De Wever a-t-il intérêt à former un gouvernement avant les communales?
([Rubriques] 2024-06-01 (Het Laatste Nieuws))
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- News link: https://daardaar.be/rubriques/de-wever-a-t-il-interet-a-former-un-gouvernement-avant-les-communales/
- Source link: https://www.hln.be/verkiezingen/de-eerste-echte-concurrent-van-bart-de-wever-n-va-in-antwerpen-is-bekend-en-dat-kan-de-federale-formatie-door-elkaar-schudden~a754b629/
Si quelqu’un avait prédit, avant le 9 juin, que la constitution de quatre gouvernements sur les six que compte notre pays serait connue après deux semaines seulement, on l’aurait traité de fou. Et pourtant ! Le gouvernement de la Communauté germanophone est déjà sur les rails. Concernant le gouvernement flamand, la N-VA, Vooruit et le cd&v ont déjà lié leur destin, tout comme le MR et Les Engagés du côté de la Région wallonne et de la Communauté française. Certes, il serait quelque peu naïf de croire que ces gouvernements sont dans les starting-blocks, mais il faut reconnaître que tout le monde sait déjà de quels partis se composeront les différents exécutifs.
Il en va autrement pour les niveaux bruxellois et fédéral. Pour l’informateur fédéral, Bart De Wever, la constitution du prochain gouvernement n’est pas une sinécure. Il devra en effet réussir à concilier les points de vue socio-économiques de centre-gauche (Vooruit), du centre (cd&v et Les Engagés) et de centre-droite (MR et N-VA). Sans parler du grand écart communautaire entre le MR et la N-VA. À cet égard, le silence consécutif aux entretiens exploratoires du week-end est bon signe. De là à parler d’un tournant, il y a un pas à ne pas franchir. De Wever s’échine à trouver le « plus grand commun dénominateur », dans lequel les cinq potentiels partenaires de majorité pourront se retrouver. Il y a de fortes de chances que le roi prolonge à nouveau la mission de De Wever ce mercredi 26 juin, afin de lui laisser davantage de temps pour réfléchir à son prochain coup de maître.
Depuis les élections, les résistances à l’idée de voir De Wever devenir Premier ministre fondent comme neige au soleil. Le vigoureux véto des Engagés perd de sa vigueur, quoiqu’ils restent dubitatifs sur le caractère rassembleur de l’Anversois. Une aubaine pour De Wever ? En tout cas, le président de la N-VA s’accroche à son ambition de diriger le prochain gouvernement, non sans regret, car il devrait alors se départir de l’écharpe maïorale anversoise qu’il affectionne tellement. Et c’est là que les Romains s’empoignèrent : alors qu’il continue de négocier la formation de la majorité fédérale, l’heure tourne, impitoyable, et les élections communales du 13 octobre pointent le bout de leur nez. Jusqu’il y a peu, personne ne semblait pouvoir concurrencer l’actuel bourgmestre. La popularité de De Wever dans la ville de Rubens y a déforcé la présence du Vlaams Belang. Vooruit y est divisé par des querelles internes, le cd&v et l’Open Vld peinent à y exister politiquement, et Groen y est plutôt en perte de vitesse.
Mais le 9 juin, du côté de la rive gauche de l’Escaut, un concurrent redoutable est apparu : Jos D’Haese. Au Parlement flamand, le député PVDA (PTB) anversois tape régulièrement sur les doigts des responsables politiques, avant de poster allègrement la « preuve » de ses remontrances sur TikTok, où ses 175 000 followers font de lui le politique flamand le plus suivi. Dans « son » district de Borgerhout, il a également su conquérir les cœurs en jouant sur une corde sensible de son électorat : Gaza. Grand bien lui en a pris : au Parlement flamand, le PVDA a récolté pas moins de 22,5 % des suffrages (à 3 % de la N-VA seulement) dans le canton d’Anvers. Avec Groen et Vooruit, même si les résultats anversois ne reflètent pas du tout les résultats nationaux, la gauche pourrait former un bloc et obtenir 46 % des voix, ce qui s’approche de la majorité, mais ne s’avérerait pas très réaliste. Il n’en demeure pas moins que les communistes peuvent se mettre à rêver, et qu’ils procéderont à des modifications sur les listes des communales. En effet, c’est D’Haese qui tirera la liste anversoise en lieu et place de l’échevin de district Ben Van Duppen, inconnu au bataillon. Ce faisant, même s’il refuse de le dire de cette manière, D’Haese peut briguer l’écharpe de De Wever.
Assurément, le succès du PVDA dans la plus grande ville de Flandre a de quoi inquiéter De Wever. La N-VA est forte à Anvers, mais sans son champion, le parti risque bien de perdre des plumes et des électeurs. Ironiquement, si De Wever échoue à constituer un gouvernement fédéral avant octobre, cela lui profitera lors du scrutin communal, étant donné qu’il pourra se consacrer à cent pour cent à la campagne au niveau local.
De Wever ira-t-il, dès lors, jusqu’à faire traîner la formation ? Tout parti qui bloquerait le processus de manière trop évidente fera le jeu des extrêmes, qui ont encore le vent en poupe. Pour les partis de la majorité, un gouvernement flamand — voire fédéral, on ne sait jamais — actif représenterait un bon argument à faire valoir auprès de l’électeur, qui verra que des partis parviennent à s’affranchir des querelles sans fin et à travailler ensemble. Nul doute que De Wever jouera cette carte s’il réussit à mettre sur pied un gouvernement avant les élections communales. Et quand bien même il quitterait sa ville d’Anvers, De Wever ne serait pas De Wever s’il n’avait pas déjà le nom d’un autre candidat-bourgmestre dans un coin de sa tête.
De Wever peut toutefois s’en sortir autrement, et avec élégance : il peut « offrir » le poste de Premier ministre à quelqu’un d’autre. À Sophie Wilmès (MR), par exemple. Il présenterait ce geste comme une « concession » à un autre parti, en échange de portefeuilles plus importants pour la N-VA. Et De Wever pourrait ainsi rester à Anvers.
Il en va autrement pour les niveaux bruxellois et fédéral. Pour l’informateur fédéral, Bart De Wever, la constitution du prochain gouvernement n’est pas une sinécure. Il devra en effet réussir à concilier les points de vue socio-économiques de centre-gauche (Vooruit), du centre (cd&v et Les Engagés) et de centre-droite (MR et N-VA). Sans parler du grand écart communautaire entre le MR et la N-VA. À cet égard, le silence consécutif aux entretiens exploratoires du week-end est bon signe. De là à parler d’un tournant, il y a un pas à ne pas franchir. De Wever s’échine à trouver le « plus grand commun dénominateur », dans lequel les cinq potentiels partenaires de majorité pourront se retrouver. Il y a de fortes de chances que le roi prolonge à nouveau la mission de De Wever ce mercredi 26 juin, afin de lui laisser davantage de temps pour réfléchir à son prochain coup de maître.
La résistance fond comme neige au soleil
Depuis les élections, les résistances à l’idée de voir De Wever devenir Premier ministre fondent comme neige au soleil. Le vigoureux véto des Engagés perd de sa vigueur, quoiqu’ils restent dubitatifs sur le caractère rassembleur de l’Anversois. Une aubaine pour De Wever ? En tout cas, le président de la N-VA s’accroche à son ambition de diriger le prochain gouvernement, non sans regret, car il devrait alors se départir de l’écharpe maïorale anversoise qu’il affectionne tellement. Et c’est là que les Romains s’empoignèrent : alors qu’il continue de négocier la formation de la majorité fédérale, l’heure tourne, impitoyable, et les élections communales du 13 octobre pointent le bout de leur nez. Jusqu’il y a peu, personne ne semblait pouvoir concurrencer l’actuel bourgmestre. La popularité de De Wever dans la ville de Rubens y a déforcé la présence du Vlaams Belang. Vooruit y est divisé par des querelles internes, le cd&v et l’Open Vld peinent à y exister politiquement, et Groen y est plutôt en perte de vitesse.
Un concurrent redoutable
Mais le 9 juin, du côté de la rive gauche de l’Escaut, un concurrent redoutable est apparu : Jos D’Haese. Au Parlement flamand, le député PVDA (PTB) anversois tape régulièrement sur les doigts des responsables politiques, avant de poster allègrement la « preuve » de ses remontrances sur TikTok, où ses 175 000 followers font de lui le politique flamand le plus suivi. Dans « son » district de Borgerhout, il a également su conquérir les cœurs en jouant sur une corde sensible de son électorat : Gaza. Grand bien lui en a pris : au Parlement flamand, le PVDA a récolté pas moins de 22,5 % des suffrages (à 3 % de la N-VA seulement) dans le canton d’Anvers. Avec Groen et Vooruit, même si les résultats anversois ne reflètent pas du tout les résultats nationaux, la gauche pourrait former un bloc et obtenir 46 % des voix, ce qui s’approche de la majorité, mais ne s’avérerait pas très réaliste. Il n’en demeure pas moins que les communistes peuvent se mettre à rêver, et qu’ils procéderont à des modifications sur les listes des communales. En effet, c’est D’Haese qui tirera la liste anversoise en lieu et place de l’échevin de district Ben Van Duppen, inconnu au bataillon. Ce faisant, même s’il refuse de le dire de cette manière, D’Haese peut briguer l’écharpe de De Wever.
Assurément, le succès du PVDA dans la plus grande ville de Flandre a de quoi inquiéter De Wever. La N-VA est forte à Anvers, mais sans son champion, le parti risque bien de perdre des plumes et des électeurs. Ironiquement, si De Wever échoue à constituer un gouvernement fédéral avant octobre, cela lui profitera lors du scrutin communal, étant donné qu’il pourra se consacrer à cent pour cent à la campagne au niveau local.
La fin des querelles sans fin ?
De Wever ira-t-il, dès lors, jusqu’à faire traîner la formation ? Tout parti qui bloquerait le processus de manière trop évidente fera le jeu des extrêmes, qui ont encore le vent en poupe. Pour les partis de la majorité, un gouvernement flamand — voire fédéral, on ne sait jamais — actif représenterait un bon argument à faire valoir auprès de l’électeur, qui verra que des partis parviennent à s’affranchir des querelles sans fin et à travailler ensemble. Nul doute que De Wever jouera cette carte s’il réussit à mettre sur pied un gouvernement avant les élections communales. Et quand bien même il quitterait sa ville d’Anvers, De Wever ne serait pas De Wever s’il n’avait pas déjà le nom d’un autre candidat-bourgmestre dans un coin de sa tête.
De Wever peut toutefois s’en sortir autrement, et avec élégance : il peut « offrir » le poste de Premier ministre à quelqu’un d’autre. À Sophie Wilmès (MR), par exemple. Il présenterait ce geste comme une « concession » à un autre parti, en échange de portefeuilles plus importants pour la N-VA. Et De Wever pourrait ainsi rester à Anvers.