Pourquoi la Croix-Rouge flamande n’a récolté que 9.000 euros pour les victimes du conflit à Gaza et en Israël
([Société] 2023-10-01 (Het Nieuwsblad))
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- News link: https://daardaar.be/rubriques/societe/pourquoi-la-croix-rouge-flamande-na-recolte-que-9-000-euros-pour-les-victimes-du-conflit-a-gaza-et-en-israel/
- Source link: https://www.nieuwsblad.be/cnt/dmf20231025_94342635
Quand il s’agit de faire des dons aux victimes de guerre au Moyen-Orient, le Flamand a du mal à mettre la main au portefeuille. Pourtant, selon la Croix-Rouge flamande, nous sommes là face à l’une des pires crises humanitaires de ces dernières années.
« Le constat est vraiment frappant quand on voit l’ampleur du conflit et l’urgence qui en découle », déclare Joachim Deman, porte-parole de la Croix-Rouge flamande. À titre de comparaison, la guerre en Ukraine a fait 10000 morts en deux ans, et 13 millions d’euros ont été récoltés. Le bilan du conflit entre le Hamas et Israël a déjà dépassé les 6000 morts en trois semaines. « Il s’agit de la plus grande catastrophe humanitaire de l’histoire récente. Dans un tel contexte, une collecte de 9000 euros est dérisoire », ajoute-t-il.
La collecte de fonds lancée il y a 15 jours a jusqu’à présent recueilli bien moins que les cagnottes destinées au Maroc, à la Turquie et à la Syrie, pays récemment touchés par des catastrophes naturelles. Selon M. Deman, c’est précisément le caractère récent de ces catastrophes qui explique cette diminution. « Les gens ont déjà fait preuve d’une grande générosité au cours des deux dernières années. Je conçois que certaines personnes ne soient tout simplement plus en mesure de faire des dons. Ceci dit, notre pays compte aussi des personnes très fortunées qui pourraient encore parfaitement apporter leur soutien. »
Selon Ilja De Coster, expert en collecte de fonds, la succession de catastrophes peut être en partie responsable de ce faible montant récolté. Mais il y voit plutôt un concours de circonstances. « Ce que je vais dire n’est peut-être pas déterminant, mais dans les cas précédents, il s’agissait de catastrophes naturelles. Or on ne peut l’affirmer avec certitude, mais pour beaucoup de gens, il y a une différence fondamentale entre une catastrophe naturelle et un conflit causé par l’homme ».
Erik Todts, ancien directeur du Consortium 12-12 et président de l’Association pour l’éthique dans la collecte de fonds (VEF), partage cet avis : « Peut-on parler de lassitude en matière de dons ? Les faits prouvent le contraire. Il se trouve que les guerres suscitent toujours bien moins de dons que les catastrophes naturelles. Si les victimes sont innocentes – le malheur s’abat sur elles – la générosité sera d’autant plus grande. Nous l’avons vu avec le Consortium 12-12 pour la guerre en Syrie, à l’époque. Ce fut la campagne la moins réussie que nous n’ayons jamais menée ».
La guerre entre le Hamas et Israël a commencé le 7 octobre, mais le conflit ne date pas d’hier ; il dure depuis 75 ans. Selon Ilja De Coster et Erik Todts, le fait que ce conflit soit aussi complexe et polarisant freine de nombreux Belges. La Croix-Rouge de Flandre souligne en tout cas qu’elle est impartiale et qu’elle soutient dès lors les victimes des deux camps. « Nous apportons notre soutien à la Croix-Rouge internationale, qui est active sur le terrain dans toutes les régions. L’accent est mis sur l’assistance médicale d’urgence, mais aussi sur la libération d’otages », précise M. Deman.
Mais il se peut que cette approche pose justement problème. « On peut imaginer qu’un musulman se dise : ils sont neutres, et envoient aussi de l’argent aux Israéliens, donc on ne va rien verser du tout « , estime M. De Coster. « Même si, à mon sens, l’impact d’un tel raisonnement sur la collecte de fonds de la Croix-Rouge reste minime ».
Selon M. De Coster, la situation peut être due à la posture de la Croix-Rouge. » Ces derniers temps, l’organisation souffre d’un problème d’image. Pensons aux inondations, par exemple. Les gens se demandent dans quelle mesure la Croix-Rouge est efficace sur le terrain.
« Il faut également se demander si la population est suffisamment consciente que les opérations de secours peuvent réellement être utiles, même dans cette région », indique Erik Todts à propos de la capacité d’action au Moyen-Orient. « Les ravages sont tellement considérables que les gens ne voient pas clairement comment l’aide peut arriver ». L’organisation a-t-elle suffisamment d’influence pour lancer un Consortium 12-12 ? L’homme en doute : « Il convient toujours de se demander si une aide suffisante peut être apportée sur le terrain. Actuellement, seules les Nations unies parviennent à pénétrer dans la bande de Gaza. Je ne pense donc pas qu’un Consortium 12-12 puisse voir le jour ».
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« Le constat est vraiment frappant quand on voit l’ampleur du conflit et l’urgence qui en découle », déclare Joachim Deman, porte-parole de la Croix-Rouge flamande. À titre de comparaison, la guerre en Ukraine a fait 10000 morts en deux ans, et 13 millions d’euros ont été récoltés. Le bilan du conflit entre le Hamas et Israël a déjà dépassé les 6000 morts en trois semaines. « Il s’agit de la plus grande catastrophe humanitaire de l’histoire récente. Dans un tel contexte, une collecte de 9000 euros est dérisoire », ajoute-t-il.
Une différence fondamentale
La collecte de fonds lancée il y a 15 jours a jusqu’à présent recueilli bien moins que les cagnottes destinées au Maroc, à la Turquie et à la Syrie, pays récemment touchés par des catastrophes naturelles. Selon M. Deman, c’est précisément le caractère récent de ces catastrophes qui explique cette diminution. « Les gens ont déjà fait preuve d’une grande générosité au cours des deux dernières années. Je conçois que certaines personnes ne soient tout simplement plus en mesure de faire des dons. Ceci dit, notre pays compte aussi des personnes très fortunées qui pourraient encore parfaitement apporter leur soutien. »
Selon Ilja De Coster, expert en collecte de fonds, la succession de catastrophes peut être en partie responsable de ce faible montant récolté. Mais il y voit plutôt un concours de circonstances. « Ce que je vais dire n’est peut-être pas déterminant, mais dans les cas précédents, il s’agissait de catastrophes naturelles. Or on ne peut l’affirmer avec certitude, mais pour beaucoup de gens, il y a une différence fondamentale entre une catastrophe naturelle et un conflit causé par l’homme ».
Erik Todts, ancien directeur du Consortium 12-12 et président de l’Association pour l’éthique dans la collecte de fonds (VEF), partage cet avis : « Peut-on parler de lassitude en matière de dons ? Les faits prouvent le contraire. Il se trouve que les guerres suscitent toujours bien moins de dons que les catastrophes naturelles. Si les victimes sont innocentes – le malheur s’abat sur elles – la générosité sera d’autant plus grande. Nous l’avons vu avec le Consortium 12-12 pour la guerre en Syrie, à l’époque. Ce fut la campagne la moins réussie que nous n’ayons jamais menée ».
La guerre entre le Hamas et Israël a commencé le 7 octobre, mais le conflit ne date pas d’hier ; il dure depuis 75 ans. Selon Ilja De Coster et Erik Todts, le fait que ce conflit soit aussi complexe et polarisant freine de nombreux Belges. La Croix-Rouge de Flandre souligne en tout cas qu’elle est impartiale et qu’elle soutient dès lors les victimes des deux camps. « Nous apportons notre soutien à la Croix-Rouge internationale, qui est active sur le terrain dans toutes les régions. L’accent est mis sur l’assistance médicale d’urgence, mais aussi sur la libération d’otages », précise M. Deman.
Mais il se peut que cette approche pose justement problème. « On peut imaginer qu’un musulman se dise : ils sont neutres, et envoient aussi de l’argent aux Israéliens, donc on ne va rien verser du tout « , estime M. De Coster. « Même si, à mon sens, l’impact d’un tel raisonnement sur la collecte de fonds de la Croix-Rouge reste minime ».
Une capacité d’action remise en question
Selon M. De Coster, la situation peut être due à la posture de la Croix-Rouge. » Ces derniers temps, l’organisation souffre d’un problème d’image. Pensons aux inondations, par exemple. Les gens se demandent dans quelle mesure la Croix-Rouge est efficace sur le terrain.
« Il faut également se demander si la population est suffisamment consciente que les opérations de secours peuvent réellement être utiles, même dans cette région », indique Erik Todts à propos de la capacité d’action au Moyen-Orient. « Les ravages sont tellement considérables que les gens ne voient pas clairement comment l’aide peut arriver ». L’organisation a-t-elle suffisamment d’influence pour lancer un Consortium 12-12 ? L’homme en doute : « Il convient toujours de se demander si une aide suffisante peut être apportée sur le terrain. Actuellement, seules les Nations unies parviennent à pénétrer dans la bande de Gaza. Je ne pense donc pas qu’un Consortium 12-12 puisse voir le jour ».