News: 2024-09_https___static

  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

Un JT en langage simplifié: une initiative néerlandaise qui ne convainc pas la VRT

([Culture et Médias, Opinions] 2024-09-01 (Het Nieuwsblad))


Trois sujets, des phrases courtes, des mots simples et un débit de parole adapté : c’est ainsi que la chaîne publique néerlandaise NOS a lancé hier son « Journaal in makkelijke taal », désormais diffusé quotidiennement à 17 heures sur NPO 1.

« Nous ciblons celles et ceux qui ont des difficultés avec la langue néerlandaise », explique Giselle Van Cann, la rédactrice en chef de NOS Nieuws à l’origine de l’initiative . Des recherches menées par la Fondation néerlandaise pour la lecture et l’écriture ont en effet révélé que chez nos voisins, 2,5 millions d’adultes étaient dans cette situation. À noter qu’il s’agit principalement de personnes nées aux Pays-Bas. « La plupart ont bel et bien le néerlandais pour langue maternelle, mais ont généralement suivi un enseignement technique ou professionnalisant et n’ont pas besoin de compétences linguistiques pour exercer leur travail », poursuit Giselle Van Cann.

Têtes connues



Outre les mots, le journal veille aussi à simplifier les images. « Montrer une photo d’une rue commerçante dans un sujet sur l’inflation peut être déroutant pour ce type de téléspectateurs, qui ne fera pas directement le lien et qui risque donc d’être distrait. Idem pour un virologue qui serait interviewé dans son jardin : même si ses explications sur la propagation d’un virus sont limpides, les personnes faiblement alphabétisées se demanderont ce qu’il fabrique devant un abri de jardin. Ils prendront l’information au premier degré. Aussi le lien entre le son et l’image doit-il être le plus clair possible ».

La distraction est également la raison pour laquelle ce « Journaal in makkelijke taal » ne montre jamais l’intervieweur à l’écran, seulement l’interviewé. « Pour le reste, nous utilisons des séquences du journal télévisé habituel, en veillant toutefois à éviter les prises de parole trop complexes », précise encore Giselle Van Cann.

Notons aussi que la chaîne fait appel aux présentateurs habituels, qui sont donc des têtes bien connues aux Pays-Bas. C’est donc bien Afke Boven qui a ouvert le premier journal télévisé en langage simplifié à 17h, une heure après avoir présenté le journal télévisé classique.

La présentatrice a également entamé les deux émissions par le même sujet, une grève des agents d’entretien aux Pays-Bas, mais à un rythme beaucoup plus lent la deuxième fois. On remarque également que toutes les images sont commentées. « Les grévistes se sont réunis pour protester », entend-on par exemple en voix off, en commentaire d’une image montrant un rassemblement de personnes. À l’inverse, les propos d’un syndicaliste demandant « une solution permanente à la retraite anticipée pour les métiers pénibles » n’ont pas été repris.

Émissions jeunesse



À l’instar de ses confrères néerlandais, la VRT a aussi pour mission d’offrir ce type de solutions inclusives, comme le stipule d’ailleurs explicitement l’accord de gestion conclu avec le gouvernement flamand. Mais selon la chaîne, il n’est pas nécessaire d’adapter ses programmes, même si un Flamand adulte sur sept est faiblement alphabétisé. « Nous présentons déjà les infos de la manière la plus claire et la plus simple possible », se défend Johan Verbelen, porte-parole de la VRT. « De plus, grâce à nos chaînes jeunesse [1]Karrewiet et [2]nws.nws.nws , nous nous adressons déjà à un public très large. » NOS voit cependant les choses différemment : « les sujets abordés dans un programme d’information destiné aux jeunes sont présentés de façon infantilisante », avance Giselle Van Cann. « C’est justement pourquoi nous avons lancé ce journal, pour que ces adultes se sentent pris au sérieux. D’ailleurs, c’est le principal retour que nous recevons : grâce à vous, je n’ai plus à me regarder les émissions pour enfants. »

Chez Ligo, l’Institut flamand pour personnes faiblement alphabétisées, on salue l’initiative néerlandaise. « Nous travaillons dans nos classes avec le journal [3]Wablieft , qui est rédigé dans un néerlandais simple, mais il nous manque un journal télévisé sur mesure », explique Wilbert Van Cromvoirt. Wablieft déplore aussi l’absence de solution adaptée. « La VRT et VTM déploient beaucoup d’efforts pour présenter les nouvelles de manière claire, mais un journal télévisé classique nécessite des connaissances préalables et va vite », motive Ruud Meert de Wablieft, même s’il concède que « d’un autre côté, ils ne peuvent pas trop simplifier ou ralentir, au risque de perdre leur public. » C’est pourquoi Wablieft espère aussi voir prochainement un journal distinct pour personnes faiblement alphabétisées.



[1] https://www.ketnet.be/themas/karrewiet

[2] https://www.vrt.be/nwsnwsnws/nl/

[3] https://www.wablieft.be/nl



All power corrupts, but we need electricity.