Hendrik Bogaert lance un nouveau mouvement politique : « Un coup dur pour le CD&V »
([Politique] 2023-12-01 (Het Nieuwsblad))
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- Source link: https://www.nieuwsblad.be/cnt/dmf20231220_93948749
La nouvelle formation politique ne participera pas encore aux élections de juin 2024. Avec Redelijk Rechts, Hendrik Bogaert se détache du CD&V et part à la conquête de l’électorat de (centre-)droite en Flandre. « Un coup dur pour le CD&V. »
« Entreprenant, mais pas capitaliste. Social, mais pas socialiste. Pour la nature, mais pas écologiste. Fier de ma région, mais pas nationaliste. Spirituel, mais pas fondamentaliste. » Le député et ancien secrétaire d’État Hendrik Bogaert a peaufiné ses slogans, mais aussi, à l’entendre, tout un programme pour son nouveau mouvement, qu’il a présenté publiquement mardi soir. S’il votera pour le CD&V au Parlement fédéral aux prochaines élections, son départ est acté. Il prend un nouveau virage politique en fondant Redelijk Rechts (que l’on pourrait traduire par la Droite raisonnable ou modérée, ndlr).
Il faut dire qu’Hendrik Bogaert a toujours joué les francs-tireurs. Il y a vingt ans, il a donné du fil à retordre à Guy Verhofstadt, alors premier ministre, depuis les bancs de l’opposition. Au sein du gouvernement Di Rupo, il a occupé le poste de secrétaire d’État à la Fonction publique et à la Modernisation des services publics. Par la suite, il est souvent resté dans l’orbite du CD&V. En 2019, le natif de Jabbeke était encore tête de liste en Flandre occidentale, mais le fossé se creusait toujours plus entre le parti et lui.
Dans son ouvrage intitulé In vrijheid samenleven (« Vivre ensemble en toute liberté », ndlr), Hendrik Bogaert explique notamment qu’il n’est plus sur la même longueur d’onde que le CD&V sur le plan idéologique. Il s’est notamment prononcé en faveur de l’interdiction du port du voile et contre le cordon sanitaire autour du Vlaams Belang. « Quand on est d’accord sur 90% des choses et en désaccord sur 10%, la relation est encore possible. Mais si c’est l’inverse, elle ne peut plus fonctionner », souligne le principal intéressé. Lorsque le CD&V a décidé de rejoindre la Vivaldi en 2020, le divorce était consommé. Au cours des dernières années, Hendrik Bogaert n’était de toute façon plus très actif au sein du parti.
La naissance du nouveau parti n’étonnera donc personne, pas même dans les rangs du CD&V. D’aucuns pensaient que le député rejoindrait une autre écurie, comme la N-VA. Il n’en sera rien. Il tente finalement une nouvelle aventure, s’entourant de nouveaux visages. Mais les élections du 9 juin arrivent à grand pas, et tout reste à mettre sur pied. Hendrik Bogaert fera donc l’impasse, afin de ne pas agir dans la précipitation et de ne pas tuer le projet dans l’œuf. « Je veux partir de zéro, sans tout gâcher dès le départ. En principe, nous pourrions participer aux élections, car le programme est prêt et nous avons un logo, mais c’est sans doute un peu prématuré. Mon but est de construire une structure solide d’ici deux ans et d’attendre que les choses se calment après les élections pour tout organiser au mieux. Nous voulons insuffler une nouvelle dynamique. »
« En principe, nous pourrions participer aux élections, car le programme est prêt et nous avons un logo, mais c’est sans doute un peu prématuré. »
Sur le plan idéologique et stratégique, le parti se situe à la croisée des chemins entre le CD&V, l’Open VLD et la N-VA. « Je ne compte pas non plus tout révolutionner. Tout le monde réfléchit aux nouveaux défis auxquels nous sommes confrontés, et je pense qu’une droite réaliste et raisonnable apporte les bonnes réponses, à commencer par une économie forte et des propositions concrètes, par exemple en matière de pensions. »
[1]Sammy Mahdi (CD&V) : « Pour les francophones de Bruxelles, la politique flamande, c’est une autre planète »
Hendrik Bogaert s’inspire du modèle suédois, où les travailleurs peuvent choisir, à 62 ans, de prendre leur retraite ou de continuer à travailler. S’ils décident de poursuivre leur carrière, ils en récoltent les fruits. « Ce forcing à l’ancienne qui prévaut chez nous ne fonctionne pas », estime-t-il, tout en admettant ses affinités avec l’Open VLD et de N-VA sur ce point. « En théorie, ces deux partis penchent eux aussi raisonnablement à droite, mais en réalité, nous nous en démarquons fortement. »
Selon le politologue Nicolas Bouteca (UGent), ces similitudes hypothèquent les chances de réussite du nouveau projet d’Hendrik Bogaert. « Ses positions sur les questions de la migration, du communautaire, de l’économie et de la société sont très proches de celles de la N-VA. Comment va-t-il tirer son épingle du jeu ? Impossible à dire. Pourquoi ne change-t-il pas de parti ? »
Le politologue estime que Hendrik Bogaert n’est pas sans rappeler l’ex-dirigeant néerlandais du CDA, Pieter Omtzicht, qui a remporté 20 sièges aux dernières élections avec son nouveau mouvement, le Nieuw Sociaal Contract. Pieter Omtzicht se positionne davantage à gauche sur le plan socio-économique, mais il est plutôt à droite sur des questions telles que l’immigration. Redelijk Rechts s’inscrit dans la même lignée. Hendrik Bogaert veut surtout faire sauter le cordon sanitaire : « C’est une erreur d’exclure certains partis par principe. Pour le Vlaams Belang, le cordon est un don du ciel. En les empêchant de gouverner, vous apportez de l’eau au moulin des plus extrémistes. Par contre, si vous leur entrouvrez la porte, vous les déradicalisez », argumente Hendrik Bogaert.
[2]Le CD&V suit de près le succès de BoerBurgerBeweging aux Pays-Bas
Le député assure qu’il n’a pas eu d’échanges avec le LDD, l’aile droite de l’Open VLD, ni avec d’autres personnalités qui nourrissent des projets politiques, comme Rik Torfs ou Karel Van Eetvelt « Avec tout le respect que je leur dois, de telles collaborations ne m’intéressent pas », précise-t-il. « Je veux du sang neuf, et les candidatures affluent. Pourquoi irais-je travailler avec des gens qui n’ont plus la cote ailleurs ? »
Alors que le centre de l’échiquier politique s’effrite et que les rumeurs de remaniement post-électoral vont bon train du côté de la rue de la Loi, les observateurs voient aussi dans le projet d’Hendrik Bogaert une tentative de se rapprocher du centre. Dans la foulée des élections, le Flamand occidental sera à l’écoute de toute proposition. « Mais je ne crois pas à un éventuel remembrement. Cela fait 30 ans que l’on en parle, mais il ne se passe rien. Au bout du compte, les différences restent trop importantes. En tout cas, je ne vais pas courir derrière ».
Le CD&V ne souhaite pas commenter officiellement la démarche d’Hendrik Bogaert, qui s’est entretenu avec le président, Sammy Mahdi, mardi soir. Quoi qu’il en soit, les deux parties ne se quitteront pas à couteaux tirés. Dans son fief de Flandre-Occidentale, il n’aurait pas été tête de liste mais aurait tout de même eu une place de choix. Reste qu’Hendrik Bogaert a toujours été indécis.
« En tout cas, c’est un coup dur mais pour les démocrates-chrétiens. Cela revient à dire que le CD&V n’est plus un parti pour les Flamands de droite », conclut Nicolas Bouteca.
[3]Un mariage CD&V/ N-VA ? Pas demain la veille
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/sammy-mahdi-cdv-pour-les-francophones-de-bruxelles-la-politique-flamande-cest-une-autre-planete/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/le-cdv-suit-de-pres-le-succes-de-boerburgerbeweging-aux-pays-bas/
[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/un-mariage-cdv-n-va-pas-demain-la-veille/
« Entreprenant, mais pas capitaliste. Social, mais pas socialiste. Pour la nature, mais pas écologiste. Fier de ma région, mais pas nationaliste. Spirituel, mais pas fondamentaliste. » Le député et ancien secrétaire d’État Hendrik Bogaert a peaufiné ses slogans, mais aussi, à l’entendre, tout un programme pour son nouveau mouvement, qu’il a présenté publiquement mardi soir. S’il votera pour le CD&V au Parlement fédéral aux prochaines élections, son départ est acté. Il prend un nouveau virage politique en fondant Redelijk Rechts (que l’on pourrait traduire par la Droite raisonnable ou modérée, ndlr).
Il faut dire qu’Hendrik Bogaert a toujours joué les francs-tireurs. Il y a vingt ans, il a donné du fil à retordre à Guy Verhofstadt, alors premier ministre, depuis les bancs de l’opposition. Au sein du gouvernement Di Rupo, il a occupé le poste de secrétaire d’État à la Fonction publique et à la Modernisation des services publics. Par la suite, il est souvent resté dans l’orbite du CD&V. En 2019, le natif de Jabbeke était encore tête de liste en Flandre occidentale, mais le fossé se creusait toujours plus entre le parti et lui.
Dans son ouvrage intitulé In vrijheid samenleven (« Vivre ensemble en toute liberté », ndlr), Hendrik Bogaert explique notamment qu’il n’est plus sur la même longueur d’onde que le CD&V sur le plan idéologique. Il s’est notamment prononcé en faveur de l’interdiction du port du voile et contre le cordon sanitaire autour du Vlaams Belang. « Quand on est d’accord sur 90% des choses et en désaccord sur 10%, la relation est encore possible. Mais si c’est l’inverse, elle ne peut plus fonctionner », souligne le principal intéressé. Lorsque le CD&V a décidé de rejoindre la Vivaldi en 2020, le divorce était consommé. Au cours des dernières années, Hendrik Bogaert n’était de toute façon plus très actif au sein du parti.
La naissance du nouveau parti n’étonnera donc personne, pas même dans les rangs du CD&V. D’aucuns pensaient que le député rejoindrait une autre écurie, comme la N-VA. Il n’en sera rien. Il tente finalement une nouvelle aventure, s’entourant de nouveaux visages. Mais les élections du 9 juin arrivent à grand pas, et tout reste à mettre sur pied. Hendrik Bogaert fera donc l’impasse, afin de ne pas agir dans la précipitation et de ne pas tuer le projet dans l’œuf. « Je veux partir de zéro, sans tout gâcher dès le départ. En principe, nous pourrions participer aux élections, car le programme est prêt et nous avons un logo, mais c’est sans doute un peu prématuré. Mon but est de construire une structure solide d’ici deux ans et d’attendre que les choses se calment après les élections pour tout organiser au mieux. Nous voulons insuffler une nouvelle dynamique. »
« En principe, nous pourrions participer aux élections, car le programme est prêt et nous avons un logo, mais c’est sans doute un peu prématuré. »
Sur le plan idéologique et stratégique, le parti se situe à la croisée des chemins entre le CD&V, l’Open VLD et la N-VA. « Je ne compte pas non plus tout révolutionner. Tout le monde réfléchit aux nouveaux défis auxquels nous sommes confrontés, et je pense qu’une droite réaliste et raisonnable apporte les bonnes réponses, à commencer par une économie forte et des propositions concrètes, par exemple en matière de pensions. »
[1]Sammy Mahdi (CD&V) : « Pour les francophones de Bruxelles, la politique flamande, c’est une autre planète »
Hendrik Bogaert s’inspire du modèle suédois, où les travailleurs peuvent choisir, à 62 ans, de prendre leur retraite ou de continuer à travailler. S’ils décident de poursuivre leur carrière, ils en récoltent les fruits. « Ce forcing à l’ancienne qui prévaut chez nous ne fonctionne pas », estime-t-il, tout en admettant ses affinités avec l’Open VLD et de N-VA sur ce point. « En théorie, ces deux partis penchent eux aussi raisonnablement à droite, mais en réalité, nous nous en démarquons fortement. »
Selon le politologue Nicolas Bouteca (UGent), ces similitudes hypothèquent les chances de réussite du nouveau projet d’Hendrik Bogaert. « Ses positions sur les questions de la migration, du communautaire, de l’économie et de la société sont très proches de celles de la N-VA. Comment va-t-il tirer son épingle du jeu ? Impossible à dire. Pourquoi ne change-t-il pas de parti ? »
Le politologue estime que Hendrik Bogaert n’est pas sans rappeler l’ex-dirigeant néerlandais du CDA, Pieter Omtzicht, qui a remporté 20 sièges aux dernières élections avec son nouveau mouvement, le Nieuw Sociaal Contract. Pieter Omtzicht se positionne davantage à gauche sur le plan socio-économique, mais il est plutôt à droite sur des questions telles que l’immigration. Redelijk Rechts s’inscrit dans la même lignée. Hendrik Bogaert veut surtout faire sauter le cordon sanitaire : « C’est une erreur d’exclure certains partis par principe. Pour le Vlaams Belang, le cordon est un don du ciel. En les empêchant de gouverner, vous apportez de l’eau au moulin des plus extrémistes. Par contre, si vous leur entrouvrez la porte, vous les déradicalisez », argumente Hendrik Bogaert.
[2]Le CD&V suit de près le succès de BoerBurgerBeweging aux Pays-Bas
Le député assure qu’il n’a pas eu d’échanges avec le LDD, l’aile droite de l’Open VLD, ni avec d’autres personnalités qui nourrissent des projets politiques, comme Rik Torfs ou Karel Van Eetvelt « Avec tout le respect que je leur dois, de telles collaborations ne m’intéressent pas », précise-t-il. « Je veux du sang neuf, et les candidatures affluent. Pourquoi irais-je travailler avec des gens qui n’ont plus la cote ailleurs ? »
Alors que le centre de l’échiquier politique s’effrite et que les rumeurs de remaniement post-électoral vont bon train du côté de la rue de la Loi, les observateurs voient aussi dans le projet d’Hendrik Bogaert une tentative de se rapprocher du centre. Dans la foulée des élections, le Flamand occidental sera à l’écoute de toute proposition. « Mais je ne crois pas à un éventuel remembrement. Cela fait 30 ans que l’on en parle, mais il ne se passe rien. Au bout du compte, les différences restent trop importantes. En tout cas, je ne vais pas courir derrière ».
Le CD&V ne souhaite pas commenter officiellement la démarche d’Hendrik Bogaert, qui s’est entretenu avec le président, Sammy Mahdi, mardi soir. Quoi qu’il en soit, les deux parties ne se quitteront pas à couteaux tirés. Dans son fief de Flandre-Occidentale, il n’aurait pas été tête de liste mais aurait tout de même eu une place de choix. Reste qu’Hendrik Bogaert a toujours été indécis.
« En tout cas, c’est un coup dur mais pour les démocrates-chrétiens. Cela revient à dire que le CD&V n’est plus un parti pour les Flamands de droite », conclut Nicolas Bouteca.
[3]Un mariage CD&V/ N-VA ? Pas demain la veille
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/sammy-mahdi-cdv-pour-les-francophones-de-bruxelles-la-politique-flamande-cest-une-autre-planete/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/le-cdv-suit-de-pres-le-succes-de-boerburgerbeweging-aux-pays-bas/
[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/un-mariage-cdv-n-va-pas-demain-la-veille/