De la tasse au sac : les aventures linguistiques d’un Roumain en terre flamande
([Culture et Médias] 2024-02-01 (De Standaard))
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- News link: https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/de-la-tasse-au-sac-les-aventures-linguistiques-dun-roumain-en-terre-flamande/
- Source link: https://www.standaard.be/cnt/dmf20240215_95996911
Apprendre une langue constitue toujours un défi. Pour Ovidiu M. Ionel, l’apprentissage du néerlandais s’est apparenté à une odyssée.
En septembre 2022, je me suis lancé dans une aventure audacieuse : apprendre la langue de Vondel. En tant que Roumain parlant couramment plus d’une langue romane, je pensais disposer de solides bases pour assimiler de nouveaux idiomes. Mais, dès mes premiers cours de néerlandais au centre de formations CVO Brussel, j’ai compris que je plongeais dans un océan de nuances linguistiques, chaque vague correspondant à un dialecte différent, et chaque courant à une expression surprenante.
Au début, j’étais étonné et fasciné par les similitudes entre ma langue maternelle et le néerlandais de Belgique. En effet, comme certains mots ressemblent à des vocables roumains ou anglais, cela m’a offert quelques brefs moments de confort. Mais ce n’étaient que des îles dans un océan de termes et d’expressions impénétrables. Le vrai défi consistait à comprendre la langue de la rue, les caractéristiques flamandes et les nombreux accents qui rendent le néerlandais de Belgique si coloré et diversifié.
[1]Libérez le potentiel de vos employés avec les formations bilingues de DaarDaar !
La communication quotidienne à Bruxelles présentait son lot de difficultés : les conversations dans les cafés, les échanges sur les marchés, et même les simples salutations pouvaient varier énormément, tant en ce qui concerne la prononciation que le vocabulaire. Le flamand occidental, assez guttural, semblait être aux antipodes du limbourgeois, plus doux et plus mélodieux. Je luttais sans cesse pour ajuster mon ouïe à ces différentes caractéristiques.
Mes professeurs étaient de vraies balises pour moi ; leurs leçons structurées et leur articulation claire offraient un moment de répit bienvenu, mais, dès que je quittais ce havre sécurisant, je me sentais de nouveau dérouté. Le langage informel, les différences de mots d’une région à l’autre, le parler de la rue… Tout cela me faisait l’effet d’une langue codée indéchiffrable.
La polysémie est un des aspects les plus déroutants. Des termes que je croyais maîtriser revêtaient tout à coup de nouvelles significations. Des expressions complètement logiques à mes yeux se teintaient d’ambiguïté dans la langue courante. J’avais même la sensation que le néerlandais était un être vivant, animé, en perpétuel mouvement et incompréhensible.
Ah, le plaisir et la difficulté de s’adapter à un nouveau pays, où le simple fait de se voir proposer « een tas koffie » par une vendeuse peut se transformer en une aventure. Imaginez : vous êtes expat et vous avez découvert la culture, la langue et bien entendu, le délicieux chocolat. Vous avez gagné en assurance, jusqu’à ce qu’on vous pose tout à coup cette question inattendue.
Dans ce café figé dans le temps, les mots « een tas koffie » résonnent en vous. Votre cerveau analyse les deux hypothèses : dois-je comprendre « tas » dans le sens « tasse ». Votre cerveau analyse les deux hypothèses : dois-je comprendre « tas » dans le sens « tasse » ou « sac » ? Dans pareil cas, il faut être vif !
Après une pause dramatique, j’acquiesce et m’exclame avec l’assurance feinte de quelqu’un qui vient de taper la signification du mot sur Google sans avoir appuyé sur « chercher » : « Ja, een tas koffie, alstublieft ! » Alors, mon interlocutrice me fixe un instant et me tend une tasse de café, le sourire aux lèvres. Ouf, ma première hypothèse était la bonne !
[2]Séries, podcasts, sites web… voici nos idées pour apprendre le néerlandais en s’amusant !
Malgré mes difficultés, j’ai connu des moments de triomphe : comprendre une blague, participer à une conversation, lire le journal sans devoir consulter un dictionnaire. Ces petites victoires m’ont permis de tenir le coup et m’ont rappelé qu’apprendre une langue ne se résume pas à connaître du vocabulaire et de la grammaire ; il s’agit aussi de se connecter aux locuteurs et à leur culture.
Cela fait quelque temps que je suis des cours dans cette école et, malgré leur qualité, j’ai parfois l’impression de me retrouver à la case départ. Qu’à cela ne tienne : je sais qu’apprendre le néerlandais permet aussi de découvrir une nouvelle manière de penser, de comprendre différents points de vue et de s’ouvrir à une mosaïque culturellement riche. Certes, la route est longue et périlleuse, mais elle promet incontestablement de la satisfaction. Alors, je m’accroche, avec détermination et audace.
[1] https://daardaar.be/formations/
[2] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/series-podcasts-sites-web-voici-nos-idees-pour-apprendre-le-neerlandais-en-samusant/
En septembre 2022, je me suis lancé dans une aventure audacieuse : apprendre la langue de Vondel. En tant que Roumain parlant couramment plus d’une langue romane, je pensais disposer de solides bases pour assimiler de nouveaux idiomes. Mais, dès mes premiers cours de néerlandais au centre de formations CVO Brussel, j’ai compris que je plongeais dans un océan de nuances linguistiques, chaque vague correspondant à un dialecte différent, et chaque courant à une expression surprenante.
Au début, j’étais étonné et fasciné par les similitudes entre ma langue maternelle et le néerlandais de Belgique. En effet, comme certains mots ressemblent à des vocables roumains ou anglais, cela m’a offert quelques brefs moments de confort. Mais ce n’étaient que des îles dans un océan de termes et d’expressions impénétrables. Le vrai défi consistait à comprendre la langue de la rue, les caractéristiques flamandes et les nombreux accents qui rendent le néerlandais de Belgique si coloré et diversifié.
[1]Libérez le potentiel de vos employés avec les formations bilingues de DaarDaar !
La communication quotidienne à Bruxelles présentait son lot de difficultés : les conversations dans les cafés, les échanges sur les marchés, et même les simples salutations pouvaient varier énormément, tant en ce qui concerne la prononciation que le vocabulaire. Le flamand occidental, assez guttural, semblait être aux antipodes du limbourgeois, plus doux et plus mélodieux. Je luttais sans cesse pour ajuster mon ouïe à ces différentes caractéristiques.
Mes professeurs étaient de vraies balises pour moi ; leurs leçons structurées et leur articulation claire offraient un moment de répit bienvenu, mais, dès que je quittais ce havre sécurisant, je me sentais de nouveau dérouté. Le langage informel, les différences de mots d’une région à l’autre, le parler de la rue… Tout cela me faisait l’effet d’une langue codée indéchiffrable.
Une tasse de café ?
La polysémie est un des aspects les plus déroutants. Des termes que je croyais maîtriser revêtaient tout à coup de nouvelles significations. Des expressions complètement logiques à mes yeux se teintaient d’ambiguïté dans la langue courante. J’avais même la sensation que le néerlandais était un être vivant, animé, en perpétuel mouvement et incompréhensible.
Ah, le plaisir et la difficulté de s’adapter à un nouveau pays, où le simple fait de se voir proposer « een tas koffie » par une vendeuse peut se transformer en une aventure. Imaginez : vous êtes expat et vous avez découvert la culture, la langue et bien entendu, le délicieux chocolat. Vous avez gagné en assurance, jusqu’à ce qu’on vous pose tout à coup cette question inattendue.
Dans ce café figé dans le temps, les mots « een tas koffie » résonnent en vous. Votre cerveau analyse les deux hypothèses : dois-je comprendre « tas » dans le sens « tasse ». Votre cerveau analyse les deux hypothèses : dois-je comprendre « tas » dans le sens « tasse » ou « sac » ? Dans pareil cas, il faut être vif !
Après une pause dramatique, j’acquiesce et m’exclame avec l’assurance feinte de quelqu’un qui vient de taper la signification du mot sur Google sans avoir appuyé sur « chercher » : « Ja, een tas koffie, alstublieft ! » Alors, mon interlocutrice me fixe un instant et me tend une tasse de café, le sourire aux lèvres. Ouf, ma première hypothèse était la bonne !
[2]Séries, podcasts, sites web… voici nos idées pour apprendre le néerlandais en s’amusant !
Mosaïque culturellement riche
Malgré mes difficultés, j’ai connu des moments de triomphe : comprendre une blague, participer à une conversation, lire le journal sans devoir consulter un dictionnaire. Ces petites victoires m’ont permis de tenir le coup et m’ont rappelé qu’apprendre une langue ne se résume pas à connaître du vocabulaire et de la grammaire ; il s’agit aussi de se connecter aux locuteurs et à leur culture.
Cela fait quelque temps que je suis des cours dans cette école et, malgré leur qualité, j’ai parfois l’impression de me retrouver à la case départ. Qu’à cela ne tienne : je sais qu’apprendre le néerlandais permet aussi de découvrir une nouvelle manière de penser, de comprendre différents points de vue et de s’ouvrir à une mosaïque culturellement riche. Certes, la route est longue et périlleuse, mais elle promet incontestablement de la satisfaction. Alors, je m’accroche, avec détermination et audace.
[1] https://daardaar.be/formations/
[2] https://daardaar.be/rubriques/culture-et-medias/series-podcasts-sites-web-voici-nos-idees-pour-apprendre-le-neerlandais-en-samusant/