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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

On ne parle pas du VB, le PTB entre dans la danse… ce qu’il faut retenir des réceptions politiques du Nouvel An

([Politique] 2024-01-01 (De Morgen))


Les trois partis de centre-droit – N-VA, CD&V et Open Vld – ont tour à tour lancé leur campagne électorale lors de leur réception de Nouvel An. À gauche, le PVDA/PTB a également donné le coup d’envoi. Que faut-il retenir ?

1. Le Vlaams Belang en tant que lièvre



À en croire certaines analyses, le Vlaams Belang remportera les élections du 9 juin haut la main, s’assurant ainsi une victoire historique. Une chose semble d’ores et déjà acquise : la droite radicale progressera par rapport aux élections de 2019. Aucun sondage mené au cours des quatre dernières années ne laisse imaginer un autre scénario. Reste à déterminer l’ampleur de la victoire. Dans les rangs du parti, la confiance règne. Six mois avant le scrutin, les nationalistes flamands ont déjà peaufiné leur feuille de route : ils tenteront d’abord de former rapidement un gouvernement flamand, où ils siégeront, pour ensuite faire bloc au fédéral. Le président du parti, Tom Van Grieken, l’a encore martelé la semaine dernière à l’occasion de la présentation du slogan de la campagne électorale.

[1]Tom Van Grieken (VB) : « Notre programme n’a pas changé, il fallait juste le présenter différemment »

Le Vlaams Belang est aux autres partis ce que Lord Voldemort est à Harry Potter : celui dont on ne doit pas prononcer le nom. Il n’en demeure pas moins que le spectre de la droite radicale hante le 16, rue de la Loi. Le parti, tel un lièvre dans la course, a certes une longueur d’avance, mais la ligne d’arrivée est encore loin. D’où les tentatives des concurrents, à commencer par la N-VA, de déplacer le débat. Les autres formations l’ont compris : faire campagne autour du thème de prédilection de la droite radicale (l’immigration) ou autour de l’interrelation (« tous ensemble pour une majorité ») reviendrait à se tirer une balle dans le pied, comme en 2019. Voilà pourquoi le président Bart De Wever ne veut plus relancer le débat sur le wokisme ou sur l’immigration. La prospérité de la Flandre est désormais le cheval de bataille de la N-VA, qui s’érige en principale concurrente des partis de la Vivaldi.

2. Combat en terrain glissant au centre



Au centre, le CD&V et l’Open Vld se disent prêts à relever le défi. En tant que partis en perte de vitesse aux perspectives électorales peu réjouissantes, ils gagneraient à se retrouver soudainement sous les feux des projecteurs. Pour la N-VA, le glissement vers le centre est logique, voire nécessaire. En allant flirter avec les extrêmes, le parti a perdu un grand nombre d’électeurs qui ont préféré voter pour le modèle original. Partant de ce constat, la N-VA se tourne vers les électeurs libéraux et démocrates-chrétiens désenchantés.

Cette guerre électorale n’est pas sans risque, car elle remet des acteurs de second plan sur le devant de la scène. Au CD&V, la stratégie consiste à se profiler comme des acteurs de « terrain », des administrateurs qui maintiennent le pays sur la bonne voie, pendant que les coqs politiques se chamaillent dans la basse-cour. Il semblerait que ce choix commence à porter ses fruits, amorçant un timide renouveau.

[2]Petits jeux politiciens : le double discours du CD&V

Si l’Open Vld n’en est pas encore à ce stade, les libéraux flamands ont néanmoins affiché, lors de leur réception, un nouvel esprit combatif et une certaine unité autour de leur chef de file et premier ministre, Alexander De Croo. L’Open Vld se présente comme l’antithèse de la N-VA : le parti assume pleinement le bilan économique de son gouvernement, se montre pro-belge contre « l’enlisement » communautaire et se revendique à nouveau progressiste sur les questions d’éthique. Ce n’est peut-être pas un hasard si le ministre de la Justice Paul Van Tigchelt, omniprésent dans les médias, déballe actuellement un accord sur l’assouplissement des règles en matière d’euthanasie, qui se traduira par des sanctions moins sévères en cas d’erreurs de procédure.

3. Le PTB entre dans la danse



Le PTB a également fait parler de lui lors du discours de Nouvel An de son président, Raoul Hedebouw. Le relais médiatique n’a pas toujours été positif : les critiques ont fusé lorsque le Liégeois s’en est pris à Colruyt, qui ne paierait pratiquement pas d’impôts, en se basant sur des chiffres totalement erronés. Le parti ne s’en souciera guère, car le tollé a notamment permis d’aboutir à un débat sur Terzake, au cours duquel le président a marqué des points parmi ses propres partisans, et ce malgré – ou grâce à – des contre-vérités.

Force est de constater que le PTB participe pleinement au débat politique dans le nord du pays, ce qui est une première. Mission accomplie, en somme. Ce n’est pas un hasard si Raoul Hedebouw a prononcé les deux tiers de son discours en néerlandais lors du rassemblement unitaire PVDA-PTB. En Belgique francophone, le PTB joue déjà les premiers rôles. Cette année, il aura pour ambition de s’imposer en Flandre également. Dans les sondages, le PTB dépasse même l’Open Vld et Groen, ce qui donne la mesure de tout son potentiel.

[3]Raoul Hedebouw (PTB) : “Je ne suis pas extrémiste, c’est le système qui est extrême”

4. L’offre s’étoffe à gauche



Quant aux partis de gauche plus modérés que sont Vooruit et Groen, le coup d’envoi de la nouvelle année n’a pas encore été donné. Il faut dire que Vooruit traîne un caillou dans sa chaussure, en la personne de Conner Rousseau. L’ancien président fera-t-il son retour, après avoir été mis au ban quelques mois ? Et dans l’affirmative, quand et comment pourrait-il réapparaître ? Tant que ces questions resteront en suspens, l’affaire éclipsera tout le reste.

[4]Qui saura profiter de la démission de Conner Rousseau ?

Pour Groen, les propos imbibés d’alcool de Conner Rousseau ont sans doute eu l’effet d’une bouffée d’oxygène électorale. La crainte de tomber sous le seuil électoral s’éloigne quelque peu. Avec la popularité croissante de la vice-première ministre fédérale, Petra De Sutter, le parti s’adresse aux électeurs soucieux d’une politique plus sobre et plus posée.

Ainsi l’offre électorale s’élargit-elle à gauche, avec un parti radical en pleine expansion et deux partis bien établis qui se distancient l’un de l’autre. Cette évolution, qui a tendance à passer inaperçue, mérite que l’on s’y attarde. Selon les sondages, les trois partis de gauche réunis représentent environ 30 à 35 % du total des suffrages exprimés. Si les regards se tournent logiquement vers le Vlaams Belang, ce pourcentage mérite néanmoins d’être souligné. Et pour cause : il y a bien longtemps que la gauche, dans son ensemble, n’atteint pas de tels sommets en Flandre. Réponse le 9 juin.

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Un an avant des élections qui s’annoncent cruciales pour l’avenir du pays, [5]les présidents de partis flamands se sont dévoilés dans une série d’interviews inédites pour DaarDaar . Retrouvez la bande-annonce:



[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/notre-programme-na-pas-change-il-fallait-juste-le-presenter-differemment/

[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/petits-jeux-politiciens-le-double-discours-du-cdv/

[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/raoul-hedebouw-ptb-je-ne-suis-pas-extremiste-cest-le-systeme-qui-est-extreme/

[4] https://daardaar.be/rubriques/politique/qui-saura-profiter-de-la-demission-de-conner-rousseau/

[5] https://daardaar.be/rubriques/politique/les-presidents-des-partis-flamands-se-devoilent-dans-une-serie-video-made-in-daardaar/




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