse ».

Aujourd’hui, trois parties prononcent leur plaidoirie : l’avocat Kris Lucykx qui représente Child Focus, le ministère public, qui représente la société, et les avocats Walter Damen et Davina Simons, qui défendent Pichal. L’affaire sera ensuite mise en délibéré par le tribunal, qui devrait rendre son jugement dans quelques semaines.



[1] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/la-flandre-sous-le-choc-sven-pichal-star-de-la-radio-accuse-de-pedopornographie-et-ecroue/



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-- Epigrams in Programming, ACM SIGPLAN Sept. 1982