Seulement le néerlandais à la récré? « La langue d’un élève fait partie de son identité »
([Société] 2023-09-01 (De Standaard))
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« Hier spreekt men Nederlands » . Ici, on parle néerlandais. Cette phrase, Ben Weyts (N-VA), ministre flamand de l’Enseignement, aimerait l’entendre dans toutes les cours de récré. Mais de nombreux directeurs d’écoles ne l’entendent pas de cette oreille. « Il faut respecter l’identité des élèves. »
Ce n’est pas la première polémique qui sévit en Flandre sur l’obligation de l’usage du néerlandais dans les cours de récréation. Le ministre flamand de l’Enseignement, Ben Weyts (N-VA), remet l’idée sur le tapis, sous un nouvel emballage : la langue véhiculaire doit être le néerlandais. Non seulement dans la cour de récré, mais aussi lors des visites des parents et pendant les activités extrascolaires.
Les réseaux de l’enseignement catholique et officiel ont exprimé leur opposition à ce projet, arguant que c’est aux directions d’école de prendre ce genre de décisions. Dirk Kerckhoven, directeur d’un établissement du groupe Don Bosco, ne mâche pas ses mots au téléphone : « Que Weyts vienne réécrire tout le règlement ici, tant qu’on y est. La liberté d’enseignement existe-t-elle encore ? »
« À vrai dire, les choses sont simples, affirme M. Kerckhoven. Personne ne doute de l’intérêt d’imposer l’apprentissage des langues dès le plus jeune âge, afin de donner aux enfants un maximum de chances de s’épanouir. Mais de là à instrumentaliser l’enseignement à des fins idéologiques, au mépris de toute forme de raison, il y a un pas à ne pas franchir. »
M. Kerckhoven a travaillé pendant des années pour Don Bosco à Bruxelles, et officie désormais à Gand. « Imaginez que vous partiez avec vos enfants dans un pays dont ils ne parlent pas la langue. Ne serait-ce pas un soulagement pour eux de pouvoir parler, à la récréation, la même langue qu’à la maison ? »
[1]Comment lutter contre la pénurie d’enseignants ? Des écoles bruxelloises testent la semaine de 4 jours
Bart Tuyteleers, directeur des écoles primaires Champagnat (Schaerbeek) et Vier Winden (Molenbeek-Saint-Jean), abonde dans le même sens : « Dans nos écoles, nous encourageons évidemment les enfants à parler néerlandais à la récréation, afin que tout le monde puisse se comprendre. Mais il n’y a pas d’obligation. Lorsqu’un enfant ne parle pas bien néerlandais, les cours demandent déjà énormément d’efforts. Comment leur en vouloir si, dans la cour, ils se relâchent un peu avec leurs frères, sœurs et voisins ? »
Toute obligation entraverait l’appréciation et la culture du multilinguisme à l’école. De plus, nous savons de longue date qu’une bonne maîtrise de la langue maternelle facilite l’apprentissage d’une nouvelle langue.
« À Bruxelles, il n’y a plus de cours formels à proprement parler le mercredi matin, mais bien un projet de tutorat linguistique, indique M. Kerckhoven. Les élèves ne maîtrisant pas suffisamment la langue reçoivent ainsi une chance plus ludique de l’apprendre. C’est une bien meilleure manière de mettre les enfants sur la bonne voie. Ils doivent oser parler une langue, et non craindre qu’on les juge s’ils ne la parlent pas. »
« En imposant le néerlandais, on risque même de briser des liens sociaux ou de déclencher des réactions de rejet. La langue est un filtre émotionnel, elle fait partie de notre identité. Si on veut éviter de perdre nos élèves, il faut respecter leur identité », conclut M. Tuyteleers.
[2]Même en Flandre, le néerlandais est le parent pauvre de l’enseignement
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/comment-lutter-contre-la-penurie-denseignants-des-ecoles-bruxelloises-testent-la-semaine-de-4-jours/
[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/meme-en-flandre-le-neerlandais-est-le-parent-pauvre-de-lenseignement/
Ce n’est pas la première polémique qui sévit en Flandre sur l’obligation de l’usage du néerlandais dans les cours de récréation. Le ministre flamand de l’Enseignement, Ben Weyts (N-VA), remet l’idée sur le tapis, sous un nouvel emballage : la langue véhiculaire doit être le néerlandais. Non seulement dans la cour de récré, mais aussi lors des visites des parents et pendant les activités extrascolaires.
Les réseaux de l’enseignement catholique et officiel ont exprimé leur opposition à ce projet, arguant que c’est aux directions d’école de prendre ce genre de décisions. Dirk Kerckhoven, directeur d’un établissement du groupe Don Bosco, ne mâche pas ses mots au téléphone : « Que Weyts vienne réécrire tout le règlement ici, tant qu’on y est. La liberté d’enseignement existe-t-elle encore ? »
Restons raisonnables
« À vrai dire, les choses sont simples, affirme M. Kerckhoven. Personne ne doute de l’intérêt d’imposer l’apprentissage des langues dès le plus jeune âge, afin de donner aux enfants un maximum de chances de s’épanouir. Mais de là à instrumentaliser l’enseignement à des fins idéologiques, au mépris de toute forme de raison, il y a un pas à ne pas franchir. »
M. Kerckhoven a travaillé pendant des années pour Don Bosco à Bruxelles, et officie désormais à Gand. « Imaginez que vous partiez avec vos enfants dans un pays dont ils ne parlent pas la langue. Ne serait-ce pas un soulagement pour eux de pouvoir parler, à la récréation, la même langue qu’à la maison ? »
[1]Comment lutter contre la pénurie d’enseignants ? Des écoles bruxelloises testent la semaine de 4 jours
Bart Tuyteleers, directeur des écoles primaires Champagnat (Schaerbeek) et Vier Winden (Molenbeek-Saint-Jean), abonde dans le même sens : « Dans nos écoles, nous encourageons évidemment les enfants à parler néerlandais à la récréation, afin que tout le monde puisse se comprendre. Mais il n’y a pas d’obligation. Lorsqu’un enfant ne parle pas bien néerlandais, les cours demandent déjà énormément d’efforts. Comment leur en vouloir si, dans la cour, ils se relâchent un peu avec leurs frères, sœurs et voisins ? »
Toute obligation entraverait l’appréciation et la culture du multilinguisme à l’école. De plus, nous savons de longue date qu’une bonne maîtrise de la langue maternelle facilite l’apprentissage d’une nouvelle langue.
Risque de rejet
« À Bruxelles, il n’y a plus de cours formels à proprement parler le mercredi matin, mais bien un projet de tutorat linguistique, indique M. Kerckhoven. Les élèves ne maîtrisant pas suffisamment la langue reçoivent ainsi une chance plus ludique de l’apprendre. C’est une bien meilleure manière de mettre les enfants sur la bonne voie. Ils doivent oser parler une langue, et non craindre qu’on les juge s’ils ne la parlent pas. »
« En imposant le néerlandais, on risque même de briser des liens sociaux ou de déclencher des réactions de rejet. La langue est un filtre émotionnel, elle fait partie de notre identité. Si on veut éviter de perdre nos élèves, il faut respecter leur identité », conclut M. Tuyteleers.
[2]Même en Flandre, le néerlandais est le parent pauvre de l’enseignement
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/comment-lutter-contre-la-penurie-denseignants-des-ecoles-bruxelloises-testent-la-semaine-de-4-jours/
[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/meme-en-flandre-le-neerlandais-est-le-parent-pauvre-de-lenseignement/