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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Vlaams Belang en campagne : « Le cordon sanitaire est sur le point d’exploser. »

([Politique] 2024-10-01 (De Morgen))


Le Vlaams Belang a organisé son dernier grand meeting préélectoral à Lokeren. Désormais gonflé à bloc, il entend bien écrire une nouvelle page d’histoire. Si le cordon sanitaire se brise où que ce soit en Flandre, le parti pourra aussitôt oublier sa gueule de bois du 9 juin.

Dimanche après-midi, Radar Event Hall, Lokeren. Dans cet ancien temple de la house, autrefois connu sous le nom de Cherry Moon, des centaines de militants du Vlaams Belang attendent patiemment. L’une des stars du meeting, placé sous le signe des élections communales et provinciales, est sans surprise Guy D’haeseleer. Il est l’un de ceux qui seront appelés à briser le cordon sanitaire.

D’haeseleer ne cache pas son ambition : le 13 octobre, le Vlaams Belang a rendez-vous avec l’histoire. Si, quelque part en Flandre, le cordon est rompu, il s’agira d’une première en plus de 35 ans. Et c’est à Ninove que ce scénario s’annonce le plus probable, là où son parti local, Forza Ninove, a recueilli 40 pour cent des suffrages en 2018. Aux élections régionales flamandes du 9 juin, le candidat a obtenu un peu plus de 39 pour cent.

« Je mettrai tout en œuvre pour faire tomber le premier domino dans ma ville », promet l’homme fort de la région de la Dendre. « Les Flamands en ont assez de ce cordon. Nous sommes prêts à écrire une nouvelle page d’histoire. » Un message qu’appuiera le président du parti, Tom Van Grieken, plus tard dans son allocution : « Le cordon n’est pas seulement usé, il est sur le point d’exploser. »

Tant d’ambition, voilà de quoi ravir les militants rassemblés à Lokeren. Mais cette explosion se produira-t-elle ? Même au Vlaams Belang, personne n’en mettrait sa main à couper.

Et c’est compréhensible. N’oublions pas la grosse déception des élections du 9 juin : le VB se voyait devenir le plus grand parti de Flandre, et c’est la N-VA qui a raflé la première marche du podium. Après des années de spéculation sur la possibilité de constituer une majorité ensemble, le Vlaams Belang et la N-VA n’ont pas obtenu la majorité des sièges au Parlement flamand. Depuis lors, un nouveau gouvernement s’est formé, sans le Vlaams Belang une fois de plus.

En soi, le Vlaams Belang a toujours eu peu de chances d’entrer dans un gouvernement flamand. Cependant, Van Grieken avait espéré que le succès annoncé de son parti en juin le propulserait en vue du vrai rendez-vous, celui des élections du 13 octobre. Mais ce tremplin lui fait défaut aujourd’hui. En outre, sa formation s’est fait remarquer à plusieurs reprises ces dernières semaines par des incidents locaux.

« On a constaté sur une liste à Aalter la présence soudaine de Roeland Raes, 90 ans, cofondateur du Vlaams Blok et condamné pour négationnisme. »

Par exemple, on a constaté sur une liste à Aalter la présence soudaine de Roeland Raes, 90 ans, cofondateur du Vlaams Blok et condamné pour négationnisme. Puis à Lubbeek, on a retrouvé un ancien post sur la page Facebook du président local, où il rend hommage à « notre héros » Jürgen Conings. Sans compter l’affaire de la tête de liste à Houthulst, qui a répandu dans une interview bon nombre de contre-vérités sur les soi-disant avantages dont bénéficieraient les étrangers.

Toujours à Houthulst, où le VB a recueilli 38 pour cent des scrutins en juin, une guerre intestine s’est déclarée entre candidats, qui depuis lors recouvrent les affiches de leurs propres camarades de parti. Un symptôme gênant de ce Vlaams Belang qui, ces dernières années, enregistre une progression rapide dans les campagnes flamandes.

[1]Qui sont vraiment les électeurs du Vlaams Belang ?

De Wever et les oukases anversois



Dans pas moins de 143 localités flamandes sur 300, le Vlaams Belang est sorti en tête des urnes le 9 juin. Dans bon nombre de communes, une majorité avec la N-VA est mathématiquement envisageable. Certaines personnalités locales au sein de la N-VA n’y verraient d’ailleurs pas d’inconvénient.

Seulement, le président des nationalistes, Bart De Wever, a bien verrouillé la porte. Il a ainsi rappelé à l’ordre, pas plus tard que la semaine passée, le bourgmestre de district de Berendrecht (Anvers), qui, lors d’un débat sur VTM, a indiqué qu’il souhaitait parler avec tous les partis, y compris donc avec le Vlaams Belang.

Rien d’étonnant, dès lors, aux nombreuses allusions à De Wever dans les discours de Lokeren. D’haeseleer : « Nous ne nous résignerons pas face aux oukases édictés par le grand chef depuis l’Hôtel de Ville anversois. J’espère que plusieurs bourgmestres feront enfin preuve de courage. »

En quête de revanche, le Vlaams Belang fonde son espoir sur d’éventuelles têtes brûlées à l’échelon local. Si le parti d’extrême droite remporte la mise dans la commune X ou Y, il y bénéficiera, en vertu des nouvelles règles en vigueur en Flandre, du droit d’initiative pour former une coalition.

[2]“Pourquoi j’ai voté pour le Vlaams Belang” : quatre Flamands expliquent leur choix

Pour Tom Vandendriessche, parlementaire européen, le parti agira « avec pragmatisme » pour convaincre des partenaires potentiels. Selon lui, le 13 octobre, les électeurs et les responsables politiques locaux auront une dernière chance de mettre à mal cette particratie tant décriée.

Ce qui soulève encore plus de critiques que le veto de De Wever, c’est la coopération, en Flandre, de la N-VA avec Vooruit et le cd&v. Pour la cheffe de groupe VB à la Chambre, Barbara Pas, « Conner De Wever » et la « Nieuwe-Vooruit-Alliantie » mènent une politique gauchiste et belgiciste visant à ouvrir grand la porte à l’immigration de masse.

D’haeseleer analyse la situation comme suit : « La N-VA s’est aplatie face aux calotins, elle courbe l’échine face à l’islam et mène une politique socialiste. »

Néanmoins, force est de constater que la porte n’est pas fermée que du côté de la N-VA, mais aussi d’autres partis flamands. Si le Vlaams Belang veut briser le cordon sanitaire, il va devoir le faire tout seul, en obtenant une majorité absolue. Ou, comme le dit clairement Barbara Pas : « Nous devons gagner, ils doivent perdre. »

[3]Dring Dring #1 : Le cordon sanitaire en Flandre résistera-t-il encore après les élections ?



[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/qui-sont-les-electeurs-du-vlaams-belang/

[2] https://daardaar.be/rubriques/opinions/quatre-flamands-expliquent-leur-choix/

[3] https://daardaar.be/daardaar/dring-dring-3-le-cordon-sanitaire-en-flandre-resistera-t-il-encore-apres-les-elections/



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