Formation flamande: le CD&V fait campagne à la campagne
([Opinions, Politique] 2024-09-01 (De Tijd))
- Reference: 2024-09_bruno-kelzer-dbybfMOdZro-unsplash-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/politique/le-cdv-fait-campagne-a-la-campagne/
- Source link: https://www.tijd.be/opinie/commentaar/cd-v-a-la-campagne/10563885.html
« La politique est une mauvaise pièce de théâtre avec de bons comédiens », ironisait il y a dix ans le président de la N-VA, Bart De Wever. En cette semaine de crise des discussions en vue de la formation du gouvernement flamand, on repense naturellement à cette citation. En effet, pour la troisième fois, le formateur Matthias Diependaele (N-VA) a déposé une note « d’atterrissage » sur la table des négociations et, pour la troisième fois d’affilée, le CD&V a rejeté le texte.
Cette démarche est singulière à plus d’un titre. Tout d’abord, il est étrange que dans le cadre de négociations, on ne négocie pas lorsque des problèmes surgissent. Or, il n’est possible de peser sur le futur accord gouvernemental que si on reste à la table des discussions. Et si on provoque une crisette publique, c’est dans le seul but de montrer à sa base qu’on s’est battu bec et ongles pour elle.
Visiblement, c’est le but que le CD&V poursuit cette semaine. En effet, ce parti a annoncé son rejet de la note en direct dans les journaux télévisés, sans en avoir préalablement informé les autres négociateurs. Dans la foulée, une liste de thèmes chers au parti a été publiée sur Instagram : accueil de la petite enfance, allocations familiales, bien-être, autonomie des pouvoirs organisateurs, des communes rurales et des agriculteurs.
Cette stratégie ne fait sens que si on mise sur la campagne des élections communales d’octobre prochain. En négociation, la règle est que plus on communique publiquement, moins il est possible de négocier. Dans un contexte de campagne électorale, c’est bien sûr le phénomène inverse qui se produit.
Pour le CD&V, l’enjeu est de taille. Dans le cadre des négociations flamandes et fédérales, ce parti est certes redescendu au rang de junior, mais au niveau communal, il est le premier de Flandre. À l’époque de la coalition « violette » du gouvernement Verhofstadt, les chrétiens-démocrates avaient conservé leur pouvoir au niveau communal et ils avaient trouvé la force de survivre sur le plan fédéral.
Alors que la configuration des élections communales se profile dans la formation flamande, la vision pour la Flandre pour les cinq prochaines années est encore nébuleuse
On peut dire que la tentative de maintenir les négociations flamandes en dehors des plates-bandes des élections communales du 13 octobre a déjà échoué. Pour atteindre cet objectif, l’atterrissage aurait dû être amorcé plus tôt. La seule chose que l’on puisse espérer est que toutes les parties autour de la table des négociations comprennent que l’absence d’accord gouvernemental d’ici le scrutin sera un signal d’immaturité de gestion, et que cela risque de faire également du tort à la campagne communale.
À lire aussi:
[1]Les nouveaux arrivants, du pain bénit pour les campagnes flamandes
Il est particulièrement inquiétant de constater que, alors que la configuration des élections communales se profile dans la formation flamande, la grande ambition, la vision et la stratégie pour la Flandre pour les cinq prochaines années sont encore nébuleuses.
Comment le gouvernement flamand s’y prendra-t-il pour élever la qualité de l’enseignement ? Quelle sera sa vision stratégique pour empêcher l’écrasement de l’industrie flamande entre prix énergétiques élevés et transition climatique ou pour la sauver d’un broyage par des forces géopolitiques ? À quel point souhaitera-t-il démanteler la bureaucratie et concilier vitesse et sécurité juridique dans un monde où les permis sont légion ? Comment insufflera-t-il un renouveau au marché de l’emploi ?
En français, le mot « campagne » s’emploie tant dans le contexte rural qu’électoral. On peut déduire de la communication du CD&V cette semaine que ce parti tient à ces deux acceptions. Il est urgent que les négociateurs flamands se mettent en branle et qu’ils tranchent les nœuds gordiens liés aux défis stratégiques.
[1] https://daardaar.be/rubriques/opinions/nouveaux-arrivants-campagnes/
Cette démarche est singulière à plus d’un titre. Tout d’abord, il est étrange que dans le cadre de négociations, on ne négocie pas lorsque des problèmes surgissent. Or, il n’est possible de peser sur le futur accord gouvernemental que si on reste à la table des discussions. Et si on provoque une crisette publique, c’est dans le seul but de montrer à sa base qu’on s’est battu bec et ongles pour elle.
Visiblement, c’est le but que le CD&V poursuit cette semaine. En effet, ce parti a annoncé son rejet de la note en direct dans les journaux télévisés, sans en avoir préalablement informé les autres négociateurs. Dans la foulée, une liste de thèmes chers au parti a été publiée sur Instagram : accueil de la petite enfance, allocations familiales, bien-être, autonomie des pouvoirs organisateurs, des communes rurales et des agriculteurs.
Cette stratégie ne fait sens que si on mise sur la campagne des élections communales d’octobre prochain. En négociation, la règle est que plus on communique publiquement, moins il est possible de négocier. Dans un contexte de campagne électorale, c’est bien sûr le phénomène inverse qui se produit.
Pour le CD&V, l’enjeu est de taille. Dans le cadre des négociations flamandes et fédérales, ce parti est certes redescendu au rang de junior, mais au niveau communal, il est le premier de Flandre. À l’époque de la coalition « violette » du gouvernement Verhofstadt, les chrétiens-démocrates avaient conservé leur pouvoir au niveau communal et ils avaient trouvé la force de survivre sur le plan fédéral.
Alors que la configuration des élections communales se profile dans la formation flamande, la vision pour la Flandre pour les cinq prochaines années est encore nébuleuse
On peut dire que la tentative de maintenir les négociations flamandes en dehors des plates-bandes des élections communales du 13 octobre a déjà échoué. Pour atteindre cet objectif, l’atterrissage aurait dû être amorcé plus tôt. La seule chose que l’on puisse espérer est que toutes les parties autour de la table des négociations comprennent que l’absence d’accord gouvernemental d’ici le scrutin sera un signal d’immaturité de gestion, et que cela risque de faire également du tort à la campagne communale.
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[1]Les nouveaux arrivants, du pain bénit pour les campagnes flamandes
Il est particulièrement inquiétant de constater que, alors que la configuration des élections communales se profile dans la formation flamande, la grande ambition, la vision et la stratégie pour la Flandre pour les cinq prochaines années sont encore nébuleuses.
Comment le gouvernement flamand s’y prendra-t-il pour élever la qualité de l’enseignement ? Quelle sera sa vision stratégique pour empêcher l’écrasement de l’industrie flamande entre prix énergétiques élevés et transition climatique ou pour la sauver d’un broyage par des forces géopolitiques ? À quel point souhaitera-t-il démanteler la bureaucratie et concilier vitesse et sécurité juridique dans un monde où les permis sont légion ? Comment insufflera-t-il un renouveau au marché de l’emploi ?
En français, le mot « campagne » s’emploie tant dans le contexte rural qu’électoral. On peut déduire de la communication du CD&V cette semaine que ce parti tient à ces deux acceptions. Il est urgent que les négociateurs flamands se mettent en branle et qu’ils tranchent les nœuds gordiens liés aux défis stratégiques.
[1] https://daardaar.be/rubriques/opinions/nouveaux-arrivants-campagnes/