Les jeunes N-VA et VB ensemble à un « campus » en Pologne: signe de fraternisation?
([Politique] 2022-08-01 (De Standaard))
- Reference: 2022-08_hands-5216585_1920
- News link: https://daardaar.be/rubriques/politique/les-jeunes-n-va-et-vb-ensemble-a-un-campus-en-pologne-signe-de-fraternisation/
- Source link: https://www.standaard.be/cnt/dmf20220817_97434528
Le week-end dernier, les mouvements de jeunesse de la N-VA et du Vlaams Belang ont envoyé une délégation en Pologne, où est organisé le « campus de la liberté ». Tandis que la N-VA minimalise la portée de l’événement, le Vlaams Belang, lui, parle de « fraternisation ».
Au moment même où Dries Van Langenhoven cristallise encore davantage les tensions entre la N-VA et le Vlaams Belang, les deux mouvements de jeunesse des partis sont parvenus à bien s’entendre à l’étranger. Le week-end dernier, New Direction, un think tank européen de droite et conservateur, a organisé une université d’été pour jeunes politiciens sur le thème de la Liberté et de la Souveraineté, avec pour point de discussion central « l’agression de l’Ukraine par la Russie » et le rôle de l’Occident.
La présidence du think tank, fondé en 2009 par Margaret Thatcher, est assurée par Tomasz Poręba, député européen du parti nationaliste et conservateur polonais Droit et Justice (PiS). Parmi les autres membres de l’organe décisionnel du groupe de réflexion, nous retrouvons des poids lourds du groupe parlementaire des Conservateurs et réformistes européens (ECR), dont fait actuellement partie la N-VA, malgré les relations politiques souvent tendues entre le parti et le groupe.
[1]Une Europe unifiée de Vladivostok à la mer du Nord: le rêve brisé du Vlaams Belang
Deux branches jeunesse de partis politiques belges ont répondu présent : Jong N-VA et Vlaams Belang Jongeren. Mais tandis que la N-VA n’a pas tenu à trop ébruiter l’événement, le Vlaams Belang n’a pas manqué de se réjouir, sur les réseaux sociaux, de la « fraternisation » de la droite conservatrice.
Jeroen Bergers, président de Jong N-VA, n’était pas présent en personne à Varsovie, mais il indique toutefois qu’une délégation a été envoyée pour répondre à l’invitation des EYC, les European Young Conservatives, la coupole des organisations politiques conservatrices européennes. « L’événement s’inscrit donc dans le cadre du groupe parlementaire ECR, qui tenait à commémorer la bataille de Varsovie, qui a vu les Polonais l’emporter sur les Russes. L’organisation, qui établit un lien entre cet événement historique et la guerre en Ukraine, a programmé une rencontre avec l’ambassadeur d’Ukraine. Et c’est précisément dans le contexte de cette guerre que nous avons trouvé naturel d’assister à l’événement, et d’exprimer notre soutien envers l’Ukraine. »
[2]Depuis son trône jaune et noir, le Vlaams Belang appuie là où ça fait mal
Leur présence n’était pourtant pas si évidente que cela. Des parlementaires européens N-VA, comme Geert Bourgeois, Assita Kanko et Johan Van Overtveldt, prennent régulièrement des distances par rapport à d’autres membres de leur groupe parlementaire, que ce soient les populistes de droite de Vox (Espagne), des Fratelli d’Italia, mais aussi du PiS polonais.
Récemment encore, Assita Kanko a plaidé pour l’éjection du groupe du député bulgare Angel Dzhambazki, après que celui-ci eut réalisé un salut hitlérien à Strasbourg. « En tant que parti, nous faisons partie du groupe parlementaire ECR, mais nous ne sommes pas membres du parti ECR, souligne-t-elle. Nous ne participons pas à leurs réunions. Nous définissons notre propre ligne politique . » La N-VA n’était pas au courant de la participation de Jong N-VA à l’événement, mais déclare que la section jeunesse du parti a déjà souvent participé à des activités de New Direction. Le parti nous invite à contacter Jeroen Bergers pour plus d’informations.
Ce dernier affirme qu’au niveau européen, Jong N-VA suit la ligne du parti. « Tout comme la N-VA, les jeunes N-VA n’ont aucune affinité avec un parti comme Vox », précise Bergers, qui prend également ses distances avec la présence des jeunes du Vlaams Belang.
« Tout le monde était libre de s’inscrire à l’événement, et ils ont manifestement aussi eu envie de s’inscrire. J’espérais surtout que leur inscription constituerait une prise de position par rapport à leur parti, qui manque de clarté vis-à-vis de la Russie, notamment lorsqu’il s’oppose à la livraison d’armes à l’Ukraine », déclare le président des jeunes N-VA.
[3]De Wever ne s’alliera jamais avec le Vlaams Belang… Vraiment ?
Mais du côté du Vlaams Belang, c’est un tout autre son de cloche qui se fait entendre. Le parti entend bien montrer noir sur blanc que l’invitation à l’événement provient explicitement des jeunes du PiS polonais. Les jeunes du groupe d’extrême droite Identité et Démocratie (ID) ont également été invités. Ce groupe, dont fait partie le Vlaams Belang, comporte également en ses rangs des partis tels que le Rassemblement National de Marine Le Pen, la Lega de Matteo Salvini et les Allemands de l’AfD (Alternative für Deutschland).
« La N-VA devrait cesser de mentir et de tourner autour du pot. Ils étaient au courant de notre présence avant même de s’inscrire, et entre nous, tout s’est déroulé de manière très amicale », témoigne le président des jeunes Vlaams Belang, Filip Brusselmans. « Nous regrettons ces coups dans le dos a posteriori. »
Brusselmans s’est aussi réjoui de l’invitation : « Ce n’est un secret pour personne : nous souhaitons une collaboration entre les deux plus grands groupes de droite au Parlement européen. C’est donc avec grand plaisir que nous avons envoyé une délégation de nos jeunes . »
Gerolf Annemans, député européen Vlaams Belang et président du parti ID, voit aussi dans cette rencontre en Pologne une invitation symbolique : « Le rapprochement date de décembre 2021, lorsque, avec Marine Le Pen et Tom Van Grieken, j’ai été reçu à Varsovie. Cette rencontre nous a permis de franchir des pas importants vers ce que nous appelons The Big Group ».
« Ce n’est un secret pour personne : nous souhaitons une collaboration entre les deux plus grands groupes de droite au Parlement européen. »
Des rumeurs se font entendre depuis longtemps à propos de la création de ce nouveau grand groupe d’eurosceptiques, bien qu’elles manquent encore de réalisme. Pour Geert Bourgeois, par exemple, « il subsiste de grandes divergences d’opinions par rapport à la Russie entre le PiS polonais et un certain nombre de partis membres d’ID ».
Quoi qu’il en soit, le Vlaams Belang ne laissera pas passer cette chance de mettre en lumière l’invitation explicite du PiS et la présence des jeunes N-VA.
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/une-europe-unifiee-de-vladivostok-a-la-mer-du-nord-le-reve-brise-du-vlaams-belang/
[2] https://daardaar.be/rubriques/depuis-son-trone-jaune-et-noir-le-vlaams-belang-appuie-la-ou-ca-fait-mal/
[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/de-wever-ne-salliera-jamais-avec-le-vlaams-belang-vraiment/
Au moment même où Dries Van Langenhoven cristallise encore davantage les tensions entre la N-VA et le Vlaams Belang, les deux mouvements de jeunesse des partis sont parvenus à bien s’entendre à l’étranger. Le week-end dernier, New Direction, un think tank européen de droite et conservateur, a organisé une université d’été pour jeunes politiciens sur le thème de la Liberté et de la Souveraineté, avec pour point de discussion central « l’agression de l’Ukraine par la Russie » et le rôle de l’Occident.
La présidence du think tank, fondé en 2009 par Margaret Thatcher, est assurée par Tomasz Poręba, député européen du parti nationaliste et conservateur polonais Droit et Justice (PiS). Parmi les autres membres de l’organe décisionnel du groupe de réflexion, nous retrouvons des poids lourds du groupe parlementaire des Conservateurs et réformistes européens (ECR), dont fait actuellement partie la N-VA, malgré les relations politiques souvent tendues entre le parti et le groupe.
[1]Une Europe unifiée de Vladivostok à la mer du Nord: le rêve brisé du Vlaams Belang
Deux branches jeunesse de partis politiques belges ont répondu présent : Jong N-VA et Vlaams Belang Jongeren. Mais tandis que la N-VA n’a pas tenu à trop ébruiter l’événement, le Vlaams Belang n’a pas manqué de se réjouir, sur les réseaux sociaux, de la « fraternisation » de la droite conservatrice.
Une relation difficile pour les uns
Jeroen Bergers, président de Jong N-VA, n’était pas présent en personne à Varsovie, mais il indique toutefois qu’une délégation a été envoyée pour répondre à l’invitation des EYC, les European Young Conservatives, la coupole des organisations politiques conservatrices européennes. « L’événement s’inscrit donc dans le cadre du groupe parlementaire ECR, qui tenait à commémorer la bataille de Varsovie, qui a vu les Polonais l’emporter sur les Russes. L’organisation, qui établit un lien entre cet événement historique et la guerre en Ukraine, a programmé une rencontre avec l’ambassadeur d’Ukraine. Et c’est précisément dans le contexte de cette guerre que nous avons trouvé naturel d’assister à l’événement, et d’exprimer notre soutien envers l’Ukraine. »
[2]Depuis son trône jaune et noir, le Vlaams Belang appuie là où ça fait mal
Leur présence n’était pourtant pas si évidente que cela. Des parlementaires européens N-VA, comme Geert Bourgeois, Assita Kanko et Johan Van Overtveldt, prennent régulièrement des distances par rapport à d’autres membres de leur groupe parlementaire, que ce soient les populistes de droite de Vox (Espagne), des Fratelli d’Italia, mais aussi du PiS polonais.
Récemment encore, Assita Kanko a plaidé pour l’éjection du groupe du député bulgare Angel Dzhambazki, après que celui-ci eut réalisé un salut hitlérien à Strasbourg. « En tant que parti, nous faisons partie du groupe parlementaire ECR, mais nous ne sommes pas membres du parti ECR, souligne-t-elle. Nous ne participons pas à leurs réunions. Nous définissons notre propre ligne politique . » La N-VA n’était pas au courant de la participation de Jong N-VA à l’événement, mais déclare que la section jeunesse du parti a déjà souvent participé à des activités de New Direction. Le parti nous invite à contacter Jeroen Bergers pour plus d’informations.
Une relation « très amicale » pour les autres
Ce dernier affirme qu’au niveau européen, Jong N-VA suit la ligne du parti. « Tout comme la N-VA, les jeunes N-VA n’ont aucune affinité avec un parti comme Vox », précise Bergers, qui prend également ses distances avec la présence des jeunes du Vlaams Belang.
« Tout le monde était libre de s’inscrire à l’événement, et ils ont manifestement aussi eu envie de s’inscrire. J’espérais surtout que leur inscription constituerait une prise de position par rapport à leur parti, qui manque de clarté vis-à-vis de la Russie, notamment lorsqu’il s’oppose à la livraison d’armes à l’Ukraine », déclare le président des jeunes N-VA.
[3]De Wever ne s’alliera jamais avec le Vlaams Belang… Vraiment ?
Mais du côté du Vlaams Belang, c’est un tout autre son de cloche qui se fait entendre. Le parti entend bien montrer noir sur blanc que l’invitation à l’événement provient explicitement des jeunes du PiS polonais. Les jeunes du groupe d’extrême droite Identité et Démocratie (ID) ont également été invités. Ce groupe, dont fait partie le Vlaams Belang, comporte également en ses rangs des partis tels que le Rassemblement National de Marine Le Pen, la Lega de Matteo Salvini et les Allemands de l’AfD (Alternative für Deutschland).
« La N-VA devrait cesser de mentir et de tourner autour du pot. Ils étaient au courant de notre présence avant même de s’inscrire, et entre nous, tout s’est déroulé de manière très amicale », témoigne le président des jeunes Vlaams Belang, Filip Brusselmans. « Nous regrettons ces coups dans le dos a posteriori. »
Le VB ne laissera pas passer une si belle chance
Brusselmans s’est aussi réjoui de l’invitation : « Ce n’est un secret pour personne : nous souhaitons une collaboration entre les deux plus grands groupes de droite au Parlement européen. C’est donc avec grand plaisir que nous avons envoyé une délégation de nos jeunes . »
Gerolf Annemans, député européen Vlaams Belang et président du parti ID, voit aussi dans cette rencontre en Pologne une invitation symbolique : « Le rapprochement date de décembre 2021, lorsque, avec Marine Le Pen et Tom Van Grieken, j’ai été reçu à Varsovie. Cette rencontre nous a permis de franchir des pas importants vers ce que nous appelons The Big Group ».
« Ce n’est un secret pour personne : nous souhaitons une collaboration entre les deux plus grands groupes de droite au Parlement européen. »
Des rumeurs se font entendre depuis longtemps à propos de la création de ce nouveau grand groupe d’eurosceptiques, bien qu’elles manquent encore de réalisme. Pour Geert Bourgeois, par exemple, « il subsiste de grandes divergences d’opinions par rapport à la Russie entre le PiS polonais et un certain nombre de partis membres d’ID ».
Quoi qu’il en soit, le Vlaams Belang ne laissera pas passer cette chance de mettre en lumière l’invitation explicite du PiS et la présence des jeunes N-VA.
[1] https://daardaar.be/rubriques/politique/une-europe-unifiee-de-vladivostok-a-la-mer-du-nord-le-reve-brise-du-vlaams-belang/
[2] https://daardaar.be/rubriques/depuis-son-trone-jaune-et-noir-le-vlaams-belang-appuie-la-ou-ca-fait-mal/
[3] https://daardaar.be/rubriques/politique/de-wever-ne-salliera-jamais-avec-le-vlaams-belang-vraiment/