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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Vague d’abstentions aux communales en Flandre : il fallait s’y attendre

([Opinions, Politique] 2024-10-01 (De Morgen))


La suppression du vote obligatoire en Flandre a eu comme conséquence qu’un bon tiers des électrices et électeurs ne se sont pas rendu aux urnes dimanche. Selon tel observateur, ce faible taux de participation est le véritable fait marquant de ce scrutin ; selon tel autre, il faut avant tout y voir le cri de désespoir de citoyens en colère exprimant leur ultime motion de défiance à l’égard du monde politique.

De Groen au CD&V, nos élus s’empressent aujourd’hui de réclamer haut et fort la réintroduction, séance tenante, du vote obligatoire, comme c’est le cas à Bruxelles et en Wallonie.

On peut s’étonner de cette soudaine dramatisation. À quoi exactement tous ces responsables et leurs sympathisants s’attendaient-ils ? Ils s’imaginaient peut-être qu’une modification aussi fondamentale des règles électorales n’aurait aucune répercussion ? Le taux d’abstentions enregistré est tout à fait conforme aux prévisions. Tous les exemples venus de l’étranger montrent des chiffres similaires, dès la première élection. Aux Pays-Bas, un peu moins de la moitié des électeurs restent désormais chez eux aux communales. On n’a donc pas encore touché le fond.

De Morgen s’est toujours montré extrêmement critique à l’égard de l’abrogation du vote obligatoire. Les arguments avancés sont restés inchangés au fil du temps. Qui oserait affirmer que 35 % d’abstentions constitue une avancée démocratique ? Des analyses plus fines confirmeront sans nul doute que, parmi ces abstentionnistes, certains groupes sont mieux représentés que d’autres : les jeunes, les personnes moins qualifiées et celles dites en situation de vulnérabilité. En gros, des citoyennes et des citoyens qui estiment que la politique leur passe au-dessus de la tête, qu’elle n’a rien à leur apporter. Or, ce sont des compatriotes dont on aimerait, au contraire, qu’ils saisissent l’occasion de s’exprimer, même si leur voix dérange.

Alors, on rétropédale illico presto ? En dépit de tout ce qui précède, réinstaurer le vote obligatoire ne me semble pas indiqué. Il était parfaitement prévisible qu’un si grand nombre d’électeurs brilleraient par leur absence. Comment nos dirigeants pourraient-ils utiliser maintenant cet argument pour faire marche arrière ? Ils savaient – ou auraient dû savoir – qu’ils perdraient un tiers de la population au passage. Lorsque la suppression du vote obligatoire a été votée, personne au sein de la majorité au pouvoir ne s’en est inquiété. Alors qu’ils ne viennent pas se plaindre maintenant ! De plus, les citoyens n’apprécieraient pas un tel virage à 180 degrés. Les abstentionnistes ont décroché, inutile d’essayer de les récupérer. Une fois que l’on écarte les citoyens du processus démocratique, c’est pour de bon.

[1]Pourquoi le fils de Bart De Wever portait un sceptre orné d’un aigle ? On vous explique !

Un argument de principe vient renforcer les précédents. Il serait de bon ton que les élus de la majorité fassent preuve de la plus grande parcimonie lorsqu’ils ajustent les règles de base de la démocratie, où la tentation de s’adjuger un petit avantage n’est jamais loin. Le précédent gouvernement a modifié le décret électoral tel un apprenti sorcier. À la suite de cette modification, des listes hybrides ont fait un peu partout leur apparition, regroupant des partis aux idéologies parfois diamétralement opposées. Les électeurs n’ont guère apprécié ces assemblages bariolés autant que leurs penseurs l’avaient espéré : bon nombre de ces cartels ont obtenu moins de voix au cours de ce scrutin que la somme de leurs différents partis la dernière fois. Les grandes alliances novatrices ont donc surtout créé de la confusion chez l’électeur. C’est certainement un autre enseignement de cette campagne.

Suppression du vote obligatoire, listes hybrides peu inspirantes, ce ne sont là que deux des conséquences de la modification d’un décret électoral qui n’a pas dit son dernier mot. Dans chaque commune, la liste la plus importante dispose désormais d’exactement deux semaines pour former une coalition. En cas d’échec, le tour passera à une autre liste. Il n’est pas à exclure que cette étape fasse, elle aussi, des dégâts. Et ça aussi, c’était parfaitement prévisible.

[2]6 conclusions à tirer des élections communales en Flandre



[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/pourquoi-le-fils-de-bart-de-wever-portait-un-sceptre-orne-dun-aigle-on-vous-explique/

[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/6-conclusions-a-tirer-des-elections-communales-en-flandre/



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