Lutte contre la délinquance juvénile en Flandre : les parents comme boucs émissaires?
([Opinions, Société] 2023-06-01 (Het Nieuwsblad))
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- News link: https://daardaar.be/rubriques/opinions/lutte-contre-la-delinquance-juvenile-en-flandre-les-parents-comme-boucs-emissaires/
- Source link: https://www.nieuwsblad.be/cnt/dmf20230613_97201607
Le gouvernement flamand planche sur un plan de lutte contre la délinquance juvénile. Une initiative qui n’est pas motivée par une hausse des chiffres, mais plutôt par la gravité croissante des faits commis. Une fois les travaux achevés, ce projet devrait consacrer le principe selon lequel il vaut mieux prévenir que guérir — et surtout guérir que punir.
Cette réforme comporte un volet des plus étonnants : les parents se verraient, eux aussi, infliger une peine de travail en cas de grave dérapage de leur progéniture. Les règles actuelles offrent déjà cette possibilité, mais les juges de la jeunesse ne l’exploitent pas, sans que l’on sache vraiment si c’est parce qu’ils n’en ont pas connaissance ou parce qu’ils l’estiment inopportune.
Quoi qu’il en soit, la culpabilisation des parents s’inscrit dans une tendance politique qui consiste à les pointer du doigt et à les menacer de sanctions. Qu’il s’agisse de la mauvaise maîtrise du néerlandais à l’école ou des accrochages qui surviennent dans les lieux de loisir avec l’arrivée des beaux jours, il est devenu de bon ton d’individualiser les problèmes sociaux. Car c’est bien ce que font les responsables politiques populistes : rejeter la responsabilité de toutes les difficultés sur des groupes ou des individus — ce qui, au passage, leur permet de s’en laver les mains.
[1]De jeunes Bruxellois causent des incidents : « Investissez dans une piscine plutôt que dans la police »
Tous les parents savent que quels que soient les efforts investis dans l’éducation de leurs enfants, rien ne garantit qu’ils ne s’écarteront pas du droit chemin. Une fois atteint le stade de l’adolescence, ils n’ont plus d’autre choix que de leur faire confiance. Pour vérifier qu’ils n’emportent pas un couteau de cuisine à l’école, il faudrait les fouiller le matin. Quant à savoir s’ils vendent de la drogue, c’est tout bonnement impossible. Malgré la meilleure éducation du monde, les enfants peuvent tout de même s’engager sur une mauvaise pente — aussi bien ceux des clients du bar de plage Number 1 à Knokke que ceux d’un salon de thé à Borgerhout. C’est assez dommage que ce projet mette l’accent sur cet aspect. Car ce n’est rien d’autre qu’une coquille vide. Il s’agirait plutôt de prouver qu’un parent a réellement négligé l’éducation de son enfant et qu’il est la cause des problèmes en question.
« Malgré la meilleure éducation du monde, les enfants peuvent tout de même s’engager sur une mauvaise pente — aussi bien ceux des clients du bar de plage Number 1 à Knokke que ceux d’un salon de thé à Borgerhout. »
C’est d’autant plus regrettable que les éléments intéressants du projet risquent de s’en trouver éclipsés. Il faudrait plutôt insister sur la prévention, sur l’accompagnement des parents pris dans l’affrontement avec la société dans laquelle évoluent leurs enfants. Il ne s’agit pas d’une approche douce, et elle ne résoudra jamais tous les problèmes. Mais cette piste est plus susceptible de porter ses fruits que celle qui consiste à punir pour punir.
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Cette réforme comporte un volet des plus étonnants : les parents se verraient, eux aussi, infliger une peine de travail en cas de grave dérapage de leur progéniture. Les règles actuelles offrent déjà cette possibilité, mais les juges de la jeunesse ne l’exploitent pas, sans que l’on sache vraiment si c’est parce qu’ils n’en ont pas connaissance ou parce qu’ils l’estiment inopportune.
Quoi qu’il en soit, la culpabilisation des parents s’inscrit dans une tendance politique qui consiste à les pointer du doigt et à les menacer de sanctions. Qu’il s’agisse de la mauvaise maîtrise du néerlandais à l’école ou des accrochages qui surviennent dans les lieux de loisir avec l’arrivée des beaux jours, il est devenu de bon ton d’individualiser les problèmes sociaux. Car c’est bien ce que font les responsables politiques populistes : rejeter la responsabilité de toutes les difficultés sur des groupes ou des individus — ce qui, au passage, leur permet de s’en laver les mains.
[1]De jeunes Bruxellois causent des incidents : « Investissez dans une piscine plutôt que dans la police »
Tous les parents savent que quels que soient les efforts investis dans l’éducation de leurs enfants, rien ne garantit qu’ils ne s’écarteront pas du droit chemin. Une fois atteint le stade de l’adolescence, ils n’ont plus d’autre choix que de leur faire confiance. Pour vérifier qu’ils n’emportent pas un couteau de cuisine à l’école, il faudrait les fouiller le matin. Quant à savoir s’ils vendent de la drogue, c’est tout bonnement impossible. Malgré la meilleure éducation du monde, les enfants peuvent tout de même s’engager sur une mauvaise pente — aussi bien ceux des clients du bar de plage Number 1 à Knokke que ceux d’un salon de thé à Borgerhout. C’est assez dommage que ce projet mette l’accent sur cet aspect. Car ce n’est rien d’autre qu’une coquille vide. Il s’agirait plutôt de prouver qu’un parent a réellement négligé l’éducation de son enfant et qu’il est la cause des problèmes en question.
« Malgré la meilleure éducation du monde, les enfants peuvent tout de même s’engager sur une mauvaise pente — aussi bien ceux des clients du bar de plage Number 1 à Knokke que ceux d’un salon de thé à Borgerhout. »
C’est d’autant plus regrettable que les éléments intéressants du projet risquent de s’en trouver éclipsés. Il faudrait plutôt insister sur la prévention, sur l’accompagnement des parents pris dans l’affrontement avec la société dans laquelle évoluent leurs enfants. Il ne s’agit pas d’une approche douce, et elle ne résoudra jamais tous les problèmes. Mais cette piste est plus susceptible de porter ses fruits que celle qui consiste à punir pour punir.