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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

La visite du pape ressuscite une vieille affaire d’abus sexuels

([Société] 2024-09-01 (Het Belang Van Limburg))


La visite du pape aurait dû être le point d’orgue de ses vingt ans de carrière au diocèse de Hasselt. Mais Monseigneur Patrick Hoogmartens ne sera pas de la partie. Son tort : avoir chanté les louanges d’un prêtre hasseltois, récemment décédé, qui s’était livré à des abus sexuels sur une jeune femme dans les années 1970. Une décision que l’évêque a prise lui-même, « par respect pour la victime ».

Lorsqu’il atterrira à Melsbroek demain soir, le pape François sera accueilli sur le tarmac, entre autres personnalités, par le roi Philippe, la reine Mathilde et les évêques de Belgique. L’évêque de Hasselt, Patrick Hoogmartens, brillera en revanche par son absence. Il aurait pourtant dû être là. Mieux encore : c’est lui qui devait assurer la partie en néerlandais de la célébration eucharistique qui aura lieu dans le stade Roi Baudouin dimanche. À cet évènement aussi, il est désormais contraint de renoncer.

L’absence de Monseigneur Hoogmartens aux célébrations de la visite du souverain pontife tient aux éloges dont il a couvert un prêtre hasseltois, décédé récemment, impliqué dans une affaire d’abus sexuels. « À la suite du décès d’un prêtre, un passage de la lettre de condoléances que j’ai adressée à la famille, dans laquelle je faisais part de mon appréciation pour le défunt, a été diffusé plus largement sur notre site internet » (le site Otheo, anciennement Kerknet, NDLR), écrit l’évêque. « Je comprends que j’ai manqué de prévenance, ce qui nous a conduits à blesser une victime d’abus. J’en suis profondément désolé. J’ai présenté mes excuses à la victime et à monsieur Rik Devillé (le prêtre qui accompagne les victimes d’abus sexuels au sein de l’Église, NDLR), qui m’a transmis le numéro de téléphone de la victime. » Le diocèse de Hasselt a retiré le message de condoléances de son site par respect pour la victime.

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Règlement transactionnel



La victime qu’évoque Patrick Hoogmartens est une femme qui, dans les années 1970, alors qu’elle était étudiante à Louvain et encore mineure, a été abusée sexuellement par le prêtre hasseltois en question, selon des informations que nous tenons de source sûre. Elle affirme que le prête aurait ensuite « minimisé » ses agissements.

En 1997, elle s’en ouvre à Godfried Danneels, alors archevêque de Malines-Bruxelles. L’affaire, qui s’inscrit dans l’opération « Calice », est traitée par la commission Halsberghe. Selon Patrick Hoogmartens, elle aboutit en 2002 à un règlement transactionnel, c’est-à-dire un accord par lequel les parties concernées souhaitent mettre fin au litige. Lorsqu’une victime conclut un accord transactionnel avec le point de contact de l’Église, cela signifie que l’Église reconnaît sa plainte. Selon nos informations, la victime aurait aussi bénéficié d’une compensation financière. Mais ce type de règlement ne l’oblige pas au silence : elle peut continuer de témoigner — sans toutefois divulguer le nom de son agresseur.

À l’issue de ce règlement, le prêtre du Limbourg a pu poursuivre ses activités professionnelles. Notre rédaction a contacté hier l’un de ses proches, qui n’a pas souhaité réagir : « Je suis tenu au silence », nous a-t-on fait savoir.

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Responsabilité assumée



Patrick Hoogmartens a été nommé évêque coadjuteur (c’est-à-dire évêque auxiliaire avec droit de succession) à Hasselt en 1997. Ce n’est qu’en 2004 qu’il a été nommé évêque. L’affaire était donc close. Ce qui, de son propre aveu, n’excuse rien. « J’assume l’entière responsabilité de mes actes », déclare-t-il. « Les hommes politiques ne sont responsables que durant la période où ils sont au pouvoir, mais en tant qu’évêque, ma responsabilité est éternelle. »

Selon nos informations, c’est à la suite d’un signalement que la nécrologie controversée a été portée à la connaissance de l’archevêque Luc Terlinden et de l’évêque d’Anvers, Johan Bonny. Les choses se sont ensuite accélérées. « Mais c’est moi seul qui ai fait le choix de ne pas participer aux activités liées à la visite du pape », souligne Patrick Hoogmartens. « J’ai pris cette décision avec conviction, par respect pour la victime. Car j’estime que c’est la victime qui doit avoir le dernier mot dans ce type de situation ».

La Conférence des évêques a fait savoir, hier, que les autres évêques du pays participeront bien aux célébrations de la venue du souverain pontife. On ne connaissait pas encore, à ce moment-là, l’identité de celui qui remplacera Monseigneur Hoogmartens pour assurer la partie en néerlandais de l’eucharistie. « C’est une décision qui appartient aux évêques », indique Luc Van Hilst, curé de Montaigu, qui dirige la messe papale.



[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/le-dernier-pretre-enseignant-de-belgique-la-religion-est-ma-vocation-lhistoire-ma-passion/

[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/leglise-face-a-ses-demons-la-redemption-ne-sera-pas-un-chemin-de-croix/



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