Bouchez, un pilote wallon qui communautarise la mobilité bruxelloise
([Opinions] 2024-06-01 (De Tijd))
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Dès l’annonce de la victoire électorale de son parti, Georges-Louis Bouchez s’est lancé, sur les chapeaux de roues. Rien de surprenant : il est fou de bolides. Dès qu’il en a l’occasion, il part faire quelques tours de circuit à Francorchamps. Et cet amour pour le rugissement des moteurs détermine ses idées en matière de mobilité.
Sa vision est à l’exact opposé de celle de la ministre bruxelloise de la Mobilité, Elke Van den Brandt (Groen). Avec son plan Good Move, celle-ci veut justement réduire la pression de la circulation automobile sur la ville. Ce qui est loin d’être saugrenu dans une ville où, depuis des décennies, tout a dû céder la place au trafic routier, alors que plus de la moitié de la population ne possède pas de voiture.
Mais Georges-Louis Bouchez aime mettre pied au plancher. Et une fois qu’il est lancé, son discours ne brille pas par la nuance : ce n’est pas son fort. À l’occasion d’une interview télévisée, il a récemment proclamé que Elke Van den Brandt devait se soumettre à la « réalité arithmétique », affirmant qu’« elle a récolté moins de voix que le vingtième candidat de notre liste ».
Vérification faite, l’affirmation est absolument inexacte : elle a obtenu presque le même score que le quatrième élu de la liste libérale. Avec ce genre de petits mensonges populistes, Georges-Louis Bouchez montre surtout qu’il n’entend pas respecter le délicat système d’équilibre entre les majorités flamande et francophone. « La majorité doit s’exprimer », s’écrie-t-il. « Pour les francophones, Good Move doit disparaître ! » Ce faisant, il communautarise le débat, comme si la ministre flamande voulait imposer sa vision de la mobilité au reste de la ville.
Pour les négociations avec les Flamands, ça promet… Belgiciste, mais ignorant le néerlandais, Georges-Louis Bouchez montre ce que ces derniers peuvent attendre de lui.
Lire aussi:
[1]Plan Good Move : un imbroglio qui vire à la lutte des classes
On se rappellera le curieux incident survenu il y a deux ans au sein du gouvernement wallon, où Georges-Louis Bouchez a pu illustrer magistralement sa vision de la mobilité. Alors ministre (libéral) du budget, Jean-Luc Crucke, parfaitement conscient de la situation financière précaire de sa région, avait pris des mesures de lutte contre la fraude fiscale, et notamment contre les propriétaires de SUV qui enregistraient à tort leur lourd véhicule comme « Utilitaire », ne payant ainsi que 10 % de la charge fiscale obligatoire. Par deux fois, le MR avait approuvé ces propositions, jusqu’au jour où le président Bouchez décida, sans prévenir, d’y faire obstacle.
Au moins, il se montra honnête, qualifiant ouvertement la répression de la fraude de manœuvres d’« intimidation » visant son électorat. Jean-Luc Crucke – qui allait passer peu après sous la bannière des Engagés – dut alors trouver un expédient, à la demande de son président, pour épargner les propriétaires de SUV.
Ce fut probablement l’un des prétextes les plus créatifs jamais trouvés pour blanchir le comportement de fraudeurs : on exhuma un vieux règlement accordant à chaque habitant de Wallonie le droit, au moins 30 fois par an, d’aller couper du bois dans les forêts ardennaises et de le transporter jusqu’à son domicile. Impossible, avec une voiture ordinaire. Ce fut donc l’excuse qui justifia le traitement fiscal avantageux des SUV non professionnels, sur quoi Georges-Louis Bouchez, ayant recueilli les applaudissements de ses partisans fraudeurs, put aller, satisfait, faire un tour à Francorchamps.
Le président libéral ne vit pas à Bruxelles, mais il entend y faire valoir son point de vue sur la mobilité. Pour faciliter l’entrée et la sortie rapides de la ville, on a mutilé Bruxelles en y construisant tunnels et autoroutes urbaines. « Nous allons rouvrir des places et des rues qui ont été fermées », proclame déjà Georges-Louis Bouchez. Peut-être pourrait-il se joindre aux adeptes de rodéos urbains illégaux qui terrorisent depuis des années les quartiers de l’Atomium et de Schaerbeek ? Ou former une sainte alliance avec les communistes du PTB, pour qui Good Move n’est qu’une attaque perpétrée contre les travailleurs ?
« Nous allons revoir toute la théorie qui sous-tend ce plan, de manière à redonner pour que les gens puissent à nouveau respirer », conclut-il. Mieux respirer en accordant davantage de place à la voiture : bienvenue dans la réalité alternative de Georges-Louis Bouchez.
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/plan-good-move-un-imbroglio-qui-vire-a-la-lutte-des-classes/
Sa vision est à l’exact opposé de celle de la ministre bruxelloise de la Mobilité, Elke Van den Brandt (Groen). Avec son plan Good Move, celle-ci veut justement réduire la pression de la circulation automobile sur la ville. Ce qui est loin d’être saugrenu dans une ville où, depuis des décennies, tout a dû céder la place au trafic routier, alors que plus de la moitié de la population ne possède pas de voiture.
Mais Georges-Louis Bouchez aime mettre pied au plancher. Et une fois qu’il est lancé, son discours ne brille pas par la nuance : ce n’est pas son fort. À l’occasion d’une interview télévisée, il a récemment proclamé que Elke Van den Brandt devait se soumettre à la « réalité arithmétique », affirmant qu’« elle a récolté moins de voix que le vingtième candidat de notre liste ».
Vérification faite, l’affirmation est absolument inexacte : elle a obtenu presque le même score que le quatrième élu de la liste libérale. Avec ce genre de petits mensonges populistes, Georges-Louis Bouchez montre surtout qu’il n’entend pas respecter le délicat système d’équilibre entre les majorités flamande et francophone. « La majorité doit s’exprimer », s’écrie-t-il. « Pour les francophones, Good Move doit disparaître ! » Ce faisant, il communautarise le débat, comme si la ministre flamande voulait imposer sa vision de la mobilité au reste de la ville.
Pour les négociations avec les Flamands, ça promet… Belgiciste, mais ignorant le néerlandais, Georges-Louis Bouchez montre ce que ces derniers peuvent attendre de lui.
Lire aussi:
[1]Plan Good Move : un imbroglio qui vire à la lutte des classes
On se rappellera le curieux incident survenu il y a deux ans au sein du gouvernement wallon, où Georges-Louis Bouchez a pu illustrer magistralement sa vision de la mobilité. Alors ministre (libéral) du budget, Jean-Luc Crucke, parfaitement conscient de la situation financière précaire de sa région, avait pris des mesures de lutte contre la fraude fiscale, et notamment contre les propriétaires de SUV qui enregistraient à tort leur lourd véhicule comme « Utilitaire », ne payant ainsi que 10 % de la charge fiscale obligatoire. Par deux fois, le MR avait approuvé ces propositions, jusqu’au jour où le président Bouchez décida, sans prévenir, d’y faire obstacle.
Au moins, il se montra honnête, qualifiant ouvertement la répression de la fraude de manœuvres d’« intimidation » visant son électorat. Jean-Luc Crucke – qui allait passer peu après sous la bannière des Engagés – dut alors trouver un expédient, à la demande de son président, pour épargner les propriétaires de SUV.
Ce fut probablement l’un des prétextes les plus créatifs jamais trouvés pour blanchir le comportement de fraudeurs : on exhuma un vieux règlement accordant à chaque habitant de Wallonie le droit, au moins 30 fois par an, d’aller couper du bois dans les forêts ardennaises et de le transporter jusqu’à son domicile. Impossible, avec une voiture ordinaire. Ce fut donc l’excuse qui justifia le traitement fiscal avantageux des SUV non professionnels, sur quoi Georges-Louis Bouchez, ayant recueilli les applaudissements de ses partisans fraudeurs, put aller, satisfait, faire un tour à Francorchamps.
Le président libéral ne vit pas à Bruxelles, mais il entend y faire valoir son point de vue sur la mobilité. Pour faciliter l’entrée et la sortie rapides de la ville, on a mutilé Bruxelles en y construisant tunnels et autoroutes urbaines. « Nous allons rouvrir des places et des rues qui ont été fermées », proclame déjà Georges-Louis Bouchez. Peut-être pourrait-il se joindre aux adeptes de rodéos urbains illégaux qui terrorisent depuis des années les quartiers de l’Atomium et de Schaerbeek ? Ou former une sainte alliance avec les communistes du PTB, pour qui Good Move n’est qu’une attaque perpétrée contre les travailleurs ?
« Nous allons revoir toute la théorie qui sous-tend ce plan, de manière à redonner pour que les gens puissent à nouveau respirer », conclut-il. Mieux respirer en accordant davantage de place à la voiture : bienvenue dans la réalité alternative de Georges-Louis Bouchez.
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/plan-good-move-un-imbroglio-qui-vire-a-la-lutte-des-classes/