Rétablir le service militaire ? Voici pourquoi c’est une mauvaise idée
([Opinions, Société] 2022-10-01 (Gazet van Antwerpen))
- Reference: 2022-10_filip-andrejevic-1LTunOck3es-unsplash-scaled
- News link: https://daardaar.be/rubriques/opinions/retablir-le-service-militaire-voici-pourquoi-cest-une-mauvaise-idee/
- Source link: https://www.gva.be/cnt/dmf20221002_96077670
L’amiral Michel Hofman est favorable au retour du service militaire obligatoire en Belgique. Il soulève ainsi un débat intéressant. Néanmoins, il existe au moins trois raisons pour lesquelles la conscription obligatoire est une mauvaise idée.
Premièrement, sur le plan humain, rétablir le service militaire obligatoire marquerait un retour en arrière, car ça reviendrait à priver des milliers de jeunes de leur liberté. De même que chacun·e doit être libre de choisir un métier ou d’entreprendre des études supérieures, on ne peut demander à quelqu’un de manier des armes qu’avec son consentement. Par ailleurs, un service militaire n’aurait d’intérêt que s’il durait plusieurs mois. Or, retirer à des jeunes leur liberté pendant des mois détonne dans une démocratie occidentale.
Deuxièmement, nous faisons face à une pénurie de main-d’œuvre sans précédent sur le marché du travail. Le nombre d’emplois vacants atteint des sommets, mais ils ne trouvent pas preneurs faute de jeunes. Et envoyer ceux-ci dans des casernes pendant des mois aura pour effet d’allonger le temps nécessaire à l’acquisition des capacités professionnelles suffisantes avec, à la clé, une plus grande difficulté pour les entreprises à pourvoir les postes vacants. Une situation qui mettrait en péril la croissance économique dont nous avons tant besoin.
[1]Eviction du chef du renseignement: un premier faux pas de la ministre de la Défense?
Troisièmement, il n’est pas du tout certain que la Russie représente une menace pour l’ensemble de l’Occident. Les Russes sont pris en otage par un régime hors de contrôle qui roule des mécaniques. L’annexion par la Russie de quatre régions de l’est de l’Ukraine n’est pas forcément synonyme de victoire. Par exemple, la reprise de la ville de Lyman dans la province de Donetsk par les troupes ukrainiennes constitue un sérieux revers pour Moscou. La Russie a beau prétendre, à l’issue de simulacres de référendums, que Lyman est russe, il n’en demeure pas moins qu’elle est sous contrôle ukrainien.
Cela dit, on aurait tort de clore le débat sur la conscription obligatoire. La Belgique pourrait par exemple s’inspirer de la Suède, où le service militaire obligatoire a fait son retour en 2017. À ce détail près qu’il n’est pas aussi obligatoire qu’il y paraît. Tous les garçons et filles âgés de 18 et 19 ans sont mobilisés. Ils doivent remplir un questionnaire en ligne et peuvent également être invités à se présenter à l’armée pour un entretien. Mais l’obligation du service militaire dépend en grande partie de leur intérêt et de leur motivation. Ceux·elles qui ne veulent vraiment pas le faire en sont dispensés. Une approche qui semble plus appropriée qu’une obligation pure et simple du service militaire.
[1] https://daardaar.be/rubriques/eviction-du-chef-du-renseignement-un-premier-faux-pas-de-la-ministre-de-la-defense/
Premièrement, sur le plan humain, rétablir le service militaire obligatoire marquerait un retour en arrière, car ça reviendrait à priver des milliers de jeunes de leur liberté. De même que chacun·e doit être libre de choisir un métier ou d’entreprendre des études supérieures, on ne peut demander à quelqu’un de manier des armes qu’avec son consentement. Par ailleurs, un service militaire n’aurait d’intérêt que s’il durait plusieurs mois. Or, retirer à des jeunes leur liberté pendant des mois détonne dans une démocratie occidentale.
Deuxièmement, nous faisons face à une pénurie de main-d’œuvre sans précédent sur le marché du travail. Le nombre d’emplois vacants atteint des sommets, mais ils ne trouvent pas preneurs faute de jeunes. Et envoyer ceux-ci dans des casernes pendant des mois aura pour effet d’allonger le temps nécessaire à l’acquisition des capacités professionnelles suffisantes avec, à la clé, une plus grande difficulté pour les entreprises à pourvoir les postes vacants. Une situation qui mettrait en péril la croissance économique dont nous avons tant besoin.
[1]Eviction du chef du renseignement: un premier faux pas de la ministre de la Défense?
Troisièmement, il n’est pas du tout certain que la Russie représente une menace pour l’ensemble de l’Occident. Les Russes sont pris en otage par un régime hors de contrôle qui roule des mécaniques. L’annexion par la Russie de quatre régions de l’est de l’Ukraine n’est pas forcément synonyme de victoire. Par exemple, la reprise de la ville de Lyman dans la province de Donetsk par les troupes ukrainiennes constitue un sérieux revers pour Moscou. La Russie a beau prétendre, à l’issue de simulacres de référendums, que Lyman est russe, il n’en demeure pas moins qu’elle est sous contrôle ukrainien.
Cela dit, on aurait tort de clore le débat sur la conscription obligatoire. La Belgique pourrait par exemple s’inspirer de la Suède, où le service militaire obligatoire a fait son retour en 2017. À ce détail près qu’il n’est pas aussi obligatoire qu’il y paraît. Tous les garçons et filles âgés de 18 et 19 ans sont mobilisés. Ils doivent remplir un questionnaire en ligne et peuvent également être invités à se présenter à l’armée pour un entretien. Mais l’obligation du service militaire dépend en grande partie de leur intérêt et de leur motivation. Ceux·elles qui ne veulent vraiment pas le faire en sont dispensés. Une approche qui semble plus appropriée qu’une obligation pure et simple du service militaire.
[1] https://daardaar.be/rubriques/eviction-du-chef-du-renseignement-un-premier-faux-pas-de-la-ministre-de-la-defense/