Combien de morts faudra-t-il pour que le gouvernement revoie sa politique d’asile ?
([Opinions, Politique] 2023-02-01 (De Morgen))
- Reference: 2023-02_Belgaimage-59923289-scaled
- News link: https://daardaar.be/rubriques/opinions/combien-de-morts-faudra-t-il-pour-que-le-gouvernement-revoie-sa-politique-dasile/
- Source link: https://www.demorgen.be/meningen/door-het-asielbeleid-uit-de-klauwen-te-laten-lopen-creeerde-de-regering-een-context-van-anarchie~b48d707e/
La Belgique peut-elle tomber encore plus bas en matière de politique d’asile ? Non seulement les autorités nationales et locales sont restées les bras croisés, pendant des semaines, face aux conditions de vie inhumaines auxquelles étaient livrés des centaines de demandeurs d’asile et de sans-abri dans le squat surpeuplé de la rue des Palais, à Bruxelles, mais même l’évacuation des lieux n’a pas pu être assurée de manière ordonnée et coordonnée. Encore une fois, un corps sans vie a été retrouvé sur place.
Sans compter que le gouvernement bruxellois, dirigé par le PS, n’a manifestement pas trouvé de meilleure solution que d’encaserner des dizaines de candidats à l’asile dans un hôtel situé en périphérie de la capitale sans prévenir l’administration de la commune concernée. On ne s’y serait pas pris mieux pour réduire à néant le soutien déjà timide de l’opinion publique à la politique d’accueil. Nicole de Moor (CD&V) a beau exprimer sa consternation, sa responsabilité politique se fait particulièrement prégnante. En laissant complètement déraper la politique d’asile, le gouvernement fédéral et la secrétaire d’État à l’Asile et la Migration ont créé un terreau propice à l’anarchie.
Le constat est cruel, mais implacable. On a déjà crié au scandale pour bien moins que cela dans ce pays. Il faut se rendre à l’évidence, Theo Francken (N-VA), qui a lui-même occupé ce poste et défendait une ligne dure, a raison : si ces incidents s’étaient produits sous sa direction, les partis de gauche qui siègent actuellement au gouvernement se seraient époumonés à hurler leur indignation. En l’espèce, ils ne réagissent que par le silence et des regards fuyants.
[1]Asile et Migration : un ministère qui ne paye plus électoralement
Le chaos qui règne dans la rue des Palais et ses alentours n’est rien d’autre que l’illustration extrême d’une politique de l’asile qui craque de toutes parts. Voilà déjà plus d’un an qu’une forme de discrimination brutale et illégale est devenue une ligne directrice de cette politique : les hommes majeurs ne bénéficient plus, ou que très rarement, de l’accueil minimal auquel ils ont droit. Au cœur de la ville, les campements de sans-abri se multiplient et des centaines de demandeurs d’asile trouvent refuge dans des taudis, privés de tout, en proie aux pires violences et aux maladies infectieuses.
Cette incurie a donné lieu à des dizaines de milliers de condamnations ; les astreintes se chiffrent en millions et les huissiers frappent aux portes de l’État. Ce qui n’empêche pas Nicole de Moor d’estimer qu’elle fait preuve de « bon sens » en faisant fi de ces décisions de justice — rappelons que nous sommes dans un État de droit.
« S’il est vrai que l’afflux de candidats est plus élevé que la normale en Belgique, voilà bien longtemps que cet argument ne suffit plus à justifier une politique chaotique aux conséquences funestes. »
S’il est vrai que l’afflux de candidats est plus élevé que la normale en Belgique, voilà bien longtemps que cet argument ne suffit plus à justifier une politique chaotique aux conséquences funestes. La procédure d’accueil et de reconnaissance est lente, l’organisation de l’hébergement d’urgence laborieuse. Il ne faut pas s’étonner, dans ces circonstances, que les administrations locales se tiennent, elles aussi, sur la réserve.
En 1998, lorsque Semira Adamu, une demandeuse d’asile déboutée, trouva la mort lors d’une expulsion ayant dégénéré, le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Louis Tobback (SP, devenu Vooruit) démissionna sur-le-champ, estimant que les choix politiques dont il portait la responsabilité avaient contribué à ce décès. Vu le contexte actuel, le gouvernement De Croo ne peut continuer à ignorer ce précédent.
[2]Crise de l’accueil: que fait la « plus grande experte en migration de la rue de la Loi »?
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/asile-et-migration-un-ministere-qui-ne-paye-plus-electoralement/
[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/crise-de-laccueil-que-fait-la-plus-grande-experte-en-migration-de-la-rue-de-la-loi/
Sans compter que le gouvernement bruxellois, dirigé par le PS, n’a manifestement pas trouvé de meilleure solution que d’encaserner des dizaines de candidats à l’asile dans un hôtel situé en périphérie de la capitale sans prévenir l’administration de la commune concernée. On ne s’y serait pas pris mieux pour réduire à néant le soutien déjà timide de l’opinion publique à la politique d’accueil. Nicole de Moor (CD&V) a beau exprimer sa consternation, sa responsabilité politique se fait particulièrement prégnante. En laissant complètement déraper la politique d’asile, le gouvernement fédéral et la secrétaire d’État à l’Asile et la Migration ont créé un terreau propice à l’anarchie.
Le constat est cruel, mais implacable. On a déjà crié au scandale pour bien moins que cela dans ce pays. Il faut se rendre à l’évidence, Theo Francken (N-VA), qui a lui-même occupé ce poste et défendait une ligne dure, a raison : si ces incidents s’étaient produits sous sa direction, les partis de gauche qui siègent actuellement au gouvernement se seraient époumonés à hurler leur indignation. En l’espèce, ils ne réagissent que par le silence et des regards fuyants.
[1]Asile et Migration : un ministère qui ne paye plus électoralement
Le chaos qui règne dans la rue des Palais et ses alentours n’est rien d’autre que l’illustration extrême d’une politique de l’asile qui craque de toutes parts. Voilà déjà plus d’un an qu’une forme de discrimination brutale et illégale est devenue une ligne directrice de cette politique : les hommes majeurs ne bénéficient plus, ou que très rarement, de l’accueil minimal auquel ils ont droit. Au cœur de la ville, les campements de sans-abri se multiplient et des centaines de demandeurs d’asile trouvent refuge dans des taudis, privés de tout, en proie aux pires violences et aux maladies infectieuses.
Cette incurie a donné lieu à des dizaines de milliers de condamnations ; les astreintes se chiffrent en millions et les huissiers frappent aux portes de l’État. Ce qui n’empêche pas Nicole de Moor d’estimer qu’elle fait preuve de « bon sens » en faisant fi de ces décisions de justice — rappelons que nous sommes dans un État de droit.
« S’il est vrai que l’afflux de candidats est plus élevé que la normale en Belgique, voilà bien longtemps que cet argument ne suffit plus à justifier une politique chaotique aux conséquences funestes. »
S’il est vrai que l’afflux de candidats est plus élevé que la normale en Belgique, voilà bien longtemps que cet argument ne suffit plus à justifier une politique chaotique aux conséquences funestes. La procédure d’accueil et de reconnaissance est lente, l’organisation de l’hébergement d’urgence laborieuse. Il ne faut pas s’étonner, dans ces circonstances, que les administrations locales se tiennent, elles aussi, sur la réserve.
En 1998, lorsque Semira Adamu, une demandeuse d’asile déboutée, trouva la mort lors d’une expulsion ayant dégénéré, le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Louis Tobback (SP, devenu Vooruit) démissionna sur-le-champ, estimant que les choix politiques dont il portait la responsabilité avaient contribué à ce décès. Vu le contexte actuel, le gouvernement De Croo ne peut continuer à ignorer ce précédent.
[2]Crise de l’accueil: que fait la « plus grande experte en migration de la rue de la Loi »?
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/asile-et-migration-un-ministere-qui-ne-paye-plus-electoralement/
[2] https://daardaar.be/rubriques/societe/crise-de-laccueil-que-fait-la-plus-grande-experte-en-migration-de-la-rue-de-la-loi/