Prolongation du nucléaire : on ne réanime pas un cadavre! Quoique…
([Opinions] 2022-02-01 (Het Laatste Nieuws))
- Reference: 2022-02_light-bulbs-g7af9646a8_1920
- News link: https://daardaar.be/rubriques/opinions/prolongation-du-nucleaire-on-ne-reanime-pas-un-cadavre-quoique/
- Source link: https://www.hln.be/binnenland/onze-opinie-valt-een-lijk-nog-te-reanimeren~a393ec3d/
On ne réanime pas les cadavres ! C’est par cette métaphore qu’Egbert Lachaert (Open Vld) a commenté la sortie du nucléaire après qu’Engie Electrabel a déclaré sans aucune ambiguïté qu’une prolongation du nucléaire était exclue. Il semble pourtant que Lachaert soit décidé à encore pratiquer le bouche-à-bouche sur ce cadavre-là. La flambée des prix de l’énergie et les tensions avec la Russie ont pour conséquence que les partis du gouvernement soufflent le chaud et le froid, et ce à un mois de la décision finale.
Ce sont les employeurs qui, les premiers, ont alimenté la nervosité ambiante. Le président du Voka Wouter De Geest s’est tout d’abord prononcé contre une sortie du nucléaire avant de déclarer qu’il n’était plus vraiment opposé à ce scénario, pour finalement plaider pour un maintien des deux réacteurs les plus jeunes. Les employeurs ressentent eux aussi l’emballement des tarifs énergétiques et l’inflation dans leur portefeuille.
Les doutes des milieux économiques ont aussitôt contaminé les autres partis de la coalition Vivaldi
La volte-face des milieux économiques belges est une fameuse épine dans le pied de Groen et de son éminente experte en la matière, Tinne Van der Straeten. Sous la houlette de cette dernière, les écologistes s’étaient assuré le soutien du monde de l’entreprise pour fermer les centrales nucléaires. Aujourd’hui, cet atout a donc disparu de leur jeu. Qui plus est, les doutes des milieux économiques ont aussitôt contaminé les autres partis de la coalition Vivaldi, à tel point qu’aujourd’hui, seuls les Verts soutiennent encore pleinement le scénario de la sortie du nucléaire. Et encore, car les affres du doute ont percolé jusque chez certains de leurs militants. Pendant ce temps, un homme rit sous cape : le président du MR Georges-Louis Bouchez.
On pourrait décrire cette agitation à propos de la sortie du nucléaire comme une sorte de monstre du Loch Ness qui remonte à la surface tous les X temps. Mais lorsqu’on ne fait pas partie du landerneau, le spectacle de ces crispations politiques a tout de même de quoi laisser pantois. Nos politiciens se laissent-ils donc si facilement surprendre ou déstabiliser ?
Cela fait 20 ans que le dossier de la sortie du nucléaire est sur la table. Oui, vous avez bien lu : 20 ans ! La dépendance vis-à-vis de Moscou ne sort pas de nulle part, même si l’approvisionnement reste limité pour la Belgique. Qui plus est, le monde politique fait aujourd’hui comme s’il détenait tous les leviers pour déterminer les prix de l’énergie, alors que ce n’est pas le cas.
Ceci dit, il y a bel et bien des arguments pour prolonger les deux centrales nucléaires les plus jeunes. Cette crise montre que la dépendance vis-à-vis de la Russie constitue un pari risqué sur le plan géopolitique, à tout le moins dans le contexte européen.
Par ailleurs, construire un grand nombre de centrales au gaz – une nécessité dans tous les scénarios – à une époque où nous devons réduire massivement nos émissions de CO2 est un message difficile à porter. Il n’en demeure pas moins que le chemin pour prolonger les deux réacteurs les plus jeunes de notre pays s’annonce parsemé d’embûches, tant pratiques que techniques ou financières.
« Je pense que c’est trop tard pour éviter une addition salée », déclare Willem-Frederik Schiltz (Open Vld). Alexander De Croo devra faire profil bas lorsqu’il se rendra à Paris pour tenter d’obtenir une prolongation. La Belgique en est réduite au rôle de marionnette de la France. Nous sommes dos au mur, et le gouvernement actuel n’est pas seul responsable de cette situation.
Events, my dear boy, events.
De plus, si notre pays ne tourne pas complètement la page du nucléaire, il court le risque de voir lui échapper les subsides européens destinés à la construction de centrales au gaz. Et sans ces subsides, la Belgique pourra-t-elle encore attirer des investisseurs ? Au risque de nous répéter, les centrales au gaz sont nécessaires.
Si nous voulons tenter de réanimer le cadavre de nos centrales nucléaires, encore faut-il savoir ce que cela nous rapportera. Nos politiciens donnent aujourd’hui l’impression de hausser les épaules et de s’approprier cette citation de l’ex-Premier ministre britannique Harold Macmillan : « Events, my dear boy, events. » À l’évocation de Macmillan, le nom d’un de ses compatriotes nous vient spontanément à l’esprit : William Shakespeare. « Something’s rotten in the state of Belgium. »
Ce sont les employeurs qui, les premiers, ont alimenté la nervosité ambiante. Le président du Voka Wouter De Geest s’est tout d’abord prononcé contre une sortie du nucléaire avant de déclarer qu’il n’était plus vraiment opposé à ce scénario, pour finalement plaider pour un maintien des deux réacteurs les plus jeunes. Les employeurs ressentent eux aussi l’emballement des tarifs énergétiques et l’inflation dans leur portefeuille.
Les doutes des milieux économiques ont aussitôt contaminé les autres partis de la coalition Vivaldi
La volte-face des milieux économiques belges est une fameuse épine dans le pied de Groen et de son éminente experte en la matière, Tinne Van der Straeten. Sous la houlette de cette dernière, les écologistes s’étaient assuré le soutien du monde de l’entreprise pour fermer les centrales nucléaires. Aujourd’hui, cet atout a donc disparu de leur jeu. Qui plus est, les doutes des milieux économiques ont aussitôt contaminé les autres partis de la coalition Vivaldi, à tel point qu’aujourd’hui, seuls les Verts soutiennent encore pleinement le scénario de la sortie du nucléaire. Et encore, car les affres du doute ont percolé jusque chez certains de leurs militants. Pendant ce temps, un homme rit sous cape : le président du MR Georges-Louis Bouchez.
On pourrait décrire cette agitation à propos de la sortie du nucléaire comme une sorte de monstre du Loch Ness qui remonte à la surface tous les X temps. Mais lorsqu’on ne fait pas partie du landerneau, le spectacle de ces crispations politiques a tout de même de quoi laisser pantois. Nos politiciens se laissent-ils donc si facilement surprendre ou déstabiliser ?
Cela fait 20 ans que le dossier de la sortie du nucléaire est sur la table. Oui, vous avez bien lu : 20 ans ! La dépendance vis-à-vis de Moscou ne sort pas de nulle part, même si l’approvisionnement reste limité pour la Belgique. Qui plus est, le monde politique fait aujourd’hui comme s’il détenait tous les leviers pour déterminer les prix de l’énergie, alors que ce n’est pas le cas.
Ceci dit, il y a bel et bien des arguments pour prolonger les deux centrales nucléaires les plus jeunes. Cette crise montre que la dépendance vis-à-vis de la Russie constitue un pari risqué sur le plan géopolitique, à tout le moins dans le contexte européen.
Par ailleurs, construire un grand nombre de centrales au gaz – une nécessité dans tous les scénarios – à une époque où nous devons réduire massivement nos émissions de CO2 est un message difficile à porter. Il n’en demeure pas moins que le chemin pour prolonger les deux réacteurs les plus jeunes de notre pays s’annonce parsemé d’embûches, tant pratiques que techniques ou financières.
« Je pense que c’est trop tard pour éviter une addition salée », déclare Willem-Frederik Schiltz (Open Vld). Alexander De Croo devra faire profil bas lorsqu’il se rendra à Paris pour tenter d’obtenir une prolongation. La Belgique en est réduite au rôle de marionnette de la France. Nous sommes dos au mur, et le gouvernement actuel n’est pas seul responsable de cette situation.
Events, my dear boy, events.
De plus, si notre pays ne tourne pas complètement la page du nucléaire, il court le risque de voir lui échapper les subsides européens destinés à la construction de centrales au gaz. Et sans ces subsides, la Belgique pourra-t-elle encore attirer des investisseurs ? Au risque de nous répéter, les centrales au gaz sont nécessaires.
Si nous voulons tenter de réanimer le cadavre de nos centrales nucléaires, encore faut-il savoir ce que cela nous rapportera. Nos politiciens donnent aujourd’hui l’impression de hausser les épaules et de s’approprier cette citation de l’ex-Premier ministre britannique Harold Macmillan : « Events, my dear boy, events. » À l’évocation de Macmillan, le nom d’un de ses compatriotes nous vient spontanément à l’esprit : William Shakespeare. « Something’s rotten in the state of Belgium. »