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Grâce au nouveau plan de circulation, Bruxelles entre dans le 21e siècle !

([Société] 2022-08-01 (BRUZZ))


Le mardi 16 août dernier entrait en vigueur le nouveau plan de circulation au sein du Pentagone. En l’adoptant, Bruxelles est entrée dans le 21 e siècle : il était temps !

Nos représentants politiques nous ont une nouvelle fois gratifiés d’un beau spectacle la semaine dernière. La ville de Bruxelles, dirigée par une majorité progressiste, venait à peine d’introduire un plan de circulation que déjà, l’opposition libérale montait aux barricades, sur l’air bien connu de « ma voiture, ma liberté ». Cette réaction des libéraux francophones était certes prévisible, mais elle n’est pas apparue très crédible. Les Engagés, un autre parti de l’opposition, ont par exemple été beaucoup plus modérés dans leurs critiques. Il est également significatif de constater que les traditionnels détracteurs de la réduction de la circulation automobile étaient aux abonnés absents.

Si les voix dissonantes se sont faites discrètes, c’est parce que l’annonce du nouveau plan de circulation est intervenue pendant les vacances, mais pas seulement : la communication habile de l’échevin Bart Dhondt (Groen) y est également pour quelque chose. D’un côté, la ville de Bruxelles s’en tient au plan qu’elle a élaboré mais de l’autre, elle n’exclut pas certains aménagements. Du coup, toute velléité de critique est aussitôt étouffée dans l’œuf.

« En introduisant ce plan de circulation, la ville de Bruxelles fait ce qu’elle aurait dû faire dès l’entrée en vigueur du piétonnier. »

Sur le fond, une partie des arguments soulevés par le MR n’ont ni queue, ni tête. Le Pentagone reste pleinement accessible aux automobilistes, comme en attestent les milliers de places de parking souterraines qu’offre depuis longtemps le centre-ville et d’où l’on peut rejoindre à pied pratiquement tous les lieux les plus fréquentés de la capitale.

Aujourd’hui, ce Pentagone est l’endroit le plus accessible du pays, desservi qu’il est par les gares ferroviaires les plus importantes, les lignes de métro les plus fréquentées et une offre de trams et de bus sillonnant les rues de la capitale jusqu’au fin fond des quartiers bruxellois.

En outre, il y a les antécédents en matière de bonnes pratiques. Bruxelles est loin d’être la première ville à se doter d’un plan de circulation puisqu’on en trouve déjà un à Gand, par exemple, mais aussi dans plusieurs villes françaises. Et on ne connaît aucune ville qui a eu à regretter ce choix. Au contraire.

Bruxelles elle-même peut également servir d’exemple : le piétonnier dans le centre est en effet la preuve que plus on restreint l’espace pour la voiture, plus la qualité de vie augmente. À l’inverse, comme nul expert de la circulation ne l’ignore, davantage de place pour la voiture signifie également moins de mobilité.

[1]Pique-nique à Bruxelles: l’insupportable lenteur politique bruxelloise a de quoi indigner

C’est vrai, certains automobilistes devront emprunter un autre itinéraire pour rejoindre leur destination ou devront effectuer un détour. Mais avec un GPS ou une app telle que Waze, ce n’est plus un problème. Il ne reste donc plus beaucoup de grain à moudre pour les éternels pinailleurs ! Avec le plan de circulation, dans sa version actuelle ou sous une autre forme, Bruxelles entre enfin véritablement dans le 21 e siècle et fait ce qu’elle aurait en réalité dû faire dès l’instauration du piétonnier.

Des mois cruciaux



Le plan de circulation fraîchement instauré permettra-t-il pour autant de résoudre tous les problèmes liés à la mobilité ? Certainement pas ! Le trafic automobile ne va pas disparaître. La voiture reste un moyen de transport important en Région bruxelloise et il n’y a pas de mal à cela.

Un monitoring sera donc indispensable. Bonne nouvelle : les autorités de la capitale en sont bien conscientes et Mobiris, le centre de gestion du trafic en Région bruxelloise, suit la situation au plus près. Et que constate-t-il ? Primo, que le chaos du jour d’entrée en vigueur du plan de circulation a rapidement disparu et secundo, que la circulation est tout de même très dense dans le quartier Dansaert, ce qui pourrait, à terme, générer des problèmes du côté de la Porte de Flandre, vers laquelle sont dirigés les automobilistes qui cherchent à quitter la capitale. En même temps, le trafic automobile dense est surtout bloqué par… le grand nombre de piétons. L’équation ne sera donc pas simple à résoudre. On verra ce que les mois à venir nous réservent.

[2]Mobilité à Bruxelles : la lumière au bout du tunnel ?

Ce sont surtout les mois de septembre et d’octobre qui s’annoncent cruciaux en matière de suivi des flux de trafic : les parents devront de nouveau conduire et aller rechercher leur progéniture à l’école et les vacances seront terminées pour la plupart d’entre nous. Par ailleurs, d’autres paramètres interféreront dans l’équation : le télétravail, qui nous permet d’appréhender les trajets entre le domicile et le lieu de travail avec davantage de flexibilité, les prix des carburants, qui flambent, et les pistes cyclables, qui sont prises d’assaut depuis deux ans et l’éclatement de la pandémie de coronavirus. Quoi qu’il en soit, l’évolution de la circulation est quelque chose qui est toujours difficile à prévoir.

« Les automobilistes devront chercher des alternatives. »

Il n’empêche que les experts du trafic pensent qu’à terme, l’instauration du plan de circulation débouchera sur un nouvel équilibre sur les grands axes – lisez : la circulation deviendra plus fluide sur certains axes, moins fluide sur d’autres -, tout en soulignant qu’une partie du trafic automobile va inévitablement s’évaporer.

Car c’est en fin de compte l’un des principaux effets secondaires que l’on attend des plans Good Move adoptés dans toute la région. Ces plans ont été conçus dans le but de débarrasser les quartiers résidentiels du trafic de fuite, mais les grands axes autour de ces quartiers ne pourront probablement pas absorber toute cette circulation. Les automobilistes devront donc chercher des alternatives.

Et alors ? Comme les plans de mobilité précédents, Good Move a précisément pour objectif de restreindre le trafic automobile dans et vers la capitale, afin d’y réduire les embouteillages et d’y accroître la qualité de vie. Pour chaque grande ville qui souhaite renforcer son attractivité, c’est la feuille de route à suivre.



[1] https://daardaar.be/rubriques/societe/pique-nique-a-bruxelles-linsupportable-lenteur-politique-bruxelloise-a-de-quoi-indigner/

[2] https://daardaar.be/rubriques/opinions/mobilite-bruxelles-lumiere-tunnel/



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