Le « mini-gouvernement » voulu par De Wever remis en cause par les résultats du scrutin
([Opinions] 2024-06-01 (De Standaard))
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Ce n’est que le lendemain des élections que commencent les affaires sérieuses pour les responsables politiques : transformer les résultats du scrutin en une majorité gouvernementale. Le roi, de son côté, doit également se tenir prêt à entamer la formation du gouvernement fédéral — quoique les négociations pourraient être sereines pour lui cette fois, du moins si elles sont menées par le président de la N-VA, Bart De Wever, qui a déjà exposé son projet à plusieurs reprises : s’autodésigner formateur pour ensuite s’installer au 16 rue de la Loi à la tête d’un « mini-gouvernement ».
Bart De Wever a clairement fait connaître son hypothèse idéale, qui est aussi audacieuse que peu orthodoxe. L’enjeu est donc de taille, ne serait-ce que parce qu’on relève, jusqu’à présent, peu d’éléments qui permettraient au chef de file des nationalistes de mettre en pratique ses théories confédérales. En effet, son hypothèse passe outre le niveau fédéral pour faire reposer le centre de gravité de la dynamique politique sur les parlements régionaux. Des informateurs ou explorateurs fédéraux en tout genre pourront ainsi, comme dans un théâtre d’ombres, gagner du temps en attendant que les Flamands et les francophones constituent leur gouvernement.
Ces deux exécutifs enverront alors chacun leurs représentants au mini-gouvernement fédéral, qui se consacrera à un programme très limité mais urgent : le budget fédéral. Chaque région apportera sa majorité, la majorité fédérale résultant de la somme des deux, sans aller au-delà. Cette formation sera une préfiguration d’un tournant confédéral destiné à vider le pouvoir fédéral de sa substance.
La capacité de la N-VA à tenir la droite radicale à distance a permis à Bart De Wever de s’éviter une distraction. La N-VA est devenue incontournable en Flandre. Mais un autre obstacle s’impose, qui s’apparente même à un défaut de conception dans la théorie. C’est que tout le monde n’a pas sa place dans cette hypothèse. La Communauté germanophone n’a-t-elle plus voix au chapitre, dans ce modèle ? Et quid des Bruxellois ? Qui se charge de les représenter ?
Lire aussi:
[1]Élections 2024: pourquoi la N-VA ambitionne de prendre les commandes de la Belgique
Dans la structure institutionnelle du pays, les « francophones » ne disposent pas d’un parlement ou d’un gouvernement strictement délimité. Sur le plan politique, le centre de gravité de la Belgique francophone se situe en Région wallonne, au sein de laquelle les germanophones peuvent se trouver une place, mais à laquelle les Bruxellois francophones sont totalement étrangers. D’autre part, il y a ce qu’on appelle officiellement la Communauté française, à laquelle n’appartiennent pas les germanophones, cette fois, et qui ne forme nullement une unité ; officieusement, il ne s’agit que d’une « fédération » de Wallons et de Bruxellois.
Le problème des hypothèses, surtout lorsqu’elles sont audacieuses, c’est que les faits doivent les confirmer. Et ces faits, on ne les connaît que depuis dimanche dernier, le 9 juin. L’ironie du sort, c’est que le basculement de la Belgique francophone vers le centre droit ne fera, sur le plan budgétaire, que faciliter la tâche de cet hypothétique mini-gouvernement, et que la constitution de ce dernier ne nécessitera même pas de faire le forcing.
Mais qu’en est-il de la révolution confédérale dont ce mini-gouvernement est censé être le prélude ? La N-VA entend, pour la faire advenir, tirer profit du succès du Vlaams Belang, mais sans inclure ce parti dans la prochaine coalition flamande, au sein de laquelle Bart De Wever devra composer avec des partenaires potentiels qui ne partagent pas son engouement pour le séparatisme et avec lesquels il n’a même jamais conclu le moindre accord à ce propos. Le sujet n’a pas non plus été abordé avec les éventuels partenaires fédéraux issus du centre droit francophone. Tout cela n’augure assurément pas de la concrétisation d’une réforme de l’État. Quoi qu’il advienne, chaque voix devra compter.
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/elections-2024-pourquoi-la-n-va-ambitionne-de-prendre-les-commandes-de-la-belgique/
Bart De Wever a clairement fait connaître son hypothèse idéale, qui est aussi audacieuse que peu orthodoxe. L’enjeu est donc de taille, ne serait-ce que parce qu’on relève, jusqu’à présent, peu d’éléments qui permettraient au chef de file des nationalistes de mettre en pratique ses théories confédérales. En effet, son hypothèse passe outre le niveau fédéral pour faire reposer le centre de gravité de la dynamique politique sur les parlements régionaux. Des informateurs ou explorateurs fédéraux en tout genre pourront ainsi, comme dans un théâtre d’ombres, gagner du temps en attendant que les Flamands et les francophones constituent leur gouvernement.
Ces deux exécutifs enverront alors chacun leurs représentants au mini-gouvernement fédéral, qui se consacrera à un programme très limité mais urgent : le budget fédéral. Chaque région apportera sa majorité, la majorité fédérale résultant de la somme des deux, sans aller au-delà. Cette formation sera une préfiguration d’un tournant confédéral destiné à vider le pouvoir fédéral de sa substance.
La capacité de la N-VA à tenir la droite radicale à distance a permis à Bart De Wever de s’éviter une distraction. La N-VA est devenue incontournable en Flandre. Mais un autre obstacle s’impose, qui s’apparente même à un défaut de conception dans la théorie. C’est que tout le monde n’a pas sa place dans cette hypothèse. La Communauté germanophone n’a-t-elle plus voix au chapitre, dans ce modèle ? Et quid des Bruxellois ? Qui se charge de les représenter ?
Lire aussi:
[1]Élections 2024: pourquoi la N-VA ambitionne de prendre les commandes de la Belgique
Les hypothèses et les faits
Dans la structure institutionnelle du pays, les « francophones » ne disposent pas d’un parlement ou d’un gouvernement strictement délimité. Sur le plan politique, le centre de gravité de la Belgique francophone se situe en Région wallonne, au sein de laquelle les germanophones peuvent se trouver une place, mais à laquelle les Bruxellois francophones sont totalement étrangers. D’autre part, il y a ce qu’on appelle officiellement la Communauté française, à laquelle n’appartiennent pas les germanophones, cette fois, et qui ne forme nullement une unité ; officieusement, il ne s’agit que d’une « fédération » de Wallons et de Bruxellois.
Le problème des hypothèses, surtout lorsqu’elles sont audacieuses, c’est que les faits doivent les confirmer. Et ces faits, on ne les connaît que depuis dimanche dernier, le 9 juin. L’ironie du sort, c’est que le basculement de la Belgique francophone vers le centre droit ne fera, sur le plan budgétaire, que faciliter la tâche de cet hypothétique mini-gouvernement, et que la constitution de ce dernier ne nécessitera même pas de faire le forcing.
Mais qu’en est-il de la révolution confédérale dont ce mini-gouvernement est censé être le prélude ? La N-VA entend, pour la faire advenir, tirer profit du succès du Vlaams Belang, mais sans inclure ce parti dans la prochaine coalition flamande, au sein de laquelle Bart De Wever devra composer avec des partenaires potentiels qui ne partagent pas son engouement pour le séparatisme et avec lesquels il n’a même jamais conclu le moindre accord à ce propos. Le sujet n’a pas non plus été abordé avec les éventuels partenaires fédéraux issus du centre droit francophone. Tout cela n’augure assurément pas de la concrétisation d’une réforme de l’État. Quoi qu’il advienne, chaque voix devra compter.
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/elections-2024-pourquoi-la-n-va-ambitionne-de-prendre-les-commandes-de-la-belgique/