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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

À Anvers, le Vlaams Belang mise sur une personnalité éminente de la communauté juive

([Opinions] 2024-06-01 (Het Laatste Nieuws))


À Anvers, nombreux sont les partis qui cherchent, avec plus ou moins de succès, à faire figurer une personnalité juive sur leur liste électorale en vue des élections communales. Et qu’il s’agisse du CD&V qui tend la main à Aron Berger ou du Vlaams Belang qui s’ingénie à séduire David Rosenberg, force est de constater que cette démarche crée encore l’événement en 2024. Fut un temps où c’était la présence de candidats musulmans qui faisait couler de l’encre, mais cette époque est révolue. L’inscription d’un membre de la communauté juive sur les listes anversoises, elle, continue de faire du bruit — a fortiori lorsque la liste en question est celle du Vlaams Belang.

S’il y a bien une personne que le choix de David Rosenberg ne choquera pas, c’est son père, puisque Henri Rosenberg prône depuis longtemps la rupture du cordon sanitaire. Rosenberg père avait même fustigé, sur le site d’opinion proche du mouvement flamand Doorbraak , la décision de l’ambassadrice israélienne de ne pas inviter le Vlaams Belang à visionner les images du 7 octobre alors que Filip Dewinter et Sam Van Rooy avaient exprimé une position très favorable à l’État hébreu lors d’une manifestation de solidarité avec Israël et s’étaient même affichés avec le drapeau du pays. Il y a donc une forme d’hypocrisie à entendre Sam Van Rooy dénoncer l’importation de conflits étrangers alors qu’il est lui-même engagé dans celui-ci. Rosenberg critère sévèrement le fait que des partis comme Groen, Vooruit et le PTB jouent sur les sentiments des musulmans, prennent le parti de Gaza et des islamistes et, ce faisant, nourrissent l’antisémitisme. Peut-on dire, à l’inverse, que le Vlaams Belang et la N-VA jouent sur les sentiments des juifs ?

Les affinités du Vlaams Belang avec Israël sont bien connues. Les convictions anti-islam du Vlaams Belang, qui relèvent de l’évidence, ne sont d’ailleurs pas étrangères à cette position. Or, s’il y a bien un parti qui crée de temps à autre le malaise parce que certains de ses membres, mandataires ou sympathisants — qu’ils soient jeunes, plus âgés, sobres ou en état d’ébriété — font des saluts hitlériens ou tiennent des propos antisémites, c’est assurément le Vlaams Belang. En France, Marine Le Pen n’y va pas par quatre chemins : lorsque la tête de liste de l’AfD, le parti allemand d’extrême droite, a déclaré que les SS ne devaient pas automatiquement être considérés comme des criminels, elle a aussitôt refusé de continuer à siéger dans le même groupe que ses membres au Parlement européen. Le Vlaams Belang, de son côté, a eu une réaction moins tranchée. Rosenberg ne nie pas ces épisodes, mais n’y voit que le fait de quelques pommes pourries — qu’il préfère aux arbres pourris, c’est-à-dire les partis critiques à l’égard d’Israël.

Si la communauté juive d’Anvers est l’une des plus importantes d’Europe, elle n’est pas si importante pour autant, puisqu’on y dénombre environ 20 000 personnes. Mais chaque vote compte. Et à l’issue des élections du 9 juin, le Vlaams Belang a vu d’un mauvais œil les résultats de la ville d’Anvers, où le PTB est arrivé deuxième, après la N-VA, avec 22 % des voix, notamment en raison du conflit à Gaza. Filip Dewinter peut certes plaisanter avec condescendance sur la possibilité de voir Jos D’Haese (PTB) devenir bourgmestre d’Anvers en raison de la présence massive d’immigrés musulmans, il n’en reste pas moins qu’au Vlaams Belang, c’est le branle-bas de combat. On nous dit qu’il faudrait éviter d’importer ce conflit en Belgique ? C’est déjà fait, de toutes sortes de façons, et il jouera forcément un rôle dans la course aux électeurs : il n’y a plus aucun retour possible.



"I prefer the blunted cudgels of the followers of the Serpent God."
-- Sean Doran the Younger