Pourquoi un film sur Bart De Wever? On vous explique le phénomène des politiques-vedettes flamands
([Culture et Médias, Politique] 2024-11-01 (DaarDaar))
- Reference: 2024-11_Belgaimage-105264154-255x170
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Le fait : À partir de ce mercredi, vous pouvez aller voir au cinéma le film « BDW politiek beest » (bête politique) consacré à Bart De Wever. Pendant 10 ans, le réalisateur Paul Jambers (79 ans) a suivi le président de la N-VA durant ses campagnes électorales pour concocter un documentaire qui dévoile les coulisses des campagnes électorales du bourgmestre d’Anvers.
Un film consacré à une personnalité politique ? On assiste ici à l’apogée d’un phénomène typiquement flamand : les politiques-vedettes. Vous connaissez sans doute le concept des « Bekende Vlamingen » : il s’agit de personnalités flamandes célèbres. Chanteurs, acteurs, présentateurs, sportifs… et politiques ! Toute personne apparaissant à la télévision et ayant un peu de notoriété se voit décerner le titre de « BV ».
Depuis les années 1990, les téléspectateurs flamands voient régulièrement des politiques dans des émissions de divertissement. Bert Anciaux, à l’époque président de la Volksunie, était l’un des précurseurs. Il n’hésitait pas à raconter sa vie privée dans les magazines people comme Dag Allemaal.
[1]Qui est (vraiment) Bart De Wever? Découvrez l’humain derrière l’élu politique
Inviter des politiques au même titre que d’autres personnalités médiatiques dans des émissions de divertissement est un phénomène typiquement flamand. Quiz, jeux, talkshows… les formats ne manquent pas. Le quiz ultrapopulaire « De Slimste Mens » accueille par exemple chaque saison des représentants politiques. Pour la saison en cours, Mélissa Depraetere, ministre flamande Vooruit et Eva De Bleeker, présidente de l’Open VLD, sont candidates. Arriveront-elles à se hisser jusqu’en finale comme l’avait fait Bart De Wever en 2009 ? Il ne vous reste plus qu’à regarder…
Le jour de l’avant-première du film « BDW, politiek beest », le formateur Bart De Wever était convié chez le Roi pour faire un compte-rendu au souverain sur l’avancement des négociations en vue de former un gouvernement fédéral. Une semaine plus tôt, il avait présenté sa démission. Le quotidien De Tijd en avait profité pour publier une illustration des deux hommes se serrant la main :
– « Le dragqueen voulait bien, mais le lapin faisait le difficile »
– « N’abandonne pas, panda »
Voir cette publication sur Instagram
[2]Une publication partagée par Bart De Wever (@bartdewever1)
Sans suivre les médias flamands, impossible de comprendre les références de ce cartoon… On vous explique :
Le dragqueen fait référence à Sammy Mahdi, le président du CD&V, qui a remporté l’émission « Make up your mind » sur VTM. Il s’agit d’un concours de drag-queen auquel participaient 5 BV. Ces célébrités s’étaient donc prêtées au jeu en subissant une véritable métamorphose. Parmi elles, on retrouvait notamment un acteur, un chanteur et un présentateur de JT… et le président des démocrates chrétiens flamands.
Un an auparavant, les téléspectateurs flamands ont pu voir le président de Vooruit, Conner Rousseau, dévoiler ses talents de chanteur, caché sous un costume de lapin dans le cadre de l’émission « The Masked Singer » (VTM).
[3]Conner Rousseau : « Je ne pense pas que ma participation à The Masked Singer ait nui à qui que ce soit. »
Finalement, le panda, c’est Bart De Wever : en 2014, il est apparu déguisé en ursidé noir et blanc lors de la « Nacht van de Vlaamse Televisiesterren », « la nuit des stars télévisées flamandes » sur la chaîne privée Vier. « Je n’étais ni à l’hôpital, ni en Suisse. Non, j’étais à Mons où mon bon ami Elio m’avait offert un emploi » , a-t-il déclaré devant une salle hilare. « 700.000 euros par an et la même somme pour mon ami. De quoi faire rêver chez BPost. »
Le bourgmestre d’Anvers souhaitait alors critiquer le fait que deux pandas chinois ont été envoyé dans le parc wallon de Pairi Daiza et non au zoo d’Anvers. [4]Le parc animalier avait alors répondu à Bart De Wever sur Facebook: il rappelait que les euros dépensés pour les pandas n’étaient pas de l’argent public. Et que le leader de la N-VA est le bienvenu au parc quand il le souhaite pour prendre quelques leçons d’agilité auprès des deux ursidés.
La N-VA a été fondée en 2001 sous le gouvernement arc-en-ciel de Guy Verhofstadt. À cette époque, le socialiste Steve Stevaert était l’une des personnes du gouvernement les plus médiatisées, il écrivait même des livres de cuisine.
Au départ, le parti nationaliste s’est opposé à la culture des politiques qui deviennent des célébrités, des « BV ». Geert Bourgeois, fondateur de la N-VA et alors ministre flamand des Médias, a appelé les députés à ne pas participer à des émissions de divertissement.
Plus de 20 ans après, force est de constater que Bart De Wever a bien compris que le phénomène des politiques-vedettes pouvait être bénéfique pour sa carrière politique et il en profite.
[5]Pourquoi le fils de Bart De Wever portait un sceptre orné d’un aigle ? On vous explique !
En Flandre, les politiques flamands sont donc devenus des vedettes au même titre que des chanteurs ou acteurs. En Belgique francophone, il est très difficile d’imaginer le même concept.
Quelques initiatives éphémères de ce genre ont néanmoins traversé la frontière linguistique, non sans controverses. Elio Di Rupo a par exemple participé à l’émission de la RTBF « 69 minutes Sans Chichis » en janvier 2014. La RTBF s’est aussi directement inspirée d’une émission populaire de la VRT : « Les douze travaux de Rob Vanoudenhoven » pour réaliser en 1998 « Les XII travaux » avec Michel Daerden, alors ministre fédéral des Pensions.
L’année passée, le président du MR, Georges-Louis Bouchez, s’est quant à lui prêté au jeu en participant (en français) à l’émission flamande Special Forces, mais a dû abandonner après deux épisodes. À quand un Paul Magnette en dragqueen ? Ou un Maxime Prévot déguisé en lapin ? En attendant, vous pouvez toujours aller au cinéma voir BDW, Politiek Beest.
[6]Qui est Bart De Wever, le président de la N-VA qui boycotte la plupart des médias francophones?
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/qui-est-vraiment-bart-de-wever-decouvrez-lhumain-derriere-lelu-politique/
[2] https://www.instagram.com/p/DB_QrhUs4RI/?utm_source=ig_embed&utm_campaign=loading
[3] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/conner-rousseau-je-ne-pense-pas-que-ma-participation-a-the-masked-singer-ait-nui-a-qui-que-ce-soit/
[4] https://www.facebook.com/photo.php?fbid=641634875902762&set=a.189666927766228.46429.181634965236091&type=1&stream_ref=10
[5] https://daardaar.be/rubriques/politique/pourquoi-le-fils-de-bart-de-wever-portait-un-sceptre-orne-dun-aigle-on-vous-explique/
[6] https://daardaar.be/rubriques/politique/qui-est-bart-de-wever-le-president-de-la-n-va-qui-boycotte-la-plupart-des-medias-francophones/
Le contexte : un phénomène qui existe depuis les années 90
Un film consacré à une personnalité politique ? On assiste ici à l’apogée d’un phénomène typiquement flamand : les politiques-vedettes. Vous connaissez sans doute le concept des « Bekende Vlamingen » : il s’agit de personnalités flamandes célèbres. Chanteurs, acteurs, présentateurs, sportifs… et politiques ! Toute personne apparaissant à la télévision et ayant un peu de notoriété se voit décerner le titre de « BV ».
Depuis les années 1990, les téléspectateurs flamands voient régulièrement des politiques dans des émissions de divertissement. Bert Anciaux, à l’époque président de la Volksunie, était l’un des précurseurs. Il n’hésitait pas à raconter sa vie privée dans les magazines people comme Dag Allemaal.
[1]Qui est (vraiment) Bart De Wever? Découvrez l’humain derrière l’élu politique
Inviter des politiques au même titre que d’autres personnalités médiatiques dans des émissions de divertissement est un phénomène typiquement flamand. Quiz, jeux, talkshows… les formats ne manquent pas. Le quiz ultrapopulaire « De Slimste Mens » accueille par exemple chaque saison des représentants politiques. Pour la saison en cours, Mélissa Depraetere, ministre flamande Vooruit et Eva De Bleeker, présidente de l’Open VLD, sont candidates. Arriveront-elles à se hisser jusqu’en finale comme l’avait fait Bart De Wever en 2009 ? Il ne vous reste plus qu’à regarder…
Le cartoon : le dragqueen, le lapin et le panda
Le jour de l’avant-première du film « BDW, politiek beest », le formateur Bart De Wever était convié chez le Roi pour faire un compte-rendu au souverain sur l’avancement des négociations en vue de former un gouvernement fédéral. Une semaine plus tôt, il avait présenté sa démission. Le quotidien De Tijd en avait profité pour publier une illustration des deux hommes se serrant la main :
– « Le dragqueen voulait bien, mais le lapin faisait le difficile »
– « N’abandonne pas, panda »
Voir cette publication sur Instagram
[2]Une publication partagée par Bart De Wever (@bartdewever1)
Sans suivre les médias flamands, impossible de comprendre les références de ce cartoon… On vous explique :
Le dragqueen fait référence à Sammy Mahdi, le président du CD&V, qui a remporté l’émission « Make up your mind » sur VTM. Il s’agit d’un concours de drag-queen auquel participaient 5 BV. Ces célébrités s’étaient donc prêtées au jeu en subissant une véritable métamorphose. Parmi elles, on retrouvait notamment un acteur, un chanteur et un présentateur de JT… et le président des démocrates chrétiens flamands.
Un an auparavant, les téléspectateurs flamands ont pu voir le président de Vooruit, Conner Rousseau, dévoiler ses talents de chanteur, caché sous un costume de lapin dans le cadre de l’émission « The Masked Singer » (VTM).
[3]Conner Rousseau : « Je ne pense pas que ma participation à The Masked Singer ait nui à qui que ce soit. »
Finalement, le panda, c’est Bart De Wever : en 2014, il est apparu déguisé en ursidé noir et blanc lors de la « Nacht van de Vlaamse Televisiesterren », « la nuit des stars télévisées flamandes » sur la chaîne privée Vier. « Je n’étais ni à l’hôpital, ni en Suisse. Non, j’étais à Mons où mon bon ami Elio m’avait offert un emploi » , a-t-il déclaré devant une salle hilare. « 700.000 euros par an et la même somme pour mon ami. De quoi faire rêver chez BPost. »
Le bourgmestre d’Anvers souhaitait alors critiquer le fait que deux pandas chinois ont été envoyé dans le parc wallon de Pairi Daiza et non au zoo d’Anvers. [4]Le parc animalier avait alors répondu à Bart De Wever sur Facebook: il rappelait que les euros dépensés pour les pandas n’étaient pas de l’argent public. Et que le leader de la N-VA est le bienvenu au parc quand il le souhaite pour prendre quelques leçons d’agilité auprès des deux ursidés.
« Le leuk weetje » : au départ, la N-VA était opposée aux politiques-vedettes
La N-VA a été fondée en 2001 sous le gouvernement arc-en-ciel de Guy Verhofstadt. À cette époque, le socialiste Steve Stevaert était l’une des personnes du gouvernement les plus médiatisées, il écrivait même des livres de cuisine.
Au départ, le parti nationaliste s’est opposé à la culture des politiques qui deviennent des célébrités, des « BV ». Geert Bourgeois, fondateur de la N-VA et alors ministre flamand des Médias, a appelé les députés à ne pas participer à des émissions de divertissement.
Plus de 20 ans après, force est de constater que Bart De Wever a bien compris que le phénomène des politiques-vedettes pouvait être bénéfique pour sa carrière politique et il en profite.
[5]Pourquoi le fils de Bart De Wever portait un sceptre orné d’un aigle ? On vous explique !
La conclusion : un phénomène absent en Belgique francophone
En Flandre, les politiques flamands sont donc devenus des vedettes au même titre que des chanteurs ou acteurs. En Belgique francophone, il est très difficile d’imaginer le même concept.
Quelques initiatives éphémères de ce genre ont néanmoins traversé la frontière linguistique, non sans controverses. Elio Di Rupo a par exemple participé à l’émission de la RTBF « 69 minutes Sans Chichis » en janvier 2014. La RTBF s’est aussi directement inspirée d’une émission populaire de la VRT : « Les douze travaux de Rob Vanoudenhoven » pour réaliser en 1998 « Les XII travaux » avec Michel Daerden, alors ministre fédéral des Pensions.
L’année passée, le président du MR, Georges-Louis Bouchez, s’est quant à lui prêté au jeu en participant (en français) à l’émission flamande Special Forces, mais a dû abandonner après deux épisodes. À quand un Paul Magnette en dragqueen ? Ou un Maxime Prévot déguisé en lapin ? En attendant, vous pouvez toujours aller au cinéma voir BDW, Politiek Beest.
[6]Qui est Bart De Wever, le président de la N-VA qui boycotte la plupart des médias francophones?
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/qui-est-vraiment-bart-de-wever-decouvrez-lhumain-derriere-lelu-politique/
[2] https://www.instagram.com/p/DB_QrhUs4RI/?utm_source=ig_embed&utm_campaign=loading
[3] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/conner-rousseau-je-ne-pense-pas-que-ma-participation-a-the-masked-singer-ait-nui-a-qui-que-ce-soit/
[4] https://www.facebook.com/photo.php?fbid=641634875902762&set=a.189666927766228.46429.181634965236091&type=1&stream_ref=10
[5] https://daardaar.be/rubriques/politique/pourquoi-le-fils-de-bart-de-wever-portait-un-sceptre-orne-dun-aigle-on-vous-explique/
[6] https://daardaar.be/rubriques/politique/qui-est-bart-de-wever-le-president-de-la-n-va-qui-boycotte-la-plupart-des-medias-francophones/