Faut-il être francophone pour diriger un parti flamand ?
([Opinions, Politique] 2022-09-01 (Het Belang Van Limburg))
- Reference: 2022-09_Copie-de-Copie-de-Copie-de-Design-sans-nom
- News link: https://daardaar.be/rubriques/opinions/faut-il-etre-francophone-pour-diriger-un-parti-flamand/
- Source link: https://www.hbvl.be/cnt/dmf20220926_95569427
Conner Rousseau (Vooruit), le deuxième politique le plus populaire de Flandre, a parlé français pour la première fois dans mon émission la semaine dernière. Et très bien, qui plus est.
Dimanche, Nadia Naji, la nouvelle coprésidente de Groen, était mon invitée sur RTL. Quand je lui ai demandé quelle était sa langue maternelle, elle a répondu sans ambages : « le français ». Avec ses parents, une femme au foyer et un ouvrier d’origine marocaine, elle parle la langue de Molière. La famille vivant à Beersel, la jeune Nadia a été scolarisée en néerlandais, d’où son bilinguisme parfait.
Avant l’été, j’ai reçu Sammy Mahdi, fraîchement élu président du CD&V. À ma question « Quelle est la langue de votre cœur, celle dans laquelle vous rêvez ? », sa réponse a été : « Bonne question. Je pense que c’est le français . » L’histoire du chrétien-démocrate est similaire à celle de l’écologiste, tous deux ayant vécu à Bruxelles. Son père d’origine irakienne lui parlait en français plutôt qu’en arabe pour lui éviter d’être confronté à trop de langues. Sa mère, en revanche, est Flamande. Et Sammy a fait sa scolarité dans l’enseignement néerlandophone.
Conclusion : deux des quatre partis flamands au gouvernement fédéral sont dirigés par un·e francophone. (OK, dans le cas de Groen, il s’agit d’une coprésidence.)
[1]Sammy Mahdi est-il le nouveau Conner Rousseau ?
Dans l’opposition, le PTB-PVDA, qui ne cesse de progresser, a également un francophone à sa tête en la personne de Raoul Hedebouw. Celui-ci a grandi à Liège parce que ses parents étaient des « missionnaires » du parti embryonnaire des années 1970 Amada – Alle Macht Aan De Arbeiders (Tout le pouvoir aux ouvriers), ça vous dit quelque chose ? –, envoyés de Flandre en Wallonie pour convertir les Wallons. Avec succès.
Loin de moi l’idée de suggérer que nous sommes revenus au XIX e siècle, lorsque le français était la seule langue véhiculaire de la politique belge. Tant Nadia Naji, Sammy Mahdi que Raoul Hedebouw se considèrent comme bilingues. « Impossible de choisir entre le français et le néerlandais », affirme le président du PTB-PVDA. Mais cette double identité linguistique ne peut que profiter au vivre ensemble belge.
« Premier ministre? Pourquoi pas! »
Autre point positif : Conner Rousseau (Vooruit), le deuxième politique le plus populaire de Flandre, a parlé français pour la première fois dans mon émission la semaine dernière. Et très bien, qui plus est. Il revenait d’un bain linguistique à Spa. « J’ai suivi une formation en français par respect pour les Wallons », a-t-il dit. « Peut-être aussi pour devenir Premier ministre ? », ai-je tenté. Et Conner Rousseau de répondre : « Pourquoi pas ? ».
[2]Mais pourquoi Paul Magnette refuse-t-il de s’exprimer à la VRT ?
Tout ça me donne des idées. Paul Magnette, qui préside le PS, convoite également le titre de Premier ministre. Alors pourquoi n’aurions-nous pas, au 16 rue de la Loi, un tandem composé d’un·e francophone et d’un·e Flamand·e, de préférence avec une parité homme-femme ? Au sein des partis, il serait bon aussi d’accueillir davantage de personnes évoluant dans des milieux linguistiques différents.
En 2019, j’ai moi-même été sollicité par un parti traditionnel pour rejoindre une liste électorale flamande. Je suis bien trop amoureux de mon métier pour faire de la politique, mais un francophone dans un bureau de parti flamand ou un Flamand dans un bureau de parti wallon ne peut qu’élargir et améliorer la vision, car après tout, nous restons un État fédéral. Alors oui, longue vie au brassage, souvent incarné d’ailleurs par les personnes issues de l’immigration : elles savent mieux que quiconque que la fusion des langues et des cultures est porteuse d’un fantastique enrichissement.
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/sammy-mahdi-est-il-le-nouveau-conner-rousseau/
[2] https://daardaar.be/rubriques/opinions/mais-pourquoi-paul-magnette-refuse-t-il-de-sexprimer-a-la-vrt/
Dimanche, Nadia Naji, la nouvelle coprésidente de Groen, était mon invitée sur RTL. Quand je lui ai demandé quelle était sa langue maternelle, elle a répondu sans ambages : « le français ». Avec ses parents, une femme au foyer et un ouvrier d’origine marocaine, elle parle la langue de Molière. La famille vivant à Beersel, la jeune Nadia a été scolarisée en néerlandais, d’où son bilinguisme parfait.
Avant l’été, j’ai reçu Sammy Mahdi, fraîchement élu président du CD&V. À ma question « Quelle est la langue de votre cœur, celle dans laquelle vous rêvez ? », sa réponse a été : « Bonne question. Je pense que c’est le français . » L’histoire du chrétien-démocrate est similaire à celle de l’écologiste, tous deux ayant vécu à Bruxelles. Son père d’origine irakienne lui parlait en français plutôt qu’en arabe pour lui éviter d’être confronté à trop de langues. Sa mère, en revanche, est Flamande. Et Sammy a fait sa scolarité dans l’enseignement néerlandophone.
Conclusion : deux des quatre partis flamands au gouvernement fédéral sont dirigés par un·e francophone. (OK, dans le cas de Groen, il s’agit d’une coprésidence.)
[1]Sammy Mahdi est-il le nouveau Conner Rousseau ?
Dans l’opposition, le PTB-PVDA, qui ne cesse de progresser, a également un francophone à sa tête en la personne de Raoul Hedebouw. Celui-ci a grandi à Liège parce que ses parents étaient des « missionnaires » du parti embryonnaire des années 1970 Amada – Alle Macht Aan De Arbeiders (Tout le pouvoir aux ouvriers), ça vous dit quelque chose ? –, envoyés de Flandre en Wallonie pour convertir les Wallons. Avec succès.
Loin de moi l’idée de suggérer que nous sommes revenus au XIX e siècle, lorsque le français était la seule langue véhiculaire de la politique belge. Tant Nadia Naji, Sammy Mahdi que Raoul Hedebouw se considèrent comme bilingues. « Impossible de choisir entre le français et le néerlandais », affirme le président du PTB-PVDA. Mais cette double identité linguistique ne peut que profiter au vivre ensemble belge.
« Premier ministre? Pourquoi pas! »
Autre point positif : Conner Rousseau (Vooruit), le deuxième politique le plus populaire de Flandre, a parlé français pour la première fois dans mon émission la semaine dernière. Et très bien, qui plus est. Il revenait d’un bain linguistique à Spa. « J’ai suivi une formation en français par respect pour les Wallons », a-t-il dit. « Peut-être aussi pour devenir Premier ministre ? », ai-je tenté. Et Conner Rousseau de répondre : « Pourquoi pas ? ».
[2]Mais pourquoi Paul Magnette refuse-t-il de s’exprimer à la VRT ?
Tout ça me donne des idées. Paul Magnette, qui préside le PS, convoite également le titre de Premier ministre. Alors pourquoi n’aurions-nous pas, au 16 rue de la Loi, un tandem composé d’un·e francophone et d’un·e Flamand·e, de préférence avec une parité homme-femme ? Au sein des partis, il serait bon aussi d’accueillir davantage de personnes évoluant dans des milieux linguistiques différents.
En 2019, j’ai moi-même été sollicité par un parti traditionnel pour rejoindre une liste électorale flamande. Je suis bien trop amoureux de mon métier pour faire de la politique, mais un francophone dans un bureau de parti flamand ou un Flamand dans un bureau de parti wallon ne peut qu’élargir et améliorer la vision, car après tout, nous restons un État fédéral. Alors oui, longue vie au brassage, souvent incarné d’ailleurs par les personnes issues de l’immigration : elles savent mieux que quiconque que la fusion des langues et des cultures est porteuse d’un fantastique enrichissement.
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/sammy-mahdi-est-il-le-nouveau-conner-rousseau/
[2] https://daardaar.be/rubriques/opinions/mais-pourquoi-paul-magnette-refuse-t-il-de-sexprimer-a-la-vrt/