Une coalition anversoise avec le PTB : le dilemme de Vooruit et Groen
([Opinions, Politique] 2024-10-01 (De Morgen))
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On peut, comme le font certaines personnes, railler l’appel d’une soixantaine d’Anversois progressifs à former dans la ville une coalition de gauche – qui engloberait donc le PTB. On peut se dire qu’ils ne sont, au fond, pas représentatifs de la population d’Anvers, qui compte un demi-million d’habitants au total. Et pourtant. Par leur profil spécifique – ils sont cosmopolites, très instruits, engagés dans la vie culturelle –, ces faiseurs d’opinion représentent une catégorie d’électeurs situés à l’intersection des trois partis de gauche qui se présentent au scrutin ce dimanche dans la cité portuaire.
Ces électeurs préféreraient, le cas échéant, une coalition avec l’extrême gauche plutôt qu’une alliance avec la N-VA du bourgmestre en place, Bart De Wever. Ils laissent donc la porte ouverte au PTB et leur choix sera déterminé par la probabilité de voir cette coalition de gauche se concrétiser. Gardons-nous de surestimer la force de frappe de ces stratèges indécis, mais aussi d’en sous-estimer l’importance.
[1]Anvers: la gauche au pouvoir avec un bourgmestre PTB? Un scénario qui n’est pas inconcevable…
Les autres partis progressistes, Vooruit et Groen, anticipent le scrutin avec fébrilité. Après le siphonnage de leurs voix par leurs adversaires radicaux du PTB lors des récentes élections nationales, ils ont raison de s’inquiéter. Ce résultat tient sans doute au recrutement spécifique de groupes de migrants par l’extrême gauche, mais au-delà, bon nombre d’autres électeurs ont également franchi le pas. D’un point de vue arithmétique, l’hypothèse d’un pouvoir à gauche toute se fait donc de plus en plus plausible.
Vooruit et Groen se montrent plutôt timides à l’idée de constituer une majorité avec le PTB. Le dilemme auquel ils sont confrontés est le suivant : les socialistes et les écologistes manifestent peu d’enthousiasme – surtout Vooruit – pour une coalition avec les radicaux, mais ne souhaitent pas non plus l’exclure a priori. Ils cherchent ainsi à éviter de contrarier encore plus d’électeurs de gauche indécis. On ne sera pas fixé avant dimanche, mais il se pourrait bien que cette valse-hésitation finisse par s’avérer la pire de toutes les stratégies.
Ce phénomène est déjà bien connu, mais à l’autre extrémité du spectre politique. À l’époque où le Vlaams Belang remontait dans les sondages, nombre de dirigeants de la N-VA avaient ainsi laissé entendre, pendant longtemps, qu’il était réellement envisageable de former une majorité avec ce parti. Une situation qui a suscité d’innombrables querelles et remises en cause dont le Vlaams Belang a récolté tous les fruits : tout à coup, donner sa voix à l’extrême droite revenait à voter utile. De même, aux Pays-Bas, la dirigeante des libéraux du VVD a creusé son propre tombeau en ouvrant la porte à une coopération avec Geert Wilders au cours de la campagne. Chez nous, le soufflé n’est retombé que lorsque Bart De Wever a renoncé à collaborer avec le Vlaams Belang.
[2]À Anvers, la culture subit la rigueur budgétaire, n’y a-t-il pas d’alternatives ?
L’histoire se répète désormais à gauche. En laissant planer le doute sur la possibilité d’une réelle alliance avec l’extrême gauche, Vooruit et Groen ne font que pousser les électeurs dans les bras du PTB. Car ce vote peut alors, soudainement, lui aussi devenir « utile ». Les écologistes, plus particulièrement, jouent avec le feu : en proclamant dès à présent que Groen sera indispensable quelle que soit la coalition, de gauche ou de droite, le parti démotive ses propres électeurs.
« Il s’agit peut-être de la pire erreur stratégique qu’ils aient jamais commise », avais-je écrit au sujet de la N-VA lorsque le parti hésitait longuement et ostensiblement à prendre position vis-à-vis de l’extrême droite. Le Vlaams Belang et le PTB ne sont certes pas interchangeables, mais je ne vois néanmoins aucune raison d’affirmer autre chose à propos de l’attitude actuelle de Vooruit et de Groen.
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/anvers-la-gauche-au-pouvoir-avec-un-bourgmestre-ptb-un-scenario-qui-nest-pas-inconcevable/
[2] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/a-anvers-la-culture-subit-la-rigueur-budgetaire-ny-a-t-il-pas-dalternatives/
Ces électeurs préféreraient, le cas échéant, une coalition avec l’extrême gauche plutôt qu’une alliance avec la N-VA du bourgmestre en place, Bart De Wever. Ils laissent donc la porte ouverte au PTB et leur choix sera déterminé par la probabilité de voir cette coalition de gauche se concrétiser. Gardons-nous de surestimer la force de frappe de ces stratèges indécis, mais aussi d’en sous-estimer l’importance.
[1]Anvers: la gauche au pouvoir avec un bourgmestre PTB? Un scénario qui n’est pas inconcevable…
Les autres partis progressistes, Vooruit et Groen, anticipent le scrutin avec fébrilité. Après le siphonnage de leurs voix par leurs adversaires radicaux du PTB lors des récentes élections nationales, ils ont raison de s’inquiéter. Ce résultat tient sans doute au recrutement spécifique de groupes de migrants par l’extrême gauche, mais au-delà, bon nombre d’autres électeurs ont également franchi le pas. D’un point de vue arithmétique, l’hypothèse d’un pouvoir à gauche toute se fait donc de plus en plus plausible.
Vooruit et Groen se montrent plutôt timides à l’idée de constituer une majorité avec le PTB. Le dilemme auquel ils sont confrontés est le suivant : les socialistes et les écologistes manifestent peu d’enthousiasme – surtout Vooruit – pour une coalition avec les radicaux, mais ne souhaitent pas non plus l’exclure a priori. Ils cherchent ainsi à éviter de contrarier encore plus d’électeurs de gauche indécis. On ne sera pas fixé avant dimanche, mais il se pourrait bien que cette valse-hésitation finisse par s’avérer la pire de toutes les stratégies.
Ce phénomène est déjà bien connu, mais à l’autre extrémité du spectre politique. À l’époque où le Vlaams Belang remontait dans les sondages, nombre de dirigeants de la N-VA avaient ainsi laissé entendre, pendant longtemps, qu’il était réellement envisageable de former une majorité avec ce parti. Une situation qui a suscité d’innombrables querelles et remises en cause dont le Vlaams Belang a récolté tous les fruits : tout à coup, donner sa voix à l’extrême droite revenait à voter utile. De même, aux Pays-Bas, la dirigeante des libéraux du VVD a creusé son propre tombeau en ouvrant la porte à une coopération avec Geert Wilders au cours de la campagne. Chez nous, le soufflé n’est retombé que lorsque Bart De Wever a renoncé à collaborer avec le Vlaams Belang.
[2]À Anvers, la culture subit la rigueur budgétaire, n’y a-t-il pas d’alternatives ?
L’histoire se répète désormais à gauche. En laissant planer le doute sur la possibilité d’une réelle alliance avec l’extrême gauche, Vooruit et Groen ne font que pousser les électeurs dans les bras du PTB. Car ce vote peut alors, soudainement, lui aussi devenir « utile ». Les écologistes, plus particulièrement, jouent avec le feu : en proclamant dès à présent que Groen sera indispensable quelle que soit la coalition, de gauche ou de droite, le parti démotive ses propres électeurs.
« Il s’agit peut-être de la pire erreur stratégique qu’ils aient jamais commise », avais-je écrit au sujet de la N-VA lorsque le parti hésitait longuement et ostensiblement à prendre position vis-à-vis de l’extrême droite. Le Vlaams Belang et le PTB ne sont certes pas interchangeables, mais je ne vois néanmoins aucune raison d’affirmer autre chose à propos de l’attitude actuelle de Vooruit et de Groen.
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/anvers-la-gauche-au-pouvoir-avec-un-bourgmestre-ptb-un-scenario-qui-nest-pas-inconcevable/
[2] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/a-anvers-la-culture-subit-la-rigueur-budgetaire-ny-a-t-il-pas-dalternatives/