Oui, il existe encore et toujours de nombreux Belges « modérés »
([Opinions, Politique] 2024-05-01 (De Morgen))
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- News link: https://daardaar.be/rubriques/politique/oui-il-existe-encore-et-toujours-de-nombreux-belges-moderes/
- Source link: https://www.demorgen.be/meningen/goed-nieuws-de-gematigde-belg-bestaat~b102bfca/
Il est parfois difficile de croire — surtout en période électorale — en l’existence de modérés au sein de notre pays : des Belges capables de bien s’entendre avec des connaissances, des amis, des collègues ou des membres de leur famille dont les convictions sont aux antipodes des leurs ; des citoyens qui acceptent que les autres puissent avoir une autre vision du monde ; des électeurs qui savent, en leur for intérieur, que ces personnes peuvent faire de bons amis, des proches sur lesquels compter ou des collègues respectables — parce qu’une personnalité ne se résume pas aux opinions politiques.
Le cirque politique actuel et le modèle économique des réseaux sociaux laissent à penser que ces Belges n’existent pas, que le monde ne serait qu’un grand combat de boxe : droite contre gauche, wokisme contre conservatisme, Wallons contre Flamands, etc. À cet égard, les sociologues mettent en garde contre les dérives observées aux États-Unis, où la polarisation dégénère à ce point que des familles se déchirent : démocrates d’un côté, républicains de l’autre. Mais dans nos contrées, le phénomène n’est pas aussi prégnant que l’on pourrait le croire. De nouvelles études (menées par l’ULB, la KU Leuven, l’Université de Gand et l’Université d’Anvers) révèlent en effet que la Belgique est encore épargnée par cet affrontement à l’américaine et que les Belges, en moyenne, sont moins polarisés que les Néerlandais ou les Français.
À la question de savoir si le vote d’une personne peut faire obstacle à des liens d’amitié profonds, la plupart des Belges répondent par la négative. De plus, cette polarisation ne s’est pas accentuée au cours des cinq dernières années. Une nouvelle encourageante, qui cadre du reste avec d’autres études dont il ressort que la plupart des électeurs se situent au « centre » de l’échiquier politique. Pas assez bruyants pour couvrir le vacarme ambiant, ils ne se font pas remarquer la plupart du temps — mais ils sont bien là.
Les responsables politiques qui participent à la dynamique du « nous contre eux » doivent se rendre compte que des pans entiers de l’électorat ne se retrouvent pas dans cette rhétorique.
Sur une note moins positive, on observe que les électeurs du Vlaams Belang sont ceux qui, le plus souvent, éprouvent de l’aversion pour les sympathisants d’autres partis et qui, inversement, sont les plus méprisés — une hostilité qui tient davantage de l’affect que de la divergence de vues.
Il existe donc une catégorie non négligeable de Flamands — et elle est au cœur de la polarisation — qui sont essentiellement mus par la haine des autres et suscitent eux-mêmes de l’animosité.
[1]Quel est le rôle du Parlement flamand ? Et quel impact ont les députés sur la vie quotidienne des Flamands ?
Les chercheurs indiquent que ce phénomène n’a pas émergé ex nihilo : on n’adopte pas « spontanément » une mentalité qui consiste pour l’essentiel à attaquer et à rejeter les autres.
Cette attitude s’explique principalement par le fait qu’un certain parti fait de cet antagonisme son cheval de bataille et distille habilement son idéologie au travers de petites phrases et de vidéos simples et accessibles. « Le fait que le Vlaams Belang s’emploie aussi à attiser ces dissensions en ligne peut être un facteur d’explication », analyse la chercheuse Emilie van Haute (ULB).
Dans une chronique parue dans l’hebdomadaire Vrij Nederland , Frans Timmermans, le chef de file des travaillistes néerlandais, résume les choses en termes moins diplomatiques : « La haine n’est pas innée, mais acquise. » C’est précisément ce que font les responsables politiques qui épousent ce discours polarisant : instiller la haine. Et ceux qui rejettent les autres par avance parce qu’ils n’ont pas les « bonnes opinions » leur emboîtent le pas. L’autre, avec ses « mauvaises » opinions, est avant tout quelqu’un à qui l’on a inculqué la haine.
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Le cirque politique actuel et le modèle économique des réseaux sociaux laissent à penser que ces Belges n’existent pas, que le monde ne serait qu’un grand combat de boxe : droite contre gauche, wokisme contre conservatisme, Wallons contre Flamands, etc. À cet égard, les sociologues mettent en garde contre les dérives observées aux États-Unis, où la polarisation dégénère à ce point que des familles se déchirent : démocrates d’un côté, républicains de l’autre. Mais dans nos contrées, le phénomène n’est pas aussi prégnant que l’on pourrait le croire. De nouvelles études (menées par l’ULB, la KU Leuven, l’Université de Gand et l’Université d’Anvers) révèlent en effet que la Belgique est encore épargnée par cet affrontement à l’américaine et que les Belges, en moyenne, sont moins polarisés que les Néerlandais ou les Français.
À la question de savoir si le vote d’une personne peut faire obstacle à des liens d’amitié profonds, la plupart des Belges répondent par la négative. De plus, cette polarisation ne s’est pas accentuée au cours des cinq dernières années. Une nouvelle encourageante, qui cadre du reste avec d’autres études dont il ressort que la plupart des électeurs se situent au « centre » de l’échiquier politique. Pas assez bruyants pour couvrir le vacarme ambiant, ils ne se font pas remarquer la plupart du temps — mais ils sont bien là.
Les responsables politiques qui participent à la dynamique du « nous contre eux » doivent se rendre compte que des pans entiers de l’électorat ne se retrouvent pas dans cette rhétorique.
Sur une note moins positive, on observe que les électeurs du Vlaams Belang sont ceux qui, le plus souvent, éprouvent de l’aversion pour les sympathisants d’autres partis et qui, inversement, sont les plus méprisés — une hostilité qui tient davantage de l’affect que de la divergence de vues.
Il existe donc une catégorie non négligeable de Flamands — et elle est au cœur de la polarisation — qui sont essentiellement mus par la haine des autres et suscitent eux-mêmes de l’animosité.
[1]Quel est le rôle du Parlement flamand ? Et quel impact ont les députés sur la vie quotidienne des Flamands ?
Les chercheurs indiquent que ce phénomène n’a pas émergé ex nihilo : on n’adopte pas « spontanément » une mentalité qui consiste pour l’essentiel à attaquer et à rejeter les autres.
Cette attitude s’explique principalement par le fait qu’un certain parti fait de cet antagonisme son cheval de bataille et distille habilement son idéologie au travers de petites phrases et de vidéos simples et accessibles. « Le fait que le Vlaams Belang s’emploie aussi à attiser ces dissensions en ligne peut être un facteur d’explication », analyse la chercheuse Emilie van Haute (ULB).
Dans une chronique parue dans l’hebdomadaire Vrij Nederland , Frans Timmermans, le chef de file des travaillistes néerlandais, résume les choses en termes moins diplomatiques : « La haine n’est pas innée, mais acquise. » C’est précisément ce que font les responsables politiques qui épousent ce discours polarisant : instiller la haine. Et ceux qui rejettent les autres par avance parce qu’ils n’ont pas les « bonnes opinions » leur emboîtent le pas. L’autre, avec ses « mauvaises » opinions, est avant tout quelqu’un à qui l’on a inculqué la haine.