Elections 2024: huit Flamands sur dix veulent moins de migrants
([Politique, Société] 2024-04-01 (Het Laatste Nieuws))
- Reference: 2024-04_josue-isai-ramos-figueroa-qvBYnMuNJ9A-unsplash-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/societe/elections-2024-huit-flamands-sur-dix-veulent-moins-de-migrants/
- Source link: https://www.hln.be/binnenland/vlaamse-verdeeldheid-over-migratie-peiling-onthult-kloof-tussen-publiek-en-politiek~a677bde0/
Le Flamand se montre dur envers les nouveaux arrivants. Près de deux tiers des personnes interrogées se disent opposées à la création de centres d’accueil supplémentaires, huit sur dix veulent limiter l’arrivée d’immigrés et une petite majorité souhaiterait que l’on octroie moins de droits sociaux aux personnes jouissant du statut de réfugié. Le monde politique marche aussi sur des œufs, surtout au CD&V et chez Vooruit, que le sujet divise en interne.
« Souhaitez-vous accorder aux personnes bénéficiant du statut de réfugié moins de droits qu’aux autres citoyens ? » Cette question du sondage mené par l’institut iVOX divise les Flamands. Une faible majorité de 50,6 % se dit d’accord avec cette position, tandis que 37,3 % des sondés marquent leur désaccord et 12 % ne se prononcent pas. Bloquer la sécurité sociale pour les étrangers, c’est toutefois plus facile à dire qu’à faire. Ces dernières années, les tentatives régulières en ce sens se sont heurtées à la Cour constitutionnelle. En effet, les discriminations basées sur la nationalité ne sont pas autorisées. Ainsi, l’exécutif fédéral a été rappelé à l’ordre alors qu’il envisageait de limiter les allocations pour personnes handicapées et les pensions complémentaires des migrants séjournant légalement dans le pays depuis moins de dix ans. Quant au gouvernement flamand, il n’est pas parvenu à limiter les budgets des soins de santé pour la même catégorie de population.
Le minimum vital
Toute personne reconnue comme réfugiée dans notre pays a droit, en première instance, à un revenu d’intégration et aux allocations familiales. Ce revenu d’intégration s’élève à 1 265 euros par mois pour les célibataires et à 842 euros pour les cohabitants. Pour chaque enfant, la Flandre octroie de 180 à 220 euros d’allocations familiales, ainsi que des allocations sociales. Les réfugiés reconnus peuvent séjourner et travailler au moins cinq ans en Belgique. Les 70 000 réfugiés ukrainiens présents dans notre pays, qui jouissent d’un statut spécial et protégé, perçoivent un revenu d’intégration dit « équivalent » et des allocations familiales, aux montants presque identiques. Eux aussi, ils ont le droit de vivre ici et disposent d’un accès libre à nos soins de santé.
Il faut savoir qu’une procédure d’asile peut facilement traîner durant deux ans. Pendant ce temps-là, les migrants séjournent dans un centre d’accueil collectif, et parfois dans un logement individuel appartenant à l’État. Ils ont droit au minimum vital : nourriture, soins médicaux et accompagnement social. Chaque semaine, ils reçoivent 9,50 euros d’argent de poche et 60 euros pour subvenir à leurs besoins. Ces dernières années, le gouvernement fédéral a sensiblement augmenté la capacité d’accueil, passant de 27 000 à 35 000 places, mais ce n’est pas suffisant. Cependant, le Flamand se montre sévère quant à la création de places supplémentaires : à peine 28,9 % y sont favorables, pour 62,3 % qui ne veulent pas créer la moindre place, et 8,8 % qui n’ont pas d’avis tranché. De plus, 78 % des Flamands souhaitent que notre pays limite l’arrivée de migrants. Une petite minorité ne souhaite instaurer aucun quota, et 6 % se disent sans avis. Quant aux migrants qui séjournent et travaillent légalement dans notre pays, les Flamands aimeraient qu’ils se tiennent à carreau : 57 % d’entre eux estiment qu’on ne devrait pas pouvoir porter de voile sur le lieu de travail, contre 37 % qui n’y voient aucun inconvénient. 8,8 % des répondants n’ont pas d’avis sur la question.
L’immigration divise les Flamands, mais aussi leurs représentants politiques. Au sein des partis traditionnels, il est même difficile de choisir son camp. Récemment, nous avons demandé aux têtes de liste de chaque parti de remplir séparément le sondage. Les résultats n’ont rien de surprenant : à gauche, le PVDA (PTB) et Groen plaident pour une augmentation des droits sociaux et des places dans les centres d’accueil. À droite, la N-VA et le Vlaams Belang freinent des quatre fers et plaident en faveur d’un quota d’immigration et d’une interdiction du port du voile.
Chez Vooruit, en revanche, les avis sont plus partagés : la présidente Melissa Depraetere et la très populaire échevine anversoise Jinnih Beels s’opposent à la limitation des droits sociaux pour les réfugiés reconnus, alors que Joris Vandenbroucke et Bruno Tobback indiquent y être favorables. Depraetere nuance cette divergence d’opinions : les nouveaux arrivants peuvent bénéficier des mêmes droits, mais uniquement s’ils montrent une volonté de s’intégrer, par exemple en apprenant le néerlandais et en trouvant un travail. C’est pourquoi nous proposons de leur octroyer, en lieu et place d’un revenu d’intégration, une « aide à l’intégration », réservée exclusivement à ceux qui s’intègrent activement, apprennent la langue et cherchent du travail.
Les mêmes divergences divisent le CD&V : le président, Sammy Mahdi, et le ministre flamand du Travail, Jo Brouns, souhaitent octroyer moins de droits sociaux, contrairement à Annelies Verlinden et à la députée Nawal Farih. Mahdi insiste sur la manière dont on interprète la question : nous laissons à chaque membre du parti la liberté de s’exprimer sur des questions spécifiques. Je souhaiterais cependant que nous abordions l’immigration avec plus de fermeté.
Ces oppositions se marquent également au sujet des places d’accueil supplémentaires. Chez Vooruit, Depraetere et Beels s’opposent à la création de places, tandis que Frank Vandenbroucke et Freya Van den Bossche s’y disent favorables. Depraetere argumente son choix : en comparaison avec d’autres pays européens, nous accueillons trop de demandeurs d’asile. Nous devons veiller à ce que moins de personnes frappent à notre porte, car une fois sur le territoire, elles doivent être mieux accueillies qu’aujourd’hui.
Le CD&V est également divisé sur la question des quotas d’immigrés. Jo Brouns et Vincent Van Peteghem y sont favorables, mais Sammy Mahdi, Nicole de Moor et Nawal Farih y sont défavorables. Mahdi : « J’émets quand même des réserves. L’immigration, c’est un concept très large. Il faut essayer de limiter le nombre de demandeurs d’asile et de migrants économiques. En vertu du pacte européen sur la migration, si la Belgique accueillait 24 000 personnes de moins, nous remplirions encore notre part du contrat. Cependant, il ne serait pas malin de limiter le nombre d’étudiants internationaux ou de conjoints dans le cadre de regroupements familiaux. »
Sur la question du port du voile, Vooruit et le CD&V sont gênés aux entournures. Freya Van den Bossche (Vooruit) et Hilde Crevits (CD&V) sont les seules personnalités de premier plan du parti à s’exprimer en défaveur du droit de porter le voile sur tout lieu de travail.
Puis, il y a l’Open Vld : en général, le parti se montre moins divisé en matière de migration. Il n’en reste pas moins que le président, Tom Ongena, ne souhaite pas octroyer moins de droits sociaux aux réfugiés reconnus, mais d’autres libéraux bien. Toutefois, la présidente du Sénat Stephanie D’Hose plaide pour une augmentation des capacités d’accueil : « Je suis confrontée personnellement à cette dure réalité en tant que tutrice d’un réfugié mineur. Pour eux, il faut même en faire davantage : en plus de leur offrir un lieu d’accueil digne de ce nom, nous devons mieux intégrer ces jeunes dans notre système. S’ils bénéficient d’un enseignement de qualité, notre société bénéficiera plus vite de leur implication. »
« Souhaitez-vous accorder aux personnes bénéficiant du statut de réfugié moins de droits qu’aux autres citoyens ? » Cette question du sondage mené par l’institut iVOX divise les Flamands. Une faible majorité de 50,6 % se dit d’accord avec cette position, tandis que 37,3 % des sondés marquent leur désaccord et 12 % ne se prononcent pas. Bloquer la sécurité sociale pour les étrangers, c’est toutefois plus facile à dire qu’à faire. Ces dernières années, les tentatives régulières en ce sens se sont heurtées à la Cour constitutionnelle. En effet, les discriminations basées sur la nationalité ne sont pas autorisées. Ainsi, l’exécutif fédéral a été rappelé à l’ordre alors qu’il envisageait de limiter les allocations pour personnes handicapées et les pensions complémentaires des migrants séjournant légalement dans le pays depuis moins de dix ans. Quant au gouvernement flamand, il n’est pas parvenu à limiter les budgets des soins de santé pour la même catégorie de population.
Le minimum vital
Toute personne reconnue comme réfugiée dans notre pays a droit, en première instance, à un revenu d’intégration et aux allocations familiales. Ce revenu d’intégration s’élève à 1 265 euros par mois pour les célibataires et à 842 euros pour les cohabitants. Pour chaque enfant, la Flandre octroie de 180 à 220 euros d’allocations familiales, ainsi que des allocations sociales. Les réfugiés reconnus peuvent séjourner et travailler au moins cinq ans en Belgique. Les 70 000 réfugiés ukrainiens présents dans notre pays, qui jouissent d’un statut spécial et protégé, perçoivent un revenu d’intégration dit « équivalent » et des allocations familiales, aux montants presque identiques. Eux aussi, ils ont le droit de vivre ici et disposent d’un accès libre à nos soins de santé.
Il faut savoir qu’une procédure d’asile peut facilement traîner durant deux ans. Pendant ce temps-là, les migrants séjournent dans un centre d’accueil collectif, et parfois dans un logement individuel appartenant à l’État. Ils ont droit au minimum vital : nourriture, soins médicaux et accompagnement social. Chaque semaine, ils reçoivent 9,50 euros d’argent de poche et 60 euros pour subvenir à leurs besoins. Ces dernières années, le gouvernement fédéral a sensiblement augmenté la capacité d’accueil, passant de 27 000 à 35 000 places, mais ce n’est pas suffisant. Cependant, le Flamand se montre sévère quant à la création de places supplémentaires : à peine 28,9 % y sont favorables, pour 62,3 % qui ne veulent pas créer la moindre place, et 8,8 % qui n’ont pas d’avis tranché. De plus, 78 % des Flamands souhaitent que notre pays limite l’arrivée de migrants. Une petite minorité ne souhaite instaurer aucun quota, et 6 % se disent sans avis. Quant aux migrants qui séjournent et travaillent légalement dans notre pays, les Flamands aimeraient qu’ils se tiennent à carreau : 57 % d’entre eux estiment qu’on ne devrait pas pouvoir porter de voile sur le lieu de travail, contre 37 % qui n’y voient aucun inconvénient. 8,8 % des répondants n’ont pas d’avis sur la question.
Des partis divisés
L’immigration divise les Flamands, mais aussi leurs représentants politiques. Au sein des partis traditionnels, il est même difficile de choisir son camp. Récemment, nous avons demandé aux têtes de liste de chaque parti de remplir séparément le sondage. Les résultats n’ont rien de surprenant : à gauche, le PVDA (PTB) et Groen plaident pour une augmentation des droits sociaux et des places dans les centres d’accueil. À droite, la N-VA et le Vlaams Belang freinent des quatre fers et plaident en faveur d’un quota d’immigration et d’une interdiction du port du voile.
Chez Vooruit, en revanche, les avis sont plus partagés : la présidente Melissa Depraetere et la très populaire échevine anversoise Jinnih Beels s’opposent à la limitation des droits sociaux pour les réfugiés reconnus, alors que Joris Vandenbroucke et Bruno Tobback indiquent y être favorables. Depraetere nuance cette divergence d’opinions : les nouveaux arrivants peuvent bénéficier des mêmes droits, mais uniquement s’ils montrent une volonté de s’intégrer, par exemple en apprenant le néerlandais et en trouvant un travail. C’est pourquoi nous proposons de leur octroyer, en lieu et place d’un revenu d’intégration, une « aide à l’intégration », réservée exclusivement à ceux qui s’intègrent activement, apprennent la langue et cherchent du travail.
Les mêmes divergences divisent le CD&V : le président, Sammy Mahdi, et le ministre flamand du Travail, Jo Brouns, souhaitent octroyer moins de droits sociaux, contrairement à Annelies Verlinden et à la députée Nawal Farih. Mahdi insiste sur la manière dont on interprète la question : nous laissons à chaque membre du parti la liberté de s’exprimer sur des questions spécifiques. Je souhaiterais cependant que nous abordions l’immigration avec plus de fermeté.
Ces oppositions se marquent également au sujet des places d’accueil supplémentaires. Chez Vooruit, Depraetere et Beels s’opposent à la création de places, tandis que Frank Vandenbroucke et Freya Van den Bossche s’y disent favorables. Depraetere argumente son choix : en comparaison avec d’autres pays européens, nous accueillons trop de demandeurs d’asile. Nous devons veiller à ce que moins de personnes frappent à notre porte, car une fois sur le territoire, elles doivent être mieux accueillies qu’aujourd’hui.
Des sujets sensibles
Le CD&V est également divisé sur la question des quotas d’immigrés. Jo Brouns et Vincent Van Peteghem y sont favorables, mais Sammy Mahdi, Nicole de Moor et Nawal Farih y sont défavorables. Mahdi : « J’émets quand même des réserves. L’immigration, c’est un concept très large. Il faut essayer de limiter le nombre de demandeurs d’asile et de migrants économiques. En vertu du pacte européen sur la migration, si la Belgique accueillait 24 000 personnes de moins, nous remplirions encore notre part du contrat. Cependant, il ne serait pas malin de limiter le nombre d’étudiants internationaux ou de conjoints dans le cadre de regroupements familiaux. »
Sur la question du port du voile, Vooruit et le CD&V sont gênés aux entournures. Freya Van den Bossche (Vooruit) et Hilde Crevits (CD&V) sont les seules personnalités de premier plan du parti à s’exprimer en défaveur du droit de porter le voile sur tout lieu de travail.
Puis, il y a l’Open Vld : en général, le parti se montre moins divisé en matière de migration. Il n’en reste pas moins que le président, Tom Ongena, ne souhaite pas octroyer moins de droits sociaux aux réfugiés reconnus, mais d’autres libéraux bien. Toutefois, la présidente du Sénat Stephanie D’Hose plaide pour une augmentation des capacités d’accueil : « Je suis confrontée personnellement à cette dure réalité en tant que tutrice d’un réfugié mineur. Pour eux, il faut même en faire davantage : en plus de leur offrir un lieu d’accueil digne de ce nom, nous devons mieux intégrer ces jeunes dans notre système. S’ils bénéficient d’un enseignement de qualité, notre société bénéficiera plus vite de leur implication. »