Hadja Lahbib, commissaire européenne : un choix plus que discutable
([Opinions, Politique] 2024-09-01 (De Morgen))
- Reference: 2024-09_Belgaimage-92842069-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/politique/hadja-lahbib-commissaire-europeenne-un-choix-plus-que-discutable/
- Source link: https://www.demorgen.be/meningen/hadja-lahbib-is-mislukt-als-minister-van-buitenlandse-zaken-en-nu-krijgt-ze-promotie-dat-is-particratie~b32aeeee/
Hadja Lahbib sera donc la nouvelle représentante de la Belgique dans la prochaine Commission von der Leyen. Ainsi en a décidé le président du MR, Georges-Louis Bouchez. Gageons que la ministre des Affaires étrangères sortante répond à un certain nombre de critères : elle est belge et membre du parti à qui le poste a été confié. Et surtout, c’est une femme, ce qui permet à la présidente de la Commission européenne de résorber légèrement un déséquilibre des genres quelque peu embarrassant.
Pour le reste, le choix de Lahbib est pour le moins curieux, voire extrêmement discutable. Ancienne journaliste, Hadja Lahbib est une novice en politique. Il y a deux ans à peine, le président Bouchez l’avait déjà parachutée au prestigieux poste de ministre des Affaires étrangères, où elle n’avait pas brillé.
Nous commettons toutes et tous des erreurs, nous ne nous attarderons donc pas sur son choix extrêmement discutable d’aller couvrir en Crimée, sur invitation, alors qu’elle était encore journaliste culturelle, un festival de propagande pro-russe. Disons simplement que son entrée en matière, en temps de guerre, n’était pas des plus heureuses. Il est plus inquiétant qu’elle n’ait, par la suite, jamais réussi à effacer cette mauvaise première impression comme ministre des Affaires étrangères, où elle n’a pas été à la hauteur : manquant d’expérience, maladroite, invisible. Ce constat est partagé par la quasi-totalité du corps diplomatique du pays.
Rien de très surprenant. Les affaires étrangères, plus que tout autre portefeuille ministériel, exigent de l’expérience, du flair politique et de la dextérité diplomatique. On ne peut attendre d’une débutante qu’elle dispose de ces qualités. Et il n’est donc pas indiqué de lui confier un poste de cette envergure. Et voilà que cette même néophyte, qui a donc échoué aux Affaires étrangères, obtient une nouvelle promotion, cette fois à la Commission européenne, pour un poste encore plus important.
Ce n’est pas bon pour notre pays. Jusqu’à récemment, la Belgique avait souvent été surreprésentée à l’échelon international. Des diplomates et des responsables politiques se sont vu confier des postes à haute responsabilité en raison de leur culture du compromis et de leur pacifisme, une réputation dont notre pays tout entier a longtemps pu s’enorgueillir. Ces dernières années, cette belle réputation a volé en éclats après les tristes records de formation du gouvernement, le passage de Charles Michel au Conseil européen et, à présent, l’attribution tardive du poste de commissaire européen à une ministre qui n’a jamais impressionné personne lors des sommets européens.
Nous en sommes venus à considérer comme normal, dans ce pays, que les présidents décident à peu près seuls de celles et ceux qui seront nommés ministres dans l’un de nos nombreux gouvernements. À ce jeu, les préférences personnelles, les intérêts régionaux et les calculs stratégiques pèsent plus dans la balance que les compétences. Les ministres prêtent serment au palais ou au parlement, mais ils sont en réalité les vassaux de leur président de parti. C’est aussi, comme l’a expérimenté Hadja Lahbib dans l’affaire du visa iranien, le président de parti qui décide en cas de vent contraire, tel un empereur, si un ministre doit quitter ses fonctions ou s’il est autorisé à rester. Bienvenue en particratie.
Pourrions-nous au moins nous accorder à dire qu’il est en tous points excessif que ce système particratique et anti-démocratique soit aussi devenu la règle pour des décisions aussi cruciales que de nommer le représentant de notre pays à la Commission européenne ?
Pour le reste, le choix de Lahbib est pour le moins curieux, voire extrêmement discutable. Ancienne journaliste, Hadja Lahbib est une novice en politique. Il y a deux ans à peine, le président Bouchez l’avait déjà parachutée au prestigieux poste de ministre des Affaires étrangères, où elle n’avait pas brillé.
Nous commettons toutes et tous des erreurs, nous ne nous attarderons donc pas sur son choix extrêmement discutable d’aller couvrir en Crimée, sur invitation, alors qu’elle était encore journaliste culturelle, un festival de propagande pro-russe. Disons simplement que son entrée en matière, en temps de guerre, n’était pas des plus heureuses. Il est plus inquiétant qu’elle n’ait, par la suite, jamais réussi à effacer cette mauvaise première impression comme ministre des Affaires étrangères, où elle n’a pas été à la hauteur : manquant d’expérience, maladroite, invisible. Ce constat est partagé par la quasi-totalité du corps diplomatique du pays.
Rien de très surprenant. Les affaires étrangères, plus que tout autre portefeuille ministériel, exigent de l’expérience, du flair politique et de la dextérité diplomatique. On ne peut attendre d’une débutante qu’elle dispose de ces qualités. Et il n’est donc pas indiqué de lui confier un poste de cette envergure. Et voilà que cette même néophyte, qui a donc échoué aux Affaires étrangères, obtient une nouvelle promotion, cette fois à la Commission européenne, pour un poste encore plus important.
Ce n’est pas bon pour notre pays. Jusqu’à récemment, la Belgique avait souvent été surreprésentée à l’échelon international. Des diplomates et des responsables politiques se sont vu confier des postes à haute responsabilité en raison de leur culture du compromis et de leur pacifisme, une réputation dont notre pays tout entier a longtemps pu s’enorgueillir. Ces dernières années, cette belle réputation a volé en éclats après les tristes records de formation du gouvernement, le passage de Charles Michel au Conseil européen et, à présent, l’attribution tardive du poste de commissaire européen à une ministre qui n’a jamais impressionné personne lors des sommets européens.
Nous en sommes venus à considérer comme normal, dans ce pays, que les présidents décident à peu près seuls de celles et ceux qui seront nommés ministres dans l’un de nos nombreux gouvernements. À ce jeu, les préférences personnelles, les intérêts régionaux et les calculs stratégiques pèsent plus dans la balance que les compétences. Les ministres prêtent serment au palais ou au parlement, mais ils sont en réalité les vassaux de leur président de parti. C’est aussi, comme l’a expérimenté Hadja Lahbib dans l’affaire du visa iranien, le président de parti qui décide en cas de vent contraire, tel un empereur, si un ministre doit quitter ses fonctions ou s’il est autorisé à rester. Bienvenue en particratie.
Pourrions-nous au moins nous accorder à dire qu’il est en tous points excessif que ce système particratique et anti-démocratique soit aussi devenu la règle pour des décisions aussi cruciales que de nommer le représentant de notre pays à la Commission européenne ?