Forces de marché ou monopole public ? L’éternel dilemme…
([Economie, Environnement, Opinions] 2022-06-01 (De Standaard))
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- Source link: https://www.standaard.be/cnt/dmf20220601_98068992
C’est un constat troublant que publie aujourd’hui dans nos colonnes Johan Albrecht, professeur d’économie environnementale à l’Université de Gand. Avec le recul, il semblerait que le recours à un système basé sur les mécanismes de marché pour tenter de réduire les émissions de gaz à effet de serre n’était pas le meilleur choix. Le système des droits d’émission négociables a été imaginé à une époque où la foi dans les vertus du marché était presque illimitée — surtout au sein de la Commission européenne. L’idéal d’unité européenne, né de la volonté de favoriser le libre-échange, a toujours été étroitement associé aux bienfaits des mécanismes de marché.
À juste titre, bien souvent : la libéralisation des marchés a apporté en effet au consommateur européen une belle moisson d’avantages. On a parfois tendance à oublier les rigidités et l’inefficience de certains secteurs tels que la navigation aérienne, les services postaux et les télécommunications avant la libéralisation du marché européen. Ce que constate Johan Albrecht, cependant, c’est que pour bien fonctionner, le libéralisme nécessite un environnement stable. En temps d’incertitude, laisser le marché fixer les prix est loin d’être idéal. Actuellement, on voit les producteurs de carburants fossiles réaliser des méga-bénéfices, alors que l’éolien offshore rencontre des difficultés. Voilà des situations dont nous pourrions aisément nous passer.
« Dans un cadre de monopole public, la transition énergétique est plus aisée à mettre en œuvre. »
Ce que suggère Johan Albrecht, avec le recul, c’est qu’il eût peut-être fallu laisser un peu plus les rênes aux mains des pouvoirs publics. Par le biais de la libéralisation et des privatisations, de nombreux pays ont en effet perdu le contrôle de la production d’électricité, par exemple. Pendant des années, la France a ramé à contre-courant, s’accrochant à sa tradition de forte implication gouvernementale. Et aujourd’hui, le gouvernement français peut peser avec davantage de force sur l’évolution du marché énergétique. Dans un cadre de monopole public, constate Johan Albrecht, la transition énergétique est plus aisée à mettre en œuvre.
[1]Bataille climatique entre la Flandre et le fédéral: le paradoxe vert
Pour autant, il n’est pas toujours indiqué de se fier aveuglément aux choix des autorités publiques : elles aussi, quand les temps sont incertains, peuvent commettre des erreurs. Ainsi, la valse-hésitation belge en matière d’énergie nucléaire n’est pas un exemple d’efficacité d’une gestion centralisée. Et que dire de la décision, au Japon, de miser massivement sur l’hydrogène pour alimenter le parc automobile, alors que le reste du monde opte pour l’électrification ? L’inconvénient, c’est que ces choix, visant le très long terme, sont difficiles à corriger par la suite. Alors que les circonstances actuelles nous montrent toute l’importance de la flexibilité en matière de politique climatique.
[1] https://daardaar.be/rubriques/opinions/bataille-climatique-entre-la-flandre-et-le-federal-le-paradoxe-vert/
À juste titre, bien souvent : la libéralisation des marchés a apporté en effet au consommateur européen une belle moisson d’avantages. On a parfois tendance à oublier les rigidités et l’inefficience de certains secteurs tels que la navigation aérienne, les services postaux et les télécommunications avant la libéralisation du marché européen. Ce que constate Johan Albrecht, cependant, c’est que pour bien fonctionner, le libéralisme nécessite un environnement stable. En temps d’incertitude, laisser le marché fixer les prix est loin d’être idéal. Actuellement, on voit les producteurs de carburants fossiles réaliser des méga-bénéfices, alors que l’éolien offshore rencontre des difficultés. Voilà des situations dont nous pourrions aisément nous passer.
« Dans un cadre de monopole public, la transition énergétique est plus aisée à mettre en œuvre. »
Ce que suggère Johan Albrecht, avec le recul, c’est qu’il eût peut-être fallu laisser un peu plus les rênes aux mains des pouvoirs publics. Par le biais de la libéralisation et des privatisations, de nombreux pays ont en effet perdu le contrôle de la production d’électricité, par exemple. Pendant des années, la France a ramé à contre-courant, s’accrochant à sa tradition de forte implication gouvernementale. Et aujourd’hui, le gouvernement français peut peser avec davantage de force sur l’évolution du marché énergétique. Dans un cadre de monopole public, constate Johan Albrecht, la transition énergétique est plus aisée à mettre en œuvre.
[1]Bataille climatique entre la Flandre et le fédéral: le paradoxe vert
Pour autant, il n’est pas toujours indiqué de se fier aveuglément aux choix des autorités publiques : elles aussi, quand les temps sont incertains, peuvent commettre des erreurs. Ainsi, la valse-hésitation belge en matière d’énergie nucléaire n’est pas un exemple d’efficacité d’une gestion centralisée. Et que dire de la décision, au Japon, de miser massivement sur l’hydrogène pour alimenter le parc automobile, alors que le reste du monde opte pour l’électrification ? L’inconvénient, c’est que ces choix, visant le très long terme, sont difficiles à corriger par la suite. Alors que les circonstances actuelles nous montrent toute l’importance de la flexibilité en matière de politique climatique.
[1] https://daardaar.be/rubriques/opinions/bataille-climatique-entre-la-flandre-et-le-federal-le-paradoxe-vert/