À Gand, des riverains luttent pour sauver la biodiversité
([Environnement] 2024-07-01 (De Morgen))
- Reference: 2024-07_449131783_460168500102187_1962242346809417450_n-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/environnement/bloemekenswijk-delijn/
- Source link: https://www.demorgen.be/nieuws/op-bezoek-bij-de-activisten-in-het-bloemekenswijkbos-ik-vind-het-een-privilege-om-in-een-boom-te-wonen~b6e37300/
Voilà déjà un mois qu’ils vivent dans les arbres. « Ils », ce sont les occupants du Bloemekenswijkbos, le bois du quartier aux Fleurs de Gand, dont l’existence est menacée. Pour eux, hors de question de céder. Outre leur objectif concret – protéger ce coin de nature –, leur combat permet aussi de montrer autre chose : comment vivre véritablement ensemble.
J’ai croisé un renard il y a quelques semaines, au passage à niveau des Wondelgemse Meersen. Il ne semblait pas prêt à s’écarter pour me laisser passer, aussi nous sommes-nous regardés un moment les yeux dans les yeux, jusqu’à ce qu’il finisse par se retourner et s’éloigner d’un pas tranquille. Le renard n’est pas le seul à s’être installé ici ces dernières années : le lézard des murailles et le martin-pêcheur ont également élu domicile dans cette ancienne zone marécageuse, comme l’ont découvert des étudiants en biologie de l’université de Gand en mai de cette année. De quoi donner du grain à moudre au comité d’action Red het Bloemekenswijkbos , qui lutte depuis plus de trois ans pour sauver cette zone.
L’entreprise flamande de transports en commun De Lijn veut en effet y bâtir un dépôt pour ses bus et trams, et est en attente de permis. Il y a un peu plus d’un mois, le comité d’action a reçu le soutien inattendu d’une dizaine d’activistes qui se sont installés dans les arbres. Ils sont déterminés à empêcher grâce à leur présence que l’on rase le bois. De Lijn précise qu’« un dialogue a été entamé » avec le groupe.
Lorsque Gabby* me conduit jusqu’au campement, c’est l’heure du repas. Des sympathisants du quartier ont préparé des pâtes. « À nos yeux, ce sont pour ainsi dire des anges qui ont atterri dans les arbres, explique Gabby, qui a fondé le comité il y a trois ans. Nous menons le combat sur le plan juridique, eux le complètent par leur action directe. » Même si la nature est précieuse en elle-même, l’enjeu est loin de se limiter à sa simple préservation, insiste-t-elle. « La protection de la nature est souvent caricaturée comme un privilège des classes moyennes. Mais ce bois constitue un poumon vert dans un quartier densément peuplé et relativement pauvre. Notre comité d’action se compose en partie d’habitants de logements sociaux et de personnes du centre médico-social du quartier. Parce qu’il s’agit aussi d’une question sociale. » Elle regrette que l’on puisse croire que le comité d’action serait contre les transports en commun. « Nous sommes seulement opposés à la construction d’un dépôt dans cette zone naturelle. »
Renard* et Mûre* nous ont entre-temps rejoints autour de l’énorme plat de pâtes. On pourrait presque les qualifier de « professionnels de l’activisme » : ils vont où la nécessité les conduit. Pour eux, l’activisme n’est pas une mode, mais une façon d’être au monde – le seul moyen de surmonter le sentiment écrasant d’injustice qui les assaille au quotidien.
« C’est ça ou la dépression », explique Renard, qui, malgré son apparence juvénile, parle comme un vieux militant. Ils me montrent les passerelles entre les cimes, les hamacs et la plate-forme en bois au sommet d’un arbre. « Il me faut dix minutes pour me hisser dans mon harnais jusqu’en haut, dit Mûre avec un sourire. Souvent, je fais une pause à mi-chemin pour écouter. En hauteur, on est au calme, le monde résonne différemment. Vous savez, pour moi, c’est un privilège de pouvoir vivre ici. »
Cela semble naïf ? Il ne faut pas sous-estimer le sérieux de l’organisation de cette communauté. Les occupants vivent en accord avec leurs idéaux. Il n’y a pas de chef, les décisions sont prises en commun. « Nous devons créer du lien, instaurer la confiance et communiquer ouvertement, explique Mûre. C’est intense, il faut le reconnaître. »
Vivre dans les arbres n’est pas seulement un défi sur le plan physique, mais aussi mental. Mûre explique : « Les activistes sont des gens sensibles. Je pense que chacun d’entre nous a déjà vécu un burn-out. C’est justement pour cette raison que la présence du groupe est si importante. Nous respectons les limites de chacun, nous sommes bienveillants les uns envers les autres. Et nous nous amusons aussi beaucoup. »
À l’approche de la décision relative au permis, De Lijn appelle, par l’intermédiaire de son porte-parole, Frederik Wittock, à quitter le site et à « privilégier le bon sens ». Les militants semblent au contraire se préparer à une occupation de longue durée. De nouvelles personnes se présentent régulièrement, d’autres font parfois une pause – les activistes aussi ont le droit de prendre des vacances.
Au fait, cette présence humaine ne nuit-elle pas à cette nature qu’ils veulent préserver ? Qu’en est-il de « mon » renard ? Son homonyme militant sourit : « Ne vous en faites pas. Nous occupons le moins d’espace possible et nous veillons à limiter au maximum notre impact. Nous ne dérangeons vraiment personne. Ni humains ni renards. »
*Les activistes utilisent des pseudonymes.
J’ai croisé un renard il y a quelques semaines, au passage à niveau des Wondelgemse Meersen. Il ne semblait pas prêt à s’écarter pour me laisser passer, aussi nous sommes-nous regardés un moment les yeux dans les yeux, jusqu’à ce qu’il finisse par se retourner et s’éloigner d’un pas tranquille. Le renard n’est pas le seul à s’être installé ici ces dernières années : le lézard des murailles et le martin-pêcheur ont également élu domicile dans cette ancienne zone marécageuse, comme l’ont découvert des étudiants en biologie de l’université de Gand en mai de cette année. De quoi donner du grain à moudre au comité d’action Red het Bloemekenswijkbos , qui lutte depuis plus de trois ans pour sauver cette zone.
L’entreprise flamande de transports en commun De Lijn veut en effet y bâtir un dépôt pour ses bus et trams, et est en attente de permis. Il y a un peu plus d’un mois, le comité d’action a reçu le soutien inattendu d’une dizaine d’activistes qui se sont installés dans les arbres. Ils sont déterminés à empêcher grâce à leur présence que l’on rase le bois. De Lijn précise qu’« un dialogue a été entamé » avec le groupe.
Des anges dans les arbres
Lorsque Gabby* me conduit jusqu’au campement, c’est l’heure du repas. Des sympathisants du quartier ont préparé des pâtes. « À nos yeux, ce sont pour ainsi dire des anges qui ont atterri dans les arbres, explique Gabby, qui a fondé le comité il y a trois ans. Nous menons le combat sur le plan juridique, eux le complètent par leur action directe. » Même si la nature est précieuse en elle-même, l’enjeu est loin de se limiter à sa simple préservation, insiste-t-elle. « La protection de la nature est souvent caricaturée comme un privilège des classes moyennes. Mais ce bois constitue un poumon vert dans un quartier densément peuplé et relativement pauvre. Notre comité d’action se compose en partie d’habitants de logements sociaux et de personnes du centre médico-social du quartier. Parce qu’il s’agit aussi d’une question sociale. » Elle regrette que l’on puisse croire que le comité d’action serait contre les transports en commun. « Nous sommes seulement opposés à la construction d’un dépôt dans cette zone naturelle. »
Renard* et Mûre* nous ont entre-temps rejoints autour de l’énorme plat de pâtes. On pourrait presque les qualifier de « professionnels de l’activisme » : ils vont où la nécessité les conduit. Pour eux, l’activisme n’est pas une mode, mais une façon d’être au monde – le seul moyen de surmonter le sentiment écrasant d’injustice qui les assaille au quotidien.
« C’est ça ou la dépression », explique Renard, qui, malgré son apparence juvénile, parle comme un vieux militant. Ils me montrent les passerelles entre les cimes, les hamacs et la plate-forme en bois au sommet d’un arbre. « Il me faut dix minutes pour me hisser dans mon harnais jusqu’en haut, dit Mûre avec un sourire. Souvent, je fais une pause à mi-chemin pour écouter. En hauteur, on est au calme, le monde résonne différemment. Vous savez, pour moi, c’est un privilège de pouvoir vivre ici. »
Le burn-out du militant
Cela semble naïf ? Il ne faut pas sous-estimer le sérieux de l’organisation de cette communauté. Les occupants vivent en accord avec leurs idéaux. Il n’y a pas de chef, les décisions sont prises en commun. « Nous devons créer du lien, instaurer la confiance et communiquer ouvertement, explique Mûre. C’est intense, il faut le reconnaître. »
Vivre dans les arbres n’est pas seulement un défi sur le plan physique, mais aussi mental. Mûre explique : « Les activistes sont des gens sensibles. Je pense que chacun d’entre nous a déjà vécu un burn-out. C’est justement pour cette raison que la présence du groupe est si importante. Nous respectons les limites de chacun, nous sommes bienveillants les uns envers les autres. Et nous nous amusons aussi beaucoup. »
À l’approche de la décision relative au permis, De Lijn appelle, par l’intermédiaire de son porte-parole, Frederik Wittock, à quitter le site et à « privilégier le bon sens ». Les militants semblent au contraire se préparer à une occupation de longue durée. De nouvelles personnes se présentent régulièrement, d’autres font parfois une pause – les activistes aussi ont le droit de prendre des vacances.
Au fait, cette présence humaine ne nuit-elle pas à cette nature qu’ils veulent préserver ? Qu’en est-il de « mon » renard ? Son homonyme militant sourit : « Ne vous en faites pas. Nous occupons le moins d’espace possible et nous veillons à limiter au maximum notre impact. Nous ne dérangeons vraiment personne. Ni humains ni renards. »
*Les activistes utilisent des pseudonymes.