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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

« Même quand on refuse des avances poliment, on se fait traiter de salope »

([Société] 2023-07-01 (Gazet van Antwerpen))


La météo estivale de ces derniers jours nous incite à enfiler nos vêtements légers. Nous passons également beaucoup plus de temps à l’extérieur, sur les terrasses et dans les parcs. Des habitudes qui ont malheureusement des conséquences fâcheuses en ville pour une grande partie de la gent féminine. Les remarques et les contacts déplacés y sont presque devenus monnaie courante. « La saison du harcèlement de rue est officiellement ouverte », déclarent les jeunes femmes avec cynisme.

Le harcèlement de rue (ou catcalling en anglais) constitue un problème persistant auquel les femmes sont confrontées toute l’année. Mais ces derniers jours, il atteint des sommets inédits.

« Ce type de comportement s’est fortement intensifié », déclare Renée (22 ans) d’Anvers. « On se fait plus reluquer, probablement parce qu’il y a plus à voir. En soi, il n’y a rien de mal à jeter un œil. Une paire de jolies jambes ne me laisse pas non plus insensible, mais ça doit se faire dans le respect. Or, c’est souvent loin d’être le cas. Certains hommes ne se contentent pas de regarder, ils lancent un regard appuyé, passent deux à trois fois à côté de vous, font des remarques déplacées… Et puis il y a ceux qui insistent pour engager la conversation et demandent votre numéro. Même lorsque vous refusez poliment leurs avances, vous vous ramassez des insultes comme salope ou sale pute. »

Un tee-shirt supplémentaire



Récemment, Renée a vécu une situation particulièrement inconfortable à la gare Centrale. « Je portais un débardeur et je descendais du train, lorsqu’un homme s’est approché de moi, raconte-t-elle. Il fixait mes seins. Depuis ce jour-là, je pense à emporter un tee-shirt supplémentaire que j’enfile dans les lieux publics. C’est ce que je fais aussi le soir. Je suis normalement du genre à porter ce que je veux, mais dans ces moments-là, je remets en question mes propres convictions. »

Éviter le contact visuel et se couper un peu de son environnement. C’est ainsi qu’Annelies Aerts (27 ans) tente de faire barrage aux rencontres inappropriées. « Mais il est difficile de se protéger contre des comportements ancrés à un tel point dans la société, souligne-t-elle. Il suffit d’un genou, d’une cheville ou d’une épaule dénudée pour que les ennuis commencent. Et on les voit venir de loin. Au fil du temps, j’ai dû apprendre à m’habiller pour l’été. On ne peut pas vivre toute sa vie dans une tension constante. Aujourd’hui, je parviens à être détachée, mais ce n’est pas le cas de tout le monde. Les hommes n’ont pas conscience de l’impact de leurs remarques déplacées ou de leurs regards appuyés. »

[1]Harcèlement en rue : Bruxelles, territoire des machos

« Constamment observées »



Elise (19 ans), Sterre (19 ans), Lies (20 ans), Jill (20 ans), Saar (19 ans), Zoë (20 ans) et Luna (20 ans) étudient à Anvers, mais elles vivent en dehors. Lorsqu’elles se déplacent en ville, car certaines sont en kot, elles prêtent davantage attention à leur tenue. Le matin, devant le miroir, Elise se demande souvent si la sienne n’est pas trop provocante. Lies envisage d’aller courir en jogging malgré la chaleur, et Zoë enfile un cycliste sous sa robe. Sterre privilégie, même par ce temps, un pantalon plutôt qu’un short lorsqu’elle travaille dans l’Horeca. « ça n’empêche pas les remarques malaisantes, souvent de la part d’hommes plus âgés comme : n’oublie pas de me servir hein », explique Sterre.

« C’est le fait de fixer, de scanner de haut en bas, de voir des voitures ralentir avec la fenêtre baissée pour chercher le contact qui crée un sentiment très inconfortable. »

« C’est quand même triste d’en être arrivées là, déplorent les étudiantes. Nous sommes hantées par la peur de provoquer des réactions. Nous aussi on ressent la chaleur estivale, mais on se sent constamment observées. Les hommes peuvent regarder, ce n’est pas ça le problème. On mate aussi les beaux mecs, mais en leur jetant un regard bref et rapide. C’est le fait de fixer, de scanner de haut en bas, de voir des voitures ralentir avec la fenêtre baissée pour chercher le contact qui crée un sentiment très inconfortable. On vit en permanence avec cette possibilité de se faire dévisager. Et en été, nous en sommes encore plus conscientes. »

Victim blaming



Punt, une asbl qui soutient les victimes de comportement sexuel inapproprié, observe aussi que les femmes anticipent beaucoup plus les problèmes par temps estival. « Elles adaptent souvent leur comportement, par exemple en portant une couche supplémentaire de vêtements dans le tram ou le train, en tenant leurs clés en mains…, explique Sophie Wouters de chez Punt. Trop souvent, les filles et les femmes culpabilisent. Mais non : vous avez le droit de porter ce que vous voulez, et c’est à la personne en face de vous d’adapter son comportement. Tout commence par la prise de conscience du problème. Nous devons faire en sorte que ce type de comportement soit considéré comme inacceptable. »

« Force est de constater qu’on continue de blâmer les victimes. »

Depuis le mouvement #MeToo, on accorde de plus en plus d’attention à la problématique. C’est ce que remarque Karen Celis, politologue à la VUB et codirectrice de RHEA, le centre d’expertise pour le genre, la diversité et l’intersectionnalité. « Le harcèlement n’est plus considéré comme quelque chose que les femmes doivent simplement endurer, dit-elle. Nous ne l’acceptons plus en tant que société. Pourtant, force est de constater qu’on continue de blâmer les victimes. À nous de sensibiliser et d’orienter le débat sociétal. Des initiatives existent déjà, notamment dans des campagnes, pour demander aux témoins d’intervenir. Mais c’est une problématique très ancienne, que nous ne pouvons pas résoudre au niveau individuel et pour laquelle le gouvernement a un rôle important à jouer. »

Sensoa a lancé il y a quelques années les cinq A* dans le cadre de sa campagne « WijGrijpenIn » (Nous intervenons). Par ce biais, l’organisation, en tant que centre d’expertise flamand pour la santé sexuelle, appelle à agir si vous êtes témoin d’un comportement inapproprié.

* « Anderen betrekken » (Impliquer les autres) : faire appel aux autres, comme des témoins ou une personne ayant autorité.

« Afleiding creëren » (Créer une diversion) : détourner l’attention de l’événement et l’attirer sur vous.

« Afzonderen » (Isoler) : extraire physiquement la victime de la situation.

« Aanspreken » (Interpeler) : s’adresser à l’auteur et/ou à la victime.

« Aanwezig blijven » (Rester présent) : si vous avez le sentiment de ne pas pouvoir intervenir en toute sécurité, surveillez la situation et apportez un soutien à la victime par la suite.



[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/harcelement-en-rue-bruxelles-territoire-des-machos/



"I have a friend who just got back from the Soviet Union, and told me the people
there are hungry for information about the West. He was asked about many
things, but I will give you two examples that are very revealing about life in
the Soviet Union. The first question he was asked was if we had exploding
television sets. You see, they have a problem with the picture tubes on color
television sets, and many are exploding. They assumed we must be having
problems with them too. The other question he was asked often was why the
CIA had killed Samantha Smith, the little girl who visited the Soviet Union a
few years ago; their propaganda is very effective.
-- Victor Belenko, MiG-25 fighter pilot who defected in 1976
"Defense Electronics", Vol 20, No. 6, pg. 100