Au lendemain des élections du 9 juin, les débats sur la rupture du cordon sanitaire ont fini par s’estomper. En effet, la N-VA, [1]qui a remporté un pour cent des suffrages de plus que le Vlaams Belang , a gagné le droit d’initiative sur la formation du gouvernement flamand. Comme les deux partis combinés n’ont pas pu réunir (de justesse) la majorité des sièges, les leaders nationalistes n’ont pas eu besoin de s’inviter à prendre un café. Aux oubliettes, donc, les nombreuses analyses préélectorales. Quoique… moins d’un mois avant les communales, le spectre du cordon sanitaire refait surface. Cette fois-ci, la décision radicale ne sera plus soumise à un seul président de parti, mais à des centaines de responsables politiques répartis sur tout le territoire. Autant dire que les états-majors des partis auront bien du mal à contrôler leurs troupes. Il y a donc un risque réel de voir le cordon sanitaire se briser dans certaines communes ou villes.

Il est probable que le Vlaams Belang n’arrivera pas à traduire localement les 22 pour cent de voix obtenues aux élections régionales, car l’idéologie joue un rôle moins prépondérant au niveau communal. Les électeurs y sont plus sensibles aux projets concrets, à la bonne ambiance ou aux sourires des candidats. Les préaccords s’y révèlent aussi plus déterminants que les résultats des urnes. A fortiori avec les nouvelles règles du jeu : tout le monde tentera de devenir le plus grand parti, car les vainqueurs seront automatiquement appelés à prendre l’initiative de la formation. Du moins pour deux petites semaines. Mais dans ce cas, à quoi bon voter si les majorités se forment définitivement avant les élections, dans le dos des électeurs ? À Saint-Trond, par exemple, la bourgmestre Ingrid Kempeneers (CD&V) s’échine à arracher un préaccord, quitte à discuter avec le Vlaams Belang. « Si cela s’avère strictement nécessaire », a-t-elle toutefois ajouté. Mais ce faisant, elle entame bel et bien le cordon sanitaire. Nul doute que [2]son président de parti, Sammy Mahdi , la rappellera à l’ordre, mais elle n’est pas du genre à se laisser intimider. C’est pourquoi elle se présentera à l’électeur sous la bannière de la « Team Ingrid », même si le nom du parti, CD&V, figurera en tout petits caractères sur l’affiche.

L’initiative accordée au premier parti a engendré la formation de cartels dans de nombreuses communes. Les lendemains d’élections s’en retrouveront certes moins passionnants, mais plus transparents. Nous saurons donc mieux qui se hissera sur le siège mayoral en échange de notre voix. Si vous votez pour Laurence Libert (Open VLD) à Hasselt, vous voterez également pour Steven Vandeput (N-VA). Et probablement aussi pour les socialistes. En d’autres termes, vous voterez potentiellement pour trois partis pour le prix d’un. Comment s’étonner, dès lors, que les citoyens se demandent pourquoi il faut voter ?

[3]Dring Dring #1 : Le cordon sanitaire en Flandre résistera-t-il encore après les élections ?



[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/la-n-va-et-le-vlaams-belang-proche-dune-majorite-de-croo-en-larmes-revivez-les-moment-forts-des-elections-en-flandre/

[2] https://daardaar.be/videos/presidents-de-parti/sammy-mahdi-cdv-pour-les-francophones-de-bruxelles-la-politique-flamande-cest-une-autre-planete-2/

[3] https://daardaar.be/daardaar/dring-dring-3-le-cordon-sanitaire-en-flandre-resistera-t-il-encore-apres-les-elections/