Il faut croire que, ces dernières semaines, le président du PS, Paul Magnette, cherche surtout à assurer la promotion, en toute insouciance, de son ouvrage intitulé La vie large , un pavé de près de trois cents pages rédigé durant le confinement et publié au mois d’octobre. Le Carolo tente d’y démontrer que la lutte contre les inégalités va de pair avec celle pour la sensibilisation aux questions environnementales.

Son livre est en effet sous-titré « Manifeste écosocialiste » : Magnette se considère comme le héraut de l’écosocialisme en Belgique, un courant qui suscite bien plus d’engouement dans d’autres pays que dans le nôtre.

L’ensemble de son projet repose sur une citation de Jean Jaurès, la grande figure du socialisme français, qui était également un bon vivant : « Nous ne sommes pas des ascètes, il nous faut la vie large . ».

[1]Les idées du PS sont louables, mais pas durables

Magnette entend par là que l’adoption d’un mode de vie plus respectueux de l’environnement n’empêche pas de continuer à profiter de la vie. Au contraire : l’écosocialisme, avance-t-il, permet d’améliorer les conditions d’existence de nombreuses personnes sans ressources. La stratégie qui sous-tend ce livre est claire : Magnette cherche à couper l’herbe sous le pied au PTB et à Ecolo en se présentant comme l’alternative attrayante et réaliste aux idées plus extrêmes de ces partis. Dans la course de fond qui mènera aux quadruples élections de 2024, il préconise l’avènement d’un « nouveau PS ».

« La plaisanterie est toute trouvée : Marcourt n’a rien fait d’autre que de prendre son président au mot. »

Malheureusement pour lui, son message n’imprime pas. Vendredi dernier, dans l’émission « De afspraak », le journaliste Ivan De Vadder a ainsi eu la politesse de lui poser deux questions sur ses analyses intellectuelles avant de consacrer de longues minutes au dernier scandale qui frappe son parti. Le président du Parlement wallon, Jean-Claude Marcourt, s’est offert une petite virée à Dubaï à 20 000 euros à l’occasion de l’Exposition universelle, en plus d’avoir laissé exploser le budget consacré aux rénovations du parlement, qui est passé de 10 à 46 millions d’euros.

La plaisanterie est toute trouvée : Marcourt n’a rien fait d’autre que de prendre son président au mot et de mettre en pratique les préceptes de « la vie large », à savoir jeter de l’argent par les fenêtres et profiter de la vie. Au-delà de cette boutade facile, il faut dire que le PS connaît une situation réellement pénible : le parti ne parvient pas à se débarrasser de l’odeur de scandale qu’il traîne derrière lui depuis des dizaines d’années. Marcourt n’a peut-être rien fait d’illégal (jusqu’à présent), mais le souvenir des anciens dossiers — Publifin, Samusocial et Publipart — remonte aussitôt à la surface. À croire que ce parti n’apprend pas de ses erreurs.

D’autant plus que l’affaire Marcourt n’est pas la seule qui vise les socialistes francophones. Ces derniers jours, des perquisitions ont eu lieu chez le député européen Marc Tarabella, ainsi que chez l’assistant de l’eurodéputée Marie Arena (qui appartiennent l’un et l’autre au PS) dans le cadre de soupçons de corruption de la part du Qatar.

Paul Magnette osera-t-il, à la différence de son prédécesseur, Elio Di Ruop, intervenir avec rapidité et fermeté pour écarter toutes les brebis galeuses de son mouvement ? À défaut, il pourra continuer d’écrire des pavés, mais son parti ne parviendra jamais à opérer une transformation de fond. Et « la vie large » restera une expression connotée négativement.

[2]La route vers un gouvernement PS/N-VA est parsemée d’obstacles



[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/les-idees-du-ps-sont-louables-mais-pas-durables/

[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/la-route-vers-un-gouvernement-ps-n-va-est-parsemee-dobstacles/