Anglicisation des études : « un danger pour les étudiants flamands »
([Opinions, Société, Travail & Santé] 2023-03-01 (De Standaard))
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Les universités flamandes sont en désaccord avec le ministre de l’Enseignement, Ben Weyts (N-VA). Celles-ci aimeraient organiser davantage de formations en anglais, mais le ministre s’y oppose.
Nous vivons dans une économie du savoir. Par conséquent, nous avons besoin de bons étudiants pour assurer notre prospérité. Il va de soi que les étudiants étrangers peuvent y contribuer, mais à quel prix ?
Bien entendu, à terme, un investissement dans une formation est rentable, et on ne devrait même pas s’inquiéter des frais engendrés par les étudiants étrangers. Cependant, ceci ne vaut que si ces derniers restent travailler chez nous par la suite. En outre, le problème du coût se pose malgré tout à court terme, car il faut attendre au moins quatre ans pour en voir les bénéfices, qui s’étalent sur une carrière de 45 ans.
Il se trouve que les frais d’inscription divergent énormément en Europe, allant de zéro en Scandinavie, en Allemagne et en Écosse à de fortes sommes en Angleterre et aux Pays-Bas. Les pays à frais d’inscription peu élevés jugent, à juste titre, que les coûts des études seront amortis, étant donné que les premiers concernés toucheront par la suite un salaire supérieur, et paieront donc davantage de contributions. De surcroît, une personne diplômée de l’enseignement supérieur contribuera au développement de produits ou de services innovants, ce qui bénéficiera à la société dans son ensemble.
Vu ces fortes différences entre les frais d’inscription en Europe, si nous continuons à angliciser nos formations, nous courons le risque de voir affluer un grand nombre d’étudiants étrangers, car nous proposons des formations de grande qualité à un prix raisonnable. Ce phénomène pourrait nuire au service que nous sommes tenus de rendre aux étudiants flamands : les professeurs devront encadrer un nombre supérieur d’étudiants dans des locaux de plus en plus bondés. Si la situation continue à évoluer de la sorte, nous risquons d’assister à une augmentation des frais d’inscription, mais aussi du prix des chambres d’étudiants. Résultat : de nombreux jeunes Flamands renonceront à des études supérieures. C’est ce que les économistes appellent un « effet d’éviction » : l’augmentation de la demande engendre une hausse des prix et les consommateurs existants (nos étudiants) sont « évincés » par les nouveaux consommateurs.
[1]Durcir le parcours de réussite des étudiants : une fausse bonne solution ?
Cette évolution n’a rien d’illusoire. Aux Pays-Bas, où l’anglicisation est plus avancée qu’en Flandre, l’État appelle les universités à élaborer des règles pour limiter l’afflux d’étudiants étrangers. L’Écosse, elle, n’applique la gratuité qu’aux Écossais. Quant à la Finlande, elle n’autorise les formations gratuites pour les étrangers non européens que dans les langues officielles du pays, à savoir le finnois et le suédois. Ce faisant, le pays souhaite renforcer l’intégration de ces étudiants, afin qu’ils restent travailler par la suite dans le pays.
En fin de compte, c’est même la viabilité de la libre circulation dans l’Union européenne qui risque d’être sous pression.
Ecoutez sur le même sujet la chronique de Joyce Azar pour La Première (RTBF) :
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/durcir-le-parcours-de-reussite-des-etudiants-une-fausse-bonne-solution/
Nous vivons dans une économie du savoir. Par conséquent, nous avons besoin de bons étudiants pour assurer notre prospérité. Il va de soi que les étudiants étrangers peuvent y contribuer, mais à quel prix ?
Bien entendu, à terme, un investissement dans une formation est rentable, et on ne devrait même pas s’inquiéter des frais engendrés par les étudiants étrangers. Cependant, ceci ne vaut que si ces derniers restent travailler chez nous par la suite. En outre, le problème du coût se pose malgré tout à court terme, car il faut attendre au moins quatre ans pour en voir les bénéfices, qui s’étalent sur une carrière de 45 ans.
Il se trouve que les frais d’inscription divergent énormément en Europe, allant de zéro en Scandinavie, en Allemagne et en Écosse à de fortes sommes en Angleterre et aux Pays-Bas. Les pays à frais d’inscription peu élevés jugent, à juste titre, que les coûts des études seront amortis, étant donné que les premiers concernés toucheront par la suite un salaire supérieur, et paieront donc davantage de contributions. De surcroît, une personne diplômée de l’enseignement supérieur contribuera au développement de produits ou de services innovants, ce qui bénéficiera à la société dans son ensemble.
Effet d’éviction
Vu ces fortes différences entre les frais d’inscription en Europe, si nous continuons à angliciser nos formations, nous courons le risque de voir affluer un grand nombre d’étudiants étrangers, car nous proposons des formations de grande qualité à un prix raisonnable. Ce phénomène pourrait nuire au service que nous sommes tenus de rendre aux étudiants flamands : les professeurs devront encadrer un nombre supérieur d’étudiants dans des locaux de plus en plus bondés. Si la situation continue à évoluer de la sorte, nous risquons d’assister à une augmentation des frais d’inscription, mais aussi du prix des chambres d’étudiants. Résultat : de nombreux jeunes Flamands renonceront à des études supérieures. C’est ce que les économistes appellent un « effet d’éviction » : l’augmentation de la demande engendre une hausse des prix et les consommateurs existants (nos étudiants) sont « évincés » par les nouveaux consommateurs.
[1]Durcir le parcours de réussite des étudiants : une fausse bonne solution ?
Cette évolution n’a rien d’illusoire. Aux Pays-Bas, où l’anglicisation est plus avancée qu’en Flandre, l’État appelle les universités à élaborer des règles pour limiter l’afflux d’étudiants étrangers. L’Écosse, elle, n’applique la gratuité qu’aux Écossais. Quant à la Finlande, elle n’autorise les formations gratuites pour les étrangers non européens que dans les langues officielles du pays, à savoir le finnois et le suédois. Ce faisant, le pays souhaite renforcer l’intégration de ces étudiants, afin qu’ils restent travailler par la suite dans le pays.
En fin de compte, c’est même la viabilité de la libre circulation dans l’Union européenne qui risque d’être sous pression.
Ecoutez sur le même sujet la chronique de Joyce Azar pour La Première (RTBF) :
[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/durcir-le-parcours-de-reussite-des-etudiants-une-fausse-bonne-solution/