L’école délaisse les cours de religion au profit de l’éducation sociale
([Société] 2022-05-01 (De Standaard))
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- News link: https://daardaar.be/rubriques/societe/lecole-delaisse-les-cours-de-religion-au-profit-de-leducation-sociale/
- Source link: https://www.standaard.be/cnt/dmf20220503_97800287
Une école primaire libre de Laethem-Saint-Martin enseignera une nouvelle matière à la rentrée prochaine : l’éducation sociale. Les cours philosophiques et de morale disparaîtront quant à eux des grilles horaires. « Le système et la manière dont nous enseignons les cours convictionnels sont sous pression. Tant sur le plan du contenu que de la pratique. »
« Notre école prend une décision sur un sujet qui agite la politique depuis des décennies, mais qui n’a jamais été résolu », explique non sans fierté Paul Lauwers, directeur de l’école primaire libre Simonnet à Laethem-Saint-Martin. Le 1 er septembre, l’école, qui n’appartient à aucune organisation faîtière, supprimera les cours philosophiques et de morale non confessionnelle. Ces matières seront remplacées par un cours d’éducation sociale, qui abordera l’identité et la citoyenneté, mais aussi la religion, l’économie, l’environnement, l’éthique et la philosophie. L’école élaborera elle-même le programme d’études.
« Nous réfléchissons depuis longtemps à la manière dont nous pouvons encore mieux remplir notre mission éducative », poursuit M. Lauwers. L’école n’a pas agi sur un coup de tête : la décision a été approuvée par les parents, les enseignants et le conseil d’administration. Elle a aussi été examinée par la paroisse et le diocèse. « Nous répondons ainsi aux nouvelles exigences que notre société impose aux enfants et aux jeunes en pleine croissance, confie le directeur. Ils vivent dans une époque qui n’a jamais évolué aussi rapidement et qui prend de plus en plus ses distances par rapport au cadre social et porteur de sens de l’éducation. »
Par le passé, plusieurs écoles proposant une pédagogie alternative ont franchi le pas, mais ce qui se passe ici reste très exceptionnel. Pourtant, ce n’est pas surprenant. « Le système et la manière dont nous enseignons les cours philosophiques sont sous pression, déclare le philosophe moral Patrick Loobuyck de l’Université d’Anvers. Dans les écoles primaires catholiques, chaque enseignant doit être baptisé et croyant pour pouvoir enseigner la religion. Mais ces écoles ont du mal à trouver les bonnes personnes et à confectionner les horaires. Par ailleurs, nous devons nous demander si la ségrégation des élèves est la meilleure façon d’enseigner ces matières ».
De même, pour les écoles qui enseignent d’autres cours philosophiques, comme la religion islamique ou anglicane, il est stipulé que seules les personnes de cette religion spécifique peuvent enseigner cette matière.
L’école primaire libre Simonnet pense également qu’il est « irresponsable de ‘réserver’ des millions d’euros et des centaines d’enseignants pour ces cours convictionnels. À une époque où les écoles sont aux prises avec une grave pénurie d’enseignants et des problèmes financiers, cette situation ne peut plus être défendue. »
Patrick Loobuyck a lui-même longtemps plaidé pour l’introduction du cours de LEF (Levensbeschouwing, Ethiek en Filosofie – Conceptions de la vie, éthique et philosophie) dans les écoles. Le cours d’éducation sociale à l’école Simonnet s’en inspire. Il n’est pas synonyme de morale non confessionnelle. Pour lui, « le cours de morale en tant que cours philosophique fait l’objet d’une inspection particulière et est très engagé : il vise à diffuser une pensée libérale et humaniste.
L’école peut parfaitement le faire, confirme le cabinet du ministre flamand de l’Enseignement Ben Weyts (N-VA). « Selon la Constitution, une école libre doit proposer un enseignement moral ou religieux. Elle continuera à le faire de cette manière. »
L’école Simonnet espère être une pionnière dans ce domaine, mais reconnaît que le fait de n’appartenir à aucune organisation faîtière constitue un avantage. Elle ne fait partie du réseau de l’Enseignement catholique de Flandre, comme la grande majorité des écoles libres. « Mais en principe, chaque école libre peut franchir ce pas, tant dans l’enseignement primaire que secondaire », indique le cabinet du ministre Weyts.
Les réseaux d’enseignement communautaire, provincial et communal n’ont pas cette liberté. Ils sont obligés par la Constitution de proposer toutes les religions reconnues. Quiconque veut changer la donne, doit s’attaquer à l’article 24 de cette dernière.
Pourtant, à l’instar de la Communauté française, le gouvernement flamand a récemment trouvé une ouverture. La Constitution ne précise pas le nombre d’heures qui doivent être données. L’enseignement communautaire flamand prévoit actuellement qu’une des deux heures de cours philosophiques au troisième degré privilégie des compétences liées à la citoyenneté, et espère aller plus loin à l’avenir. Dans son mémorandum, il plaide pour « un large débat sur la place des cours convictionnels dans l’enseignement officiel ».
La Flandre peut s’inspirer de ce qui se fait de l’autre côté de la frontière linguistique : là, pour la première fois, la proposition a été faite récemment de bannir le cours de religion de l’enseignement communautaire et de remplacer celui-ci par un cours de philosophie et de citoyenneté.
« Notre école prend une décision sur un sujet qui agite la politique depuis des décennies, mais qui n’a jamais été résolu », explique non sans fierté Paul Lauwers, directeur de l’école primaire libre Simonnet à Laethem-Saint-Martin. Le 1 er septembre, l’école, qui n’appartient à aucune organisation faîtière, supprimera les cours philosophiques et de morale non confessionnelle. Ces matières seront remplacées par un cours d’éducation sociale, qui abordera l’identité et la citoyenneté, mais aussi la religion, l’économie, l’environnement, l’éthique et la philosophie. L’école élaborera elle-même le programme d’études.
« Nous réfléchissons depuis longtemps à la manière dont nous pouvons encore mieux remplir notre mission éducative », poursuit M. Lauwers. L’école n’a pas agi sur un coup de tête : la décision a été approuvée par les parents, les enseignants et le conseil d’administration. Elle a aussi été examinée par la paroisse et le diocèse. « Nous répondons ainsi aux nouvelles exigences que notre société impose aux enfants et aux jeunes en pleine croissance, confie le directeur. Ils vivent dans une époque qui n’a jamais évolué aussi rapidement et qui prend de plus en plus ses distances par rapport au cadre social et porteur de sens de l’éducation. »
Sous pression
Par le passé, plusieurs écoles proposant une pédagogie alternative ont franchi le pas, mais ce qui se passe ici reste très exceptionnel. Pourtant, ce n’est pas surprenant. « Le système et la manière dont nous enseignons les cours philosophiques sont sous pression, déclare le philosophe moral Patrick Loobuyck de l’Université d’Anvers. Dans les écoles primaires catholiques, chaque enseignant doit être baptisé et croyant pour pouvoir enseigner la religion. Mais ces écoles ont du mal à trouver les bonnes personnes et à confectionner les horaires. Par ailleurs, nous devons nous demander si la ségrégation des élèves est la meilleure façon d’enseigner ces matières ».
De même, pour les écoles qui enseignent d’autres cours philosophiques, comme la religion islamique ou anglicane, il est stipulé que seules les personnes de cette religion spécifique peuvent enseigner cette matière.
L’école primaire libre Simonnet pense également qu’il est « irresponsable de ‘réserver’ des millions d’euros et des centaines d’enseignants pour ces cours convictionnels. À une époque où les écoles sont aux prises avec une grave pénurie d’enseignants et des problèmes financiers, cette situation ne peut plus être défendue. »
Patrick Loobuyck a lui-même longtemps plaidé pour l’introduction du cours de LEF (Levensbeschouwing, Ethiek en Filosofie – Conceptions de la vie, éthique et philosophie) dans les écoles. Le cours d’éducation sociale à l’école Simonnet s’en inspire. Il n’est pas synonyme de morale non confessionnelle. Pour lui, « le cours de morale en tant que cours philosophique fait l’objet d’une inspection particulière et est très engagé : il vise à diffuser une pensée libérale et humaniste.
Pionnière
L’école peut parfaitement le faire, confirme le cabinet du ministre flamand de l’Enseignement Ben Weyts (N-VA). « Selon la Constitution, une école libre doit proposer un enseignement moral ou religieux. Elle continuera à le faire de cette manière. »
L’école Simonnet espère être une pionnière dans ce domaine, mais reconnaît que le fait de n’appartenir à aucune organisation faîtière constitue un avantage. Elle ne fait partie du réseau de l’Enseignement catholique de Flandre, comme la grande majorité des écoles libres. « Mais en principe, chaque école libre peut franchir ce pas, tant dans l’enseignement primaire que secondaire », indique le cabinet du ministre Weyts.
Les réseaux d’enseignement communautaire, provincial et communal n’ont pas cette liberté. Ils sont obligés par la Constitution de proposer toutes les religions reconnues. Quiconque veut changer la donne, doit s’attaquer à l’article 24 de cette dernière.
Ouverture
Pourtant, à l’instar de la Communauté française, le gouvernement flamand a récemment trouvé une ouverture. La Constitution ne précise pas le nombre d’heures qui doivent être données. L’enseignement communautaire flamand prévoit actuellement qu’une des deux heures de cours philosophiques au troisième degré privilégie des compétences liées à la citoyenneté, et espère aller plus loin à l’avenir. Dans son mémorandum, il plaide pour « un large débat sur la place des cours convictionnels dans l’enseignement officiel ».
La Flandre peut s’inspirer de ce qui se fait de l’autre côté de la frontière linguistique : là, pour la première fois, la proposition a été faite récemment de bannir le cours de religion de l’enseignement communautaire et de remplacer celui-ci par un cours de philosophie et de citoyenneté.