Un taux d’emploi jamais vu ? Le triomphalisme déplacé du ministre Dermagne
([Opinions, Politique, Travail & Santé] 2023-03-01 (Het Laatste Nieuws))
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- News link: https://daardaar.be/rubriques/opinions/un-taux-demploi-jamais-vu-le-triomphalisme-deplace-du-ministre-dermagne/
- Source link: https://www.hln.be/binnenland/onze-opinie-leve-belgie-hier-krijg-je-zonder-al-te-grote-inspanningen-zomaar-80-van-de-werkende-bevolking-aan-het-werk~ae159f25/?utm_source=twitter&utm_medium=social&utm_campaign=socialsharing_web
Comme la vie est belle dans ce pays, quand on fait de la politique ! Ici, lorsqu’il s’agit de gérer un déficit budgétaire de 27,4 milliards d’euros, un homme politique n’a aucun souci à se faire. Car chez nous, sans effort particulier, on met 80 % de la population active au travail. D’un simple claquement de doigts. Simple comme bonjour ? Pas tant que ça.
L’esbroufe du ministre du Travail, Pierre-Yves Dermagne (PS), qui se félicite du taux d’emploi des Belges (71,9 %), fait froncer bien des sourcils. Certes, jamais encore autant de Belges de 20 à 64 ans n’avaient eu un emploi. Mais grâce à quelle mesure de Dermagne ? Le droit à la déconnexion ? La flexibilisation des jours de travail ? Le Deal pour l’emploi du gouvernement De Croo, qui consistait surtout en une modernisation du droit du travail ? Ces mesures, tout à fait pertinentes au demeurant, ne s’appliquent qu’à ceux qui ont déjà un emploi, et non à ceux qui en sont dépourvus.
Ou bien avons-nous oublié de citer des grandes réformes, comme celles en matière de pension, visant à faire travailler les gens plus longtemps, en raison de l’allongement du temps de vie et de la durée des études ? Ah non, cette réforme-là, elle semble impossible, malgré les 850 millions d’euros octroyés par l’Europe pour la relance économique. Pas de quoi pavoiser, donc. Lorsque le PS explique l’évolution du taux d’emploi par son travail acharné, il fait penser à une souris qui, courant à côté d’un éléphant, se vante de la poussière qu’elle soulève.
« Le fossé par rapport à la moyenne européenne ne cesse de se creuser. »
Les spécialistes mettent surtout ces progrès sur le compte de la croissance. Il est donc pour le moins risqué de promettre des taux d’emploi de 80 % d’ici 2030 en continuant de se baser sur l’évolution actuelle de l’économie. En effet, l’avenir économique n’est jamais facile à prédire. De surcroît, la comparaison avec les autres États membres de l’UE s’avère douloureuse : le fossé par rapport à la moyenne européenne ne cesse de se creuser, à plus forte raison encore lorsque l’on se penche sur les chiffres par région. La progression dont s’enorgueillit le ministre ne s’observe qu’en Flandre, car Bruxelles et la Wallonie reculent légèrement, alors que les deux Régions étaient déjà à la traîne. Qui ose crier victoire ?
Le gouvernement De Croo s’est fixé un objectif, et non des moindres : un taux d’emploi de 80 % en Belgique d’ici 2030. En effet, qui dit plus de travail, dit plus de contribution à notre système de sécurité sociale, qui aide les citoyens lorsque cela s’avère nécessaire. Mais pour maintenir une sécurité sociale à la hauteur de sa réputation, il faut consentir à des efforts, et ces efforts n’ont rien de simple. Il faut que le travail paie mieux que l’oisiveté. Il faut éviter l’épuisement et le burn-out des travailleurs. Il faut ouvrir davantage le marché du travail aux personnes porteuses de handicap. Il faut améliorer la mobilité et la flexibilité. Il faut encourager les gens à se former et à se reconvertir, afin qu’ils puissent occuper les postes vacants, et qu’ils créent de la croissance. À cet égard, la Flandre pourrait s’y prendre bien mieux : un tiers des travailleurs du bâtiment décrochent avant la fin de leur carrière. Alors, tout va si bien que ça, madame la Marquise ? Non, monsieur Dermagne, pas ici en tout cas.
[1]665 000 inactifs en Flandre, quelle honte!
[1] https://daardaar.be/rubriques/travail-sante/665-000-inactifs-en-flandre-quelle-honte/
L’esbroufe du ministre du Travail, Pierre-Yves Dermagne (PS), qui se félicite du taux d’emploi des Belges (71,9 %), fait froncer bien des sourcils. Certes, jamais encore autant de Belges de 20 à 64 ans n’avaient eu un emploi. Mais grâce à quelle mesure de Dermagne ? Le droit à la déconnexion ? La flexibilisation des jours de travail ? Le Deal pour l’emploi du gouvernement De Croo, qui consistait surtout en une modernisation du droit du travail ? Ces mesures, tout à fait pertinentes au demeurant, ne s’appliquent qu’à ceux qui ont déjà un emploi, et non à ceux qui en sont dépourvus.
Ou bien avons-nous oublié de citer des grandes réformes, comme celles en matière de pension, visant à faire travailler les gens plus longtemps, en raison de l’allongement du temps de vie et de la durée des études ? Ah non, cette réforme-là, elle semble impossible, malgré les 850 millions d’euros octroyés par l’Europe pour la relance économique. Pas de quoi pavoiser, donc. Lorsque le PS explique l’évolution du taux d’emploi par son travail acharné, il fait penser à une souris qui, courant à côté d’un éléphant, se vante de la poussière qu’elle soulève.
« Le fossé par rapport à la moyenne européenne ne cesse de se creuser. »
Les spécialistes mettent surtout ces progrès sur le compte de la croissance. Il est donc pour le moins risqué de promettre des taux d’emploi de 80 % d’ici 2030 en continuant de se baser sur l’évolution actuelle de l’économie. En effet, l’avenir économique n’est jamais facile à prédire. De surcroît, la comparaison avec les autres États membres de l’UE s’avère douloureuse : le fossé par rapport à la moyenne européenne ne cesse de se creuser, à plus forte raison encore lorsque l’on se penche sur les chiffres par région. La progression dont s’enorgueillit le ministre ne s’observe qu’en Flandre, car Bruxelles et la Wallonie reculent légèrement, alors que les deux Régions étaient déjà à la traîne. Qui ose crier victoire ?
Le gouvernement De Croo s’est fixé un objectif, et non des moindres : un taux d’emploi de 80 % en Belgique d’ici 2030. En effet, qui dit plus de travail, dit plus de contribution à notre système de sécurité sociale, qui aide les citoyens lorsque cela s’avère nécessaire. Mais pour maintenir une sécurité sociale à la hauteur de sa réputation, il faut consentir à des efforts, et ces efforts n’ont rien de simple. Il faut que le travail paie mieux que l’oisiveté. Il faut éviter l’épuisement et le burn-out des travailleurs. Il faut ouvrir davantage le marché du travail aux personnes porteuses de handicap. Il faut améliorer la mobilité et la flexibilité. Il faut encourager les gens à se former et à se reconvertir, afin qu’ils puissent occuper les postes vacants, et qu’ils créent de la croissance. À cet égard, la Flandre pourrait s’y prendre bien mieux : un tiers des travailleurs du bâtiment décrochent avant la fin de leur carrière. Alors, tout va si bien que ça, madame la Marquise ? Non, monsieur Dermagne, pas ici en tout cas.
[1]665 000 inactifs en Flandre, quelle honte!
[1] https://daardaar.be/rubriques/travail-sante/665-000-inactifs-en-flandre-quelle-honte/