Le gouvernement flamand tient encore, mais a désormais des airs de champ de bataille miné par les dissensions. On nous a dit que cette fois, le CD&V ne fléchirait pas. Que cette fois, le parti ne « baisserait pas son pantalon ». Et pourtant. Pour la crédibilité, on repassera. En raclant les fonds de tiroir de son propre département, l’Emploi et l’Économie, Jo Brouns a pu trouver quelques millions de plus, ce qui permet au CD&V d’afficher une petite victoire après son échec de lundi. Mais elle reste dérisoire. Tout ça pour ça.

Sur le champ de bataille, un jeune président s’est couché. Sammy Mahdi a été élu à la tête du parti avec un score stalinien de 97 %. Un plébiscite, en apparence. Pourtant, son parti n’a pas voulu sauver la peau de celui qui devait le sauver. Quand on joue gros, on ne peut pas et on ne doit pas être seul. La génuflexion de Sammy Mahdi a suivi la rentrée de Hilde Crevits. La reine de Flandre-Occidentale en action. La vérité, c’est qu’il devait réparer les dégâts causés au parti — dégâts qu’elle avait permis à l’époque : avaler la couleuvre de la limitation de l’indexation. Que faire, désormais ? Le parti est aux abois.

Quand on mise gros, on anticipe le prochain coup de l’adversaire. De la même façon que la N-VA s’est trompée sur le CD&V et son nouveau président, Sammy Mahdi s’est trompé sur la machine N-VA. Les échecs sont un art. Y compris en politique. Avec sa politique de la tolérance servie sur un plateau d’argent, le président de Vooruit, Conner Rousseau, a montré que le jeu pouvait vite se retourner, déjouant tous les pronostics. Il n’y avait pas de plan B, pas d’issue. Faute de pouvoir pousser son adversaire dans ses retranchements, mieux vaut lui laisser sa dignité. Histoire de ne pas se brûler les ailes, façon Icare.

« Cette guéguerre de détails devrait pousser les politiques à l’introspection. À l’honnêteté. Car ce genre de choses laissent des traces. »

Le gouvernement flamand a tenu, mais la politique flamande a laissé les Flamands hors d’haleine. Elle a privilégié les bisbilles de parti au moment même où la population craignait d’être abandonnée à son sort, alors même que les mesures d’aide étaient l’enjeu central. La vision d’ensemble a été éclipsée par une guéguerre de détails. Cette situation devrait les pousser à l’introspection. À l’honnêteté. Car ce genre de choses laissent des traces.

[1]Crise au gouvernement flamand: « Nos dirigeants sont des incapables »

Le cœur du gouvernement flamand bat encore, mais il est dans le coma. On a évité qu’une crise gouvernementale ne vienne se superposer à la crise de l’énergie. C’est une bonne nouvelle pour nous tous. Mais le CD&V n’en sort pas indemne et son président non plus. Le ministre-président, Jan Jambon (N-VA), a été heurté. Les partis ont des envies de vengeance. Alors que des dossiers particulièrement importants sont dans les tuyaux : [2]l’accord sur l’azote , [3]le projet de lignes à haute tension Ventilus … Comme l’a écrit Sammy Mahdi hier : le parti, on ne lui fait aucune faveur. Et les Flamands, quelles faveurs lui fera encore le gouvernement Jambon ?

Après quelques jours de luttes politiques, le champ de bataille s’étend à perte de vue. Pourtant, hier, les politiciens ont triomphé, comme toujours. Cet accord, en sont-ils réellement fiers ? Parfois, la politique tourne vraiment au vaudeville.

[4]Ventilus, le parfait exemple des maux de la culture organisationnelle belge



[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/crise-au-gouvernement-flamand-nos-dirigeants-sont-des-incapables/

[2] https://daardaar.be/rubriques/opinions/en-flandre-le-sulfureux-dossier-de-lazote-refait-surface/

[3] https://daardaar.be/rubriques/opinions/ventilus-le-parfait-exemple-des-maux-de-la-culture-organisationnelle-belge/

[4] https://daardaar.be/rubriques/societe/ventilus-le-parfait-exemple-des-maux-de-la-culture-organisationnelle-belge/