Anvers : pourquoi l’échevin Tom Meeuws se retire de la politique
([Politique] 2024-02-01 (Gazet van Antwerpen))
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Anvers — Par sa démission, l’échevin d’Anvers Tom Meeuws (Vooruit) décide de mettre fin à sa carrière politique. Sans entrer dans le détail, il évoque des différends persistants, notamment un manque de soutien de la part de ses collègues de Vooruit et une relation conflictuelle avec la N-VA, membre de la coalition communale. Les événements de vendredi dernier ont été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
« De petits cailloux dans la chaussure qui peuvent faire extrêmement mal. » « Ou une écharde sous l’ongle qui s’infecte méchamment. » Ce sont peut-être les deux phrases les plus importantes du communiqué de Tom Meeuws exposant les raisons qui le poussent à mettre fin à son mandat d’échevin et de conseiller communal, mais aussi à sa carrière politique. Il n’entre pas dans le détail, mais dans le petit monde de la politique anversoise, ces cailloux et ces échardes se sont fait sentir concrètement.
Avant de devenir échevin, en 2019, Tom Meeuws avait déjà connu un long parcours. C’est par l’intermédiaire de Marc Wellens, un ancien échevin (CVP, actuellement CD&V), qu’il est entré à la Ville d’Anvers. Il est ensuite devenu chef de cabinet de l’ancienne échevine Chantal Pauwels (Agalev, actuellement Groen), avant d’occuper un poste de directeur au sein de la Ville d’Anvers, puis de prendre la tête — un tournant dans sa carrière — de la société de transports publics De Lijn à Anvers.
[1]Un inconnu qui a « tout pour plaire » face à De Wever
Lorsqu’il est apparu qu’il pourrait se lancer en politique, il a été de plus en plus attaqué. Après de multiples accusations d’infractions aux règles de passation des marchés publics — son domicile a même été perquisitionné —, il quitte la direction de De Lijn. Rappelons toutefois qu’il a été mis hors de cause.
Lorsqu’il est devenu évident qu’il deviendrait tête de liste de Vooruit à Anvers, des conflits ont régulièrement éclaté entre Tom Meeuws et la N-VA, plus particulièrement avec le bourgmestre, Bart De Wever. Les choses se sont envenimées pendant la campagne des élections communales de 2018. À l’époque, on estimait peu probable que la N-VA forme une coalition avec Vooruit.
À l’issue des élections, Bart De Wever et Tom Meeuws, qui ont négocié seuls, sont parvenus à un accord instituant une coalition bourguignonne réunissant la N-VA, Vooruit et l’Open VLD (ce dernier se trouve entretemps dans l’opposition, NDLR).
Il n’a pas fallu attendre longtemps pour que les choses tournent au vinaigre. En raison de divergences d’interprétation, un conflit s’est rapidement installé autour de la question de la fermeture de l’incinérateur de déchets Isvag, à Wilrijk. Vooruit s’était engagé, durant sa campagne, à fermer le site, tandis que la N-VA tergiversait.
[2]La carte blanche qui a fait pleurer Bart De Wever
Au sujet du creusement des quais de l’Escaut, auquel il s’opposait, Tom Meeuws s’est heurté non seulement à l’échevin de la mobilité, Koen Kennis (N-VA), mais aussi à ses deux de ses collègues de Vooruit au sein du collège échevinal, Jinnih Beels et Karim Bachar. L’ancien président de Vooruit, Conner Rousseau, a même été appelé à la rescousse pour le persuader de s’abstenir, comme Beels et Bachar. Mais il n’a pas cédé.
« Je me suis battu chaque semaine pour faire avancer des dossiers, mais aussi pour faire barrage à d’autres. Je l’ai toujours fait avec ferveur, en jouant franc jeu et dans la collégialité. Bien sûr, tout n’a pas fonctionné et j’ai souvent dû boxer dans la catégorie supérieure », retrace Tom Meeuws dans son communiqué.
Le conflit au sujet du creusement des quais de l’Escaut a mis au jour le vice originel de cette législature : un fossé énorme séparait Tom Meeuws et Jinnih Beels quant à la stratégie à suivre. Ils auraient pu former un bon tandem, mais l’un et l’autre exigeaient d’être aux manettes. Le parti a tenté à plusieurs reprises de rapprocher leurs positions, mais le conflit a continué de couver.
Incapable de savoir à qui s’adresser pour conclure des accords, la N-VA, membre de la coalition communale, s’en est agacée. Après que Jinnih Beels eut donné son feu vert, Tom Meeuws mettait son holà, ou inversement. Sans compter que Bart De Wever ne manquait jamais une occasion de louer les talents de Jinnih Beels en tant qu’échevine et que responsable politique, tandis qu’en coulisse, on disait de Tom Meeuws qu’il agissait toujours en roue libre.
À l’approche des élections, le parti a clairement joué la carte Jinnih Beels. Tom Meeuws ne s’est vu réserver aucun rôle d’envergure, ni au niveau national ni à l’échelon flamand. Quant à Anvers, Vooruit espérait le nommer à nouveau échevin, mais il fallait attendre l’issue des élections nationales pour arrêter la liste des élections communales.
[3]Bart De Wever néglige-t-il Anvers ?
« Et je n’étais pas sûr de vouloir assurer un autre mandat après les prochaines élections communales. J’ai senti mon niveau d’énergie baisser ces dernières semaines. Je ne veux plus et ne peux plus sacrifier ma force de travail et ma joie de vivre à la politique telle qu’elle se pratique aujourd’hui », explique Tom Meeuws dans son communiqué.
Tom Meeuws s’est donc trouvé de plus en plus isolé. Il ne trouvait plus le moyen de peser et, sur le plan politique, se trouvait dans l’impasse. L’idée d’arrêter lui trottait dans la tête depuis un moment. Le départ du directeur du centre de services sociaux Zorgbedrijf Antwerpen, Johan De Muynck, a peut-être été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les deux hommes se connaissaient depuis longtemps et se rejoignaient sur leur façon pragmatique d’aborder les choses. Le fait que Tom Meeuws n’ait pas été mis au courant du départ Johan De Muynck, contrairement à sa collègue Jinnih Beels, est venu le conforter dans l’idée que c’en était fini pour lui.
« Je mets fin à mes fonctions d’échevin et de conseiller communal parce que je suis fatigué. Et parce que tout ça me fatigue un peu, aussi », résume-t-il dans son communiqué.
Tom Meeuws démissionne non seulement de son poste d’échevin, mais également de ses fonctions de conseiller communal, auxquelles il mettra fin lors de la prochaine session, à la du mois. L’actuelle conseillère municipale Tatjana Scheck le remplace au sein du collège des échevins. La députée européenne Kathleen Van Brempt est la première suppléante. Si elle renonce à son siège, l’ancienne échevine d’Anvers Monica De Coninck fera son entrée au conseil communal. L’une d’entre elles devra effectivement réintégrer le conseil communal, puisque le troisième suppléant, Erkan Öztürk, a depuis rejoint les rangs de Groen.
Avec le remplacement de Tom Meeuws par Tatjana Scheck, le collège comptera désormais six femmes pour dix membres.
[1] https://daardaar.be/rubriques/concurrent-de-de-wever-a-plaire-sauf-tete-connue/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/carte-blanche-a-pleurer-bart-de-wever/
[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/bart-de-wever-neglige-t-il-anvers/
« De petits cailloux dans la chaussure qui peuvent faire extrêmement mal. » « Ou une écharde sous l’ongle qui s’infecte méchamment. » Ce sont peut-être les deux phrases les plus importantes du communiqué de Tom Meeuws exposant les raisons qui le poussent à mettre fin à son mandat d’échevin et de conseiller communal, mais aussi à sa carrière politique. Il n’entre pas dans le détail, mais dans le petit monde de la politique anversoise, ces cailloux et ces échardes se sont fait sentir concrètement.
Avant de devenir échevin, en 2019, Tom Meeuws avait déjà connu un long parcours. C’est par l’intermédiaire de Marc Wellens, un ancien échevin (CVP, actuellement CD&V), qu’il est entré à la Ville d’Anvers. Il est ensuite devenu chef de cabinet de l’ancienne échevine Chantal Pauwels (Agalev, actuellement Groen), avant d’occuper un poste de directeur au sein de la Ville d’Anvers, puis de prendre la tête — un tournant dans sa carrière — de la société de transports publics De Lijn à Anvers.
[1]Un inconnu qui a « tout pour plaire » face à De Wever
Lorsqu’il est apparu qu’il pourrait se lancer en politique, il a été de plus en plus attaqué. Après de multiples accusations d’infractions aux règles de passation des marchés publics — son domicile a même été perquisitionné —, il quitte la direction de De Lijn. Rappelons toutefois qu’il a été mis hors de cause.
Une campagne dure
Lorsqu’il est devenu évident qu’il deviendrait tête de liste de Vooruit à Anvers, des conflits ont régulièrement éclaté entre Tom Meeuws et la N-VA, plus particulièrement avec le bourgmestre, Bart De Wever. Les choses se sont envenimées pendant la campagne des élections communales de 2018. À l’époque, on estimait peu probable que la N-VA forme une coalition avec Vooruit.
À l’issue des élections, Bart De Wever et Tom Meeuws, qui ont négocié seuls, sont parvenus à un accord instituant une coalition bourguignonne réunissant la N-VA, Vooruit et l’Open VLD (ce dernier se trouve entretemps dans l’opposition, NDLR).
Il n’a pas fallu attendre longtemps pour que les choses tournent au vinaigre. En raison de divergences d’interprétation, un conflit s’est rapidement installé autour de la question de la fermeture de l’incinérateur de déchets Isvag, à Wilrijk. Vooruit s’était engagé, durant sa campagne, à fermer le site, tandis que la N-VA tergiversait.
[2]La carte blanche qui a fait pleurer Bart De Wever
Au sujet du creusement des quais de l’Escaut, auquel il s’opposait, Tom Meeuws s’est heurté non seulement à l’échevin de la mobilité, Koen Kennis (N-VA), mais aussi à ses deux de ses collègues de Vooruit au sein du collège échevinal, Jinnih Beels et Karim Bachar. L’ancien président de Vooruit, Conner Rousseau, a même été appelé à la rescousse pour le persuader de s’abstenir, comme Beels et Bachar. Mais il n’a pas cédé.
« Je me suis battu chaque semaine pour faire avancer des dossiers, mais aussi pour faire barrage à d’autres. Je l’ai toujours fait avec ferveur, en jouant franc jeu et dans la collégialité. Bien sûr, tout n’a pas fonctionné et j’ai souvent dû boxer dans la catégorie supérieure », retrace Tom Meeuws dans son communiqué.
Un tandem potentiel
Le conflit au sujet du creusement des quais de l’Escaut a mis au jour le vice originel de cette législature : un fossé énorme séparait Tom Meeuws et Jinnih Beels quant à la stratégie à suivre. Ils auraient pu former un bon tandem, mais l’un et l’autre exigeaient d’être aux manettes. Le parti a tenté à plusieurs reprises de rapprocher leurs positions, mais le conflit a continué de couver.
Incapable de savoir à qui s’adresser pour conclure des accords, la N-VA, membre de la coalition communale, s’en est agacée. Après que Jinnih Beels eut donné son feu vert, Tom Meeuws mettait son holà, ou inversement. Sans compter que Bart De Wever ne manquait jamais une occasion de louer les talents de Jinnih Beels en tant qu’échevine et que responsable politique, tandis qu’en coulisse, on disait de Tom Meeuws qu’il agissait toujours en roue libre.
À l’approche des élections, le parti a clairement joué la carte Jinnih Beels. Tom Meeuws ne s’est vu réserver aucun rôle d’envergure, ni au niveau national ni à l’échelon flamand. Quant à Anvers, Vooruit espérait le nommer à nouveau échevin, mais il fallait attendre l’issue des élections nationales pour arrêter la liste des élections communales.
[3]Bart De Wever néglige-t-il Anvers ?
« Et je n’étais pas sûr de vouloir assurer un autre mandat après les prochaines élections communales. J’ai senti mon niveau d’énergie baisser ces dernières semaines. Je ne veux plus et ne peux plus sacrifier ma force de travail et ma joie de vivre à la politique telle qu’elle se pratique aujourd’hui », explique Tom Meeuws dans son communiqué.
Tom Meeuws s’est donc trouvé de plus en plus isolé. Il ne trouvait plus le moyen de peser et, sur le plan politique, se trouvait dans l’impasse. L’idée d’arrêter lui trottait dans la tête depuis un moment. Le départ du directeur du centre de services sociaux Zorgbedrijf Antwerpen, Johan De Muynck, a peut-être été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Les deux hommes se connaissaient depuis longtemps et se rejoignaient sur leur façon pragmatique d’aborder les choses. Le fait que Tom Meeuws n’ait pas été mis au courant du départ Johan De Muynck, contrairement à sa collègue Jinnih Beels, est venu le conforter dans l’idée que c’en était fini pour lui.
« Je mets fin à mes fonctions d’échevin et de conseiller communal parce que je suis fatigué. Et parce que tout ça me fatigue un peu, aussi », résume-t-il dans son communiqué.
Qui pour lui succéder au conseil communal ?
Tom Meeuws démissionne non seulement de son poste d’échevin, mais également de ses fonctions de conseiller communal, auxquelles il mettra fin lors de la prochaine session, à la du mois. L’actuelle conseillère municipale Tatjana Scheck le remplace au sein du collège des échevins. La députée européenne Kathleen Van Brempt est la première suppléante. Si elle renonce à son siège, l’ancienne échevine d’Anvers Monica De Coninck fera son entrée au conseil communal. L’une d’entre elles devra effectivement réintégrer le conseil communal, puisque le troisième suppléant, Erkan Öztürk, a depuis rejoint les rangs de Groen.
Avec le remplacement de Tom Meeuws par Tatjana Scheck, le collège comptera désormais six femmes pour dix membres.
[1] https://daardaar.be/rubriques/concurrent-de-de-wever-a-plaire-sauf-tete-connue/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/carte-blanche-a-pleurer-bart-de-wever/
[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/bart-de-wever-neglige-t-il-anvers/