Tout d’abord, voter valablement n’a rien de sorcier. Pour faire simple : vous pouvez noircir autant de cases que vous le souhaitez, tant que vous restez sur la même liste. Veillez toutefois à ne pas donner de voix de préférence à un trop grand nombre de candidats et candidates, du moins si vous voulez vraiment peser sur le résultat de l’élection. J’y reviens dans un instant. À noter également que les citoyens qui votent par voie électronique ne peuvent pas remettre de vote nul. Ils peuvent en revanche décider de voter blanc.

Deux piles

Si vous votez blanc ou nul, vous vous privez de votre voix, ni plus ni moins. Selon le politologue Carl Devos, beaucoup d’inepties circulent à ce sujet. Lors du décompte des voix, deux piles distinctes sont constituées : les votes valides d’un côté et les votes nuls et blancs de l’autre. Cette deuxième pile n’entre pas du tout en ligne de compte. Elle est ignorée, tout simplement. Ces votes ne vont donc pas dans l’escarcelle du parti ayant récolté le plus de voix, comme on le pense parfois à tort. Quel que soit le nombre de votes blancs ou nuls, seuls les votes valides détermineront le nombre de sièges obtenus par chaque liste et, dans un deuxième temps, les candidats et candidates qui obtiennent les sièges en question. Celles et ceux qui votent blanc ou nul n’ont aucune influence sur ce point.

Pour voter valablement, comme mentionné en préambule, il vous suffit de vous en tenir à une seule liste. La méthode la plus simple consiste à noircir une seule case, explique Carl Devos : derrière un nom (vote de préférence) ou en case de tête. Vous pouvez théoriquement attribuer une voix de préférence à tous les candidats et candidates d’une même liste, mais c’est inutile : autant alors indiquer votre préférence pour le parti dans son ensemble et voter en case de tête. Cela reviendra exactement au même.

Lors du dépouillement, les assesseurs détermineront d’abord le nombre de sièges obtenu par chaque liste. Ensuite, ils se pencheront sur les sièges à attribuer aux candidats. Les votes de préférence vous permettent alors d’influer sur ce point. Malheureusement, précise Carl Devos, les sièges attribués dépendent également de la position des candidats sur la liste. Ça, ce n’est pas l’électeur qui en décide, mais la direction du parti.

Jeu de pronostic

En résumé, mieux vaut restreindre le nombre de votes de préférence. Combien faut-il en donner idéalement pour maximiser son influence ? Pour le savoir, il faut un peu jouer au pronostiqueur, et essayer d’estimer le nombre de sièges que votre parti préféré remportera. Si c’est trois, il sera alors préférable d’accorder trois votes de préférences. Vous aurez ainsi voté au mieux de vos possibilités statistiques. Si, dans ce cas, vous n’accordez que deux votes de préférence, il appartiendra virtuellement aux autres électeurs de cette même liste de décider à qui reviendra le troisième siège. Il n’est pas indiqué d’accorder trop de votes de préférence – une trentaine pour seulement trois sièges à prendre, par exemple – au risque de réduire sensiblement le poids de votre bulletin individuel.

Bien entendu, il vous est également possible de n’accorder de vote de préférence à personne et de vous limiter à la case de tête. Comment ce vote influencera-t-il la composition du Parlement ? Tout d’abord, lors du décompte, on détermine le quotient électoral : le nombre de voix qu’un ou une candidate doit obtenir pour être élue. Ensuite, on s’intéresse aux candidats qui ont obtenu suffisamment de voix de préférence pour être élus directement. Ils sont généralement très rares. On comptabilise alors le nombre de voix de tête, qu’on divise d’abord par deux, puis qu’on répartit entre les candidats, en partant du haut. Les voix de la réserve vont d’abord au premier candidat de la liste. Lorsque celui-ci a atteint le seuil d’éligibilité, les voix de la réserve vont au deuxième candidat, et ainsi de suite. C’est ce qu’on appelle l’effet dévolutif de la case de tête. En somme, au plus il y a de votes en case de tête, au plus le pot est grand et au plus l’ordre des candidats sur la liste détermine l’attribution d’un siège.

Vote perdu

Enfin, il conviendra de tenir compte d’un dernier élément : le seuil électoral. Si vous votez pour un petit parti qui n’atteint pas le seuil électoral, votre vote est en fait un vote perdu. Le seuil électoral officiel est le pourcentage de voix qu’une liste doit atteindre pour être autorisée à participer à la dévolution des sièges, explique Carl Devos. Dans l’ensemble du pays, le seuil électoral formel est de 5 %, mais dans certaines circonscriptions, il faut atteindre, par exemple, 6,5 % pour obtenir un premier siège. C’est ce que l’on appelle le seuil électoral naturel, qui aura préséance sur le seuil légal. Le seuil électoral naturel est inférieur à 5 % ? Alors, le seuil électoral légal reste d’application.