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  ARM Give a man a fire and he's warm for a day, but set fire to him and he's warm for the rest of his life (Terry Pratchett, Jingo)

À Bruges, le Vlaams Belang mène un bras de fer avec la N-VA pour savoir qui est le plus anti-woke

([Politique] 2023-04-01 (De Standaard))


La nomination de Dalilla Hermans à une mission culturelle pour la ville de Bruges a déclenché l’ire du Vlaams Belang, avant que la N-VA ne lui emboîte le pas. Le combat contre le mouvement woke, qui se fait de plus en plus rude, aboutit à des attaques personnelles et des propos racistes nauséabonds.

« Bruges est une ville ouverte et tolérante, et je ferai tout pour qu’elle le reste. » Son bourgmestre, Dirk De fauw (CD&V), s’est vu obligé de dénoncer, sur Facebook, la teneur des commentaires publiés sur sa page. « Certaines des réactions sont du racisme à l’état pur : elles tombent donc sous le coup de la loi. »

La raison de ce déferlement ? La désignation de Dalilla Hermans, écrivaine et chroniqueuse pour ce journal, au poste de coordinatrice du projet visant à proposer la candidature de Bruges au titre de capitale européenne de la culture 2030. L’autrice, qui sera secondée par Martha Soete, est passée par la procédure prévue et l’administration de la ville a estimé qu’elle était la meilleure candidate, après quoi le collège des échevins a entériné sa nomination.

[1]Les jeunes Groen rappelés à l’ordre pour un tweet visant « les hommes blancs »

Rien que de très banal, si ce n’est que le Vlaams Belang y a vu de l’« extrémisme woke et du racisme antiblanc ». Le député européen Tom Vandendriessche et le conseiller communal de Bruges Stefaan Sintobin, tout particulièrement, s’en sont donné à cœur joie sur les réseaux sociaux, aidés par la force de frappe du parti. Dans un commentaire à la publication Facebook de Dirk De fauw, l’eurodéputé critique vertement cet « esprit moutonnier face à l’extrémisme woke ». « C’est ce qui a provoqué un déversement d’immondices ensuite », explique le bourgmestre de Bruges, joint par téléphone. « Adaptez-vous ou retournez d’où vous venez », peut-on ainsi lire dans une des réactions sur Facebook — d’autres sont bien plus grossières.

Un surcroît de motivation



« C’est de toute évidence une campagne orchestrée par le Vlaams Belang », analyse le bourgmestre. « Ce n’est que dans un second temps que des marques de soutien se sont exprimées spontanément. Mais je ne veux pas alimenter la polémique. Au terme de la procédure, Dalilla s’est imposée comme la meilleure candidate. Nous soutenons tous sa nomination sans réserve et je suis certain qu’elle fera un excellent travail. »

« Pourquoi contestent-ils ce choix ? Je ne vois qu’une seule raison, trop abjecte pour que je la verbalise. »

L’échevin à la Culture de Bruges, Nico Blontrock (CD&V), défend également la désignation de Dalilla Hermans. « Nous l’avons nommée pour ce qu’elle est capable de faire — elle l’a déjà prouvé — dans la sphère culturelle. Pourquoi contestent-ils ce choix ? Je ne vois qu’une seule raison, trop abjecte pour que je la verbalise. Certains commentaires vont au-delà de l’ignominie. On ne va quand même pas se mettre à tenir compte des réactions racistes ? »

Dalilla Hermans a réagi sur Instagram aux messages de haine qu’elle a reçus. « Être la cible de tant de cruauté, de méchanceté et de racisme, c’est toujours dur à encaisser. Mais ça ne fait que renforcer ma motivation. Je reste déterminée à mener à bien le projet Bruges 2030. L’énergie que je porte dans mon cœur l’emporte sur les immondices qui s’accumulent dans ma boîte de réception. On y arrivera, ensemble. Et à ceux qui ne croient pas à cette notion : ensemble, nous y parviendrons. »

L’imprégnation du mouvement woke



Dans un entretien publié dans nos colonnes durant le week-end de Pâques, la députée flamande Maaike De Vreese (N-VA) s’est fait l’écho de la thèse du Vlaams Belang selon laquelle la nomination de Dalilla Hermans prouverait qu’« à Bruges aussi, le mouvement woke s’imprègne trop profondément. »

Il est tout à fait inédit que des responsables politiques se mêlent à ce point d’une nomination au sein de l’administration. On peut du reste s’étonner que la députée ait jugé nécessaire de monter au créneau pour aller dans le sens d’une campagne menée par le Vlaams Belang. D’un autre côté, le président de son parti, Bart De Wever, a récemment cherché à se poser en chef de file du discours anti-woke à travers son livre, Over woke , dans lequel il évoque un « empoisonnement par le wokisme ». Dans la ville de ce dernier, Anvers, le conseil communal, à l’instigation de l’échevine Nabilla Ait Daoud (N-VA), a par ailleurs imposé le retrait, au théâtre d’Arenberg, de quatre clichés du célèbre photographe Mous Lamrabat — une initiative qui s’inscrit également dans cette lutte. « Le mouvement woke cherche à effacer l’histoire », avait-on alors fait valoir en guise de justification.

[2]De Wever et le wokisme : le livre d’un élu politique en fin de carrière

La N-VA tente de s’approprier le discours anti-woke, mais est bien obligée de constater que le Vlaams Belang (à Bruges) non seulement donne le ton, mais ose aussi aller plus loin. Sur les réseaux sociaux, Tom Vandendriessche a interrogé Maaike De Vreese, à la suite de son entretien au Standaard , pour savoir si elle soutenait la demande du Vlaams Belang visant à annuler la nomination de Dalilla Hermans. La députée ne souhaite pas aller jusque-là. « Le Vlaams Belang cherche à polariser les choses davantage, mais je ne m’engage pas dans cette voie », a-t-elle réagi au téléphone. « Ces campagnes de haine, je les déplore. Il appartient maintenant à Dalilla de prouver qu’elle peut mener ce projet à bien sans polariser l’opinion. »

Pour sa part, Dirk De fauw fait observer qu’au sein de la N-VA, certaines personnes « se rapprochent beaucoup du Vlaams Belang ». Il réfute l’idée selon laquelle ces attaques personnelles seraient une conséquence du discours anti-woke de Bart De Wever. « Je travaille en bonne intelligence avec Bart De Wever, en sa qualité de bourgmestre, et je suis certain qu’il y est opposé. »

Rarement avait-on vu une telle attaque politique contre une personne qui n’évolue même pas dans cette sphère. Elle rappelle l’offensive coordonnée qu’avait subie Jihad Van Puymbroeck il y a cinq ans, lors de son recrutement par la VRT. Jointe dimanche, la journaliste qualifie ce déferlement d’« énième campagne de diffamation orchestrée par l’extrême droite ». « C’est bien connu, le mouvement woke, c’est clairement le principal problème auquel doit faire face notre société », ajoute-t-elle sur le ton de l’ironie.

Dirk De fauw qualifie certes les commentaires publiés sur sa page Facebook de racisme à l’état pur et rappelle qu’ils sont contraires à la loi, mais il ne va pas pour autant jusqu’à porter plainte, et se garde de les supprimer. « Nous allons enquêter et consulter le procureur pour savoir s’il est disposé à engager des poursuites. Je n’ai pas envie de me lancer dans une procédure qui sera de toute façon classée sans suite. »



[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/les-jeunes-groen-rappeles-a-lordre-pour-un-tweet-visant-les-hommes-blancs/

[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/de-wever-et-le-wokisme-le-livre-dun-elu-politique-en-fin-de-carriere/



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-- Ernest Rutherford