Si le prochain gouvernement fédéral entreprend, par la force des choses, d’assainir les finances publiques, ce ne sera pas par autodiscipline, mais parce que l’Europe serre à nouveau la vis en matière de discipline budgétaire. Il ne s’agit pas d’une décision dictée par des technocrates non élus, mais d’un accord approuvé par le Parlement européen et l’ensemble des gouvernements de l’Union — c’est-à-dire, dans les deux cas, les représentants que les électeurs européens ont portés au pouvoir.

Cette élection européenne, celle à laquelle les électeurs s’intéressent le moins, est pourtant le plus important des scrutins. Car c’est l’Europe qui fixe le cadre dans lequel prennent corps la plupart des textes législatifs nationaux. Que ce soit dans le domaine de l’immigration, du climat, du commerce international, de la concurrence, de l’agriculture, de la nature, etc., la nouvelle composition du Parlement européen fixera le cap que suivront les États membres. Ce sont les choix du 9 juin qui détermineront les responsables chargés de formuler une réponse à l’éventuelle réélection de Donald Trump aux États-Unis ; à la question de savoir si l’Europe, le cas échéant, continuera de soutenir l’Ukraine seule contre l’agression russe ; à la question des relations qu’il convient d’entretenir avec la Chine, surtout en cas de confrontation totale avec les États-Unis ; et, surtout, à la question du traitement à réserver aux chevaux de Troie qui, au sein de l’Europe, cherchent à saper certains des fondements libéraux de l’UE.

[1]Quiz: reconnaîtrez-vous les slogans des partis flamands?

Les cartes semblent déjà avoir été distribuées, du moins en partie : les priorités de la prochaine Commission seront la défense, la politique industrielle et l’immigration. Les sondages prévoient par ailleurs — c’est une quasi-certitude — un effondrement des libéraux et des écologistes au profit des conservateurs et de l’extrême droite. Mais on ignore, à ce stade, la forme que prendront ces groupes dans la nouvelle législature. Marine Le Pen vient de faire exclure du groupe d’extrême droite Identité et Démocratie (ID) le parti allemand AfD, accusé d’exalter le nazisme outre mesure. Un groupe auquel appartient également le Vlaams Belang et dans lequel pourrait trouver refuge le Fidesz de Viktor Orbán, ce qui ferait d’ID le foyer assumé de l’amicale poutinienne.

Giorgia Meloni, pour sa part, est en bonne voie de devenir le la nouvelle cheffe de file du groupe des Conservateurs et Réformistes, auquel appartient également la N-VA — sans compter que la Première ministre italienne s’entend bien avec Ursula von der Leyen, à la tête des démocrates-chrétiens du Parti populaire européen. Faut-il donc s’attendre, en définitive, à un déplacement des conservateurs vers le centre ou à une droitisation des démocrates-chrétiens ? Voilà d’autres questions auxquelles répondront les rapports de force qui se dessineront à l’issue du vote du 9 juin — une journée dont les principaux enjeux devraient être non seulement la victoire de la droite, mais aussi les contours de sa recomposition.

[2]Dring Dring #4 : quelles sont les priorités des Flamands à la veille des élections?



[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/quiz-reconnaitrez-vous-les-slogans-des-partis-flamands/

[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/dring-dring-4-quelles-sont-les-priorites-des-flamands-a-la-veille-des-elections/