Élections: Groen cherche à rattraper le fiasco de 2019 avec une taxe sur les millionnaires
([Politique] 2024-03-01 (De Morgen))
- Reference: 2024-03_Belgaimage-89300075-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/politique/elections-groen-cherche-a-rattraper-le-fiasco-de-2019-avec-une-taxe-sur-les-millionnaires/
- Source link: https://www.demorgen.be/politiek/heeft-groen-geleerd-uit-de-rampzalige-campagne-van-2019-de-onzekerheid-die-er-was-ingeslopen-is-eruit~b65018eb/
En accusant la formation d’être un « parti de riches », l’analyse menée en interne à l’issue de l’échec électoral de 2019 avait vu juste. Cette fois, les écologistes flamands jouent donc à plein la carte sociale, notamment en réclamant une taxe frappant les millionnaires.
Proposer des transports en commun de meilleure qualité et plus abordables ; végétaliser tous les quartiers ; faire baisser le prix des énergies vertes ; faire payer aux plus gros pollueurs — c’est-à-dire les entreprises — le coût de la crise climatique : voilà les quatre premiers axes de la campagne de Groen, sur une liste de douze priorités que le parti a présentées samedi dernier. Groen reste donc engagé en faveur du climat, mais entend proposer davantage.
Face à quelques centaines de sympathisants, Nadia Naji et Jeremie Vaneeckhout ont appelé explicitement à l’instauration d’une taxe sur les millionnaires — une proposition déjà mise en avant par le PTB. Groen vise ainsi le 1 % des Belges les plus riches, c’est-à-dire ceux qui disposent d’un capital net supérieur à 2,5 millions d’euros. « Il est plus logique de les faire contribuer davantage que de rogner sur les soins de santé ou la sécurité sociale », résume Jeremie Vaneeckhout.
[1]Qui est Nadia Naji, la co-présidente de Groen qui ne voulait pas juste « rester une bougnoule »?
Les écologistes souhaitent également porter le niveau de l’ensemble des allocations et des pensions au-dessus du seuil de pauvreté et, grâce à une réforme fiscale, faire en sorte qu’il reste plus d’argent à tous les travailleurs à la fin du mois. L’enseignement doit être entièrement gratuit pour tout le monde jusqu’à dix-huit ans, les soignants mieux rémunérés, les listes d’attente pour les soins psychologiques raccourcies et les travailleurs pouvoir s’accorder davantage de temps libre. Autrement dit, Groen souhaite réintroduire le crédit-temps sans motif et élargir les régimes de congé existants.
Des projets ambitieux, comme il se doit dans le cadre d’une campagne, mais surtout extrêmement coûteux. Comment Groen compte-t-il les financer, au juste ? « Notre projet, comme celui des autres partis, a été soumis au Bureau du plan pour être chiffré », explique Jeremie Vaneeckhout. « Mais son cœur, c’est la taxe sur les millionnaires, progressive en fonction du patrimoine, la lutte contre la fraude sociale et la réduction graduelle des subventions accordées aux combustibles fossiles, qui s’élèvent actuellement à 20 milliards d’euros par an — excusez du peu. »
À première vue, il n’est pas illogique qu’un parti de gauche se positionne avec autant de résolution sur le créneau social. En l’espèce, c’est pourtant plus que remarquable. Car en 2019, Groen n’occupait pas du tout ce terrain-là : il exploitait à fond la carte du climat. Le parti espérait surfer sur les vagues créées par les très populaires marches pour le climat, emmenées par Anuna De Wever, dont il n’est finalement resté, à l’issue du scrutin, que de faibles ondulations, loin du tsunami escompté par les verts.
Ces élections-là, le 26 mai, se sont soldées par une immense déception : oubliés, les 15 % ou plus, Groen dépassait à peine la barre des 10 %. Impitoyable, l’analyse livrée a posteriori par l’ancien président du parti, Wouter Van Besien, touchait au cœur du problème : Groen était un parti de riches. Il résuma l’échec de cette campagne par un slogan : « Si t’as de l’argent, vote pour Groen ». D’autres membres du parti lui emboîtèrent le pas : la formation aurait dû, sans complexes, se donner un cap social et de gauche.
[2]Les jeunes Groen rappelés à l’ordre pour un tweet visant « les hommes blancs »
Est-ce pour cette raison que les écologistes brandissent désormais le plus symbolique des symboles, la taxe sur les millionnaires ? Jeremie Vaneeckhout, vice-président de Meyrem Almaci à l’époque, tient à nuancer. « Pour nous, le portefeuille et la planète sont indissociables. Comment donner aux personnes qui souhaitent participer à la transition climatique la possibilité de le faire ? Ce virage doit être accessible à tous ceux qui veulent le prendre et il appartient à l’État de faire en sorte qu’il le soit. C’était déjà notre point de départ en 2019, mais nous ne sommes pas totalement parvenus, à l’époque, à faire passer le message.
C’est le moins que l’on puisse dire : tout le monde a encore en mémoire les images de Kristof Calvo, ponte du parti s’il en est, qui s’était retrouvé, face à un journaliste de la VRT l’interrogeant sur ce sujet épineux, incapable d’exposer les propositions des écologistes visant à supprimer les voitures de société — anéantissant ainsi la campagne de son parti en une seule interview.
Jeremie Vaneeckhout se défend pourtant de chercher à surmonter un quelconque traumatisme en faisant la part belle au volet social. « Ce qui a changé, c’est que nous avons arrêté de nous cacher dans notre coin lorsqu’on cherche à nous caricaturer. La confiance est de retour, je le remarque aussi chez les militants : l’incertitude qui s’était installée après 2019 a disparu. »
Ce changement de braquet — du moins sur le plan de la communication — est frappant, analyse Peter Van Aelst, politologue à l’Université d’Anvers. Mais il est également logique, estime le professeur, qui a fait des campagnes électorales son objet d’étude. « Cette transformation est à l’œuvre depuis quelque temps déjà : que l’on songe au logo du parti, qui est passé, en quelques années, de vert à arc-en-ciel. C’est une manière de dire “Nous traitons d’autres sujets que l’écologie” ».
Les verts peuvent se le permettre, ajoute le spécialiste. « Leur appropriation des enjeux climatiques n’est pas menacée. Les électeurs qui votent en fonction de l’écologie savent à quoi s’attendre. Le parti a donc toute latitude pour élargir les thématiques qu’il aborde. Et il faut dire que le sujet des inégalités engendre d’énormes frustrations dans la société. Les électeurs de gauche qui, auparavant, hésitaient entre Vooruit et Groen peuvent désormais être séduits par le PTB. Le fait que Groen entre également dans cette arène n’a rien d’insensé. Bien au contraire : sur le plan politique, étant donné que le centre est déjà saturé, ce peut être un moyen de mieux se distinguer. »
[3]Nadia Naji (Groen) : “Je ne fais pas partie des électeurs ‘classiques’ de Groen”
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/qui-est-nadia-naji-la-co-presidente-de-groen-qui-ne-voulait-pas-juste-rester-une-bougnoule/
[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/les-jeunes-groen-rappeles-a-lordre-pour-un-tweet-visant-les-hommes-blancs/
[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/nadia-naji-groen-je-ne-fais-pas-partie-des-electeurs-classiques-de-groen/
Proposer des transports en commun de meilleure qualité et plus abordables ; végétaliser tous les quartiers ; faire baisser le prix des énergies vertes ; faire payer aux plus gros pollueurs — c’est-à-dire les entreprises — le coût de la crise climatique : voilà les quatre premiers axes de la campagne de Groen, sur une liste de douze priorités que le parti a présentées samedi dernier. Groen reste donc engagé en faveur du climat, mais entend proposer davantage.
Face à quelques centaines de sympathisants, Nadia Naji et Jeremie Vaneeckhout ont appelé explicitement à l’instauration d’une taxe sur les millionnaires — une proposition déjà mise en avant par le PTB. Groen vise ainsi le 1 % des Belges les plus riches, c’est-à-dire ceux qui disposent d’un capital net supérieur à 2,5 millions d’euros. « Il est plus logique de les faire contribuer davantage que de rogner sur les soins de santé ou la sécurité sociale », résume Jeremie Vaneeckhout.
[1]Qui est Nadia Naji, la co-présidente de Groen qui ne voulait pas juste « rester une bougnoule »?
Les écologistes souhaitent également porter le niveau de l’ensemble des allocations et des pensions au-dessus du seuil de pauvreté et, grâce à une réforme fiscale, faire en sorte qu’il reste plus d’argent à tous les travailleurs à la fin du mois. L’enseignement doit être entièrement gratuit pour tout le monde jusqu’à dix-huit ans, les soignants mieux rémunérés, les listes d’attente pour les soins psychologiques raccourcies et les travailleurs pouvoir s’accorder davantage de temps libre. Autrement dit, Groen souhaite réintroduire le crédit-temps sans motif et élargir les régimes de congé existants.
Des projets ambitieux, comme il se doit dans le cadre d’une campagne, mais surtout extrêmement coûteux. Comment Groen compte-t-il les financer, au juste ? « Notre projet, comme celui des autres partis, a été soumis au Bureau du plan pour être chiffré », explique Jeremie Vaneeckhout. « Mais son cœur, c’est la taxe sur les millionnaires, progressive en fonction du patrimoine, la lutte contre la fraude sociale et la réduction graduelle des subventions accordées aux combustibles fossiles, qui s’élèvent actuellement à 20 milliards d’euros par an — excusez du peu. »
Le portefeuille et la planète
À première vue, il n’est pas illogique qu’un parti de gauche se positionne avec autant de résolution sur le créneau social. En l’espèce, c’est pourtant plus que remarquable. Car en 2019, Groen n’occupait pas du tout ce terrain-là : il exploitait à fond la carte du climat. Le parti espérait surfer sur les vagues créées par les très populaires marches pour le climat, emmenées par Anuna De Wever, dont il n’est finalement resté, à l’issue du scrutin, que de faibles ondulations, loin du tsunami escompté par les verts.
Ces élections-là, le 26 mai, se sont soldées par une immense déception : oubliés, les 15 % ou plus, Groen dépassait à peine la barre des 10 %. Impitoyable, l’analyse livrée a posteriori par l’ancien président du parti, Wouter Van Besien, touchait au cœur du problème : Groen était un parti de riches. Il résuma l’échec de cette campagne par un slogan : « Si t’as de l’argent, vote pour Groen ». D’autres membres du parti lui emboîtèrent le pas : la formation aurait dû, sans complexes, se donner un cap social et de gauche.
[2]Les jeunes Groen rappelés à l’ordre pour un tweet visant « les hommes blancs »
Est-ce pour cette raison que les écologistes brandissent désormais le plus symbolique des symboles, la taxe sur les millionnaires ? Jeremie Vaneeckhout, vice-président de Meyrem Almaci à l’époque, tient à nuancer. « Pour nous, le portefeuille et la planète sont indissociables. Comment donner aux personnes qui souhaitent participer à la transition climatique la possibilité de le faire ? Ce virage doit être accessible à tous ceux qui veulent le prendre et il appartient à l’État de faire en sorte qu’il le soit. C’était déjà notre point de départ en 2019, mais nous ne sommes pas totalement parvenus, à l’époque, à faire passer le message.
C’est le moins que l’on puisse dire : tout le monde a encore en mémoire les images de Kristof Calvo, ponte du parti s’il en est, qui s’était retrouvé, face à un journaliste de la VRT l’interrogeant sur ce sujet épineux, incapable d’exposer les propositions des écologistes visant à supprimer les voitures de société — anéantissant ainsi la campagne de son parti en une seule interview.
Le volet social
Jeremie Vaneeckhout se défend pourtant de chercher à surmonter un quelconque traumatisme en faisant la part belle au volet social. « Ce qui a changé, c’est que nous avons arrêté de nous cacher dans notre coin lorsqu’on cherche à nous caricaturer. La confiance est de retour, je le remarque aussi chez les militants : l’incertitude qui s’était installée après 2019 a disparu. »
Ce changement de braquet — du moins sur le plan de la communication — est frappant, analyse Peter Van Aelst, politologue à l’Université d’Anvers. Mais il est également logique, estime le professeur, qui a fait des campagnes électorales son objet d’étude. « Cette transformation est à l’œuvre depuis quelque temps déjà : que l’on songe au logo du parti, qui est passé, en quelques années, de vert à arc-en-ciel. C’est une manière de dire “Nous traitons d’autres sujets que l’écologie” ».
Les verts peuvent se le permettre, ajoute le spécialiste. « Leur appropriation des enjeux climatiques n’est pas menacée. Les électeurs qui votent en fonction de l’écologie savent à quoi s’attendre. Le parti a donc toute latitude pour élargir les thématiques qu’il aborde. Et il faut dire que le sujet des inégalités engendre d’énormes frustrations dans la société. Les électeurs de gauche qui, auparavant, hésitaient entre Vooruit et Groen peuvent désormais être séduits par le PTB. Le fait que Groen entre également dans cette arène n’a rien d’insensé. Bien au contraire : sur le plan politique, étant donné que le centre est déjà saturé, ce peut être un moyen de mieux se distinguer. »
[3]Nadia Naji (Groen) : “Je ne fais pas partie des électeurs ‘classiques’ de Groen”
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/qui-est-nadia-naji-la-co-presidente-de-groen-qui-ne-voulait-pas-juste-rester-une-bougnoule/
[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/les-jeunes-groen-rappeles-a-lordre-pour-un-tweet-visant-les-hommes-blancs/
[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/nadia-naji-groen-je-ne-fais-pas-partie-des-electeurs-classiques-de-groen/