Accord de la dernière chance pour Jambon?
([Opinions, Politique] 2022-02-01 (Het Belang Van Limburg))
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« Le dossier de l’azote aura-t-il raison du gouvernement flamand ? » Au début du mois de décembre, l’hebdomadaire Knack posait la question ouvertement. La survie de l’exécutif n’a jamais vraiment été en péril, mais voilà plusieurs mois que la question de la politique flamande en matière d’azote provoque de vives tensions. Près de deux mois après Noël, la limite initialement fixée, aucun n’accord n’a été trouvé pour l’heure. Nos sources nous font savoir que cette fois, les ministres sont sommés de trouver une solution d’ici aux vacances de printemps. Une nouvelle échéance qui place le conseil des ministres de ce vendredi au centre de toutes les attentions. Le ministre-président, Jan Jambon (N-VA), entend afficher la cohésion de son équipe au moyen d’un vaste accord politique.
Les protagonistes de cette affaire sont Zuhal Demir (N-VA) et Hilde Crevits (CD&V). Dans le dossier de l’azote, elles sont dans des camps opposés, puisque la première est ministre de l’Environnement, la seconde de l’Agriculture. Pourtant, Hilde Crevits devra forcément s’en tenir à une bataille de détails. En effet, l’Europe a déjà rappelé la Flandre à l’ordre plusieurs fois au sujet des retombées d’azote qu’elle génère — dont les principaux responsables sont, en définitive, les agriculteurs (80 % du total). Pour préserver les espaces naturels sensibles, il faut mettre en place un cadre strict réglementant les émissions d’azote des exploitations. Et la pression est forte : plusieurs « arrêts azote » ont d’ores et déjà mis à mal la politique actuelle, laissant les agriculteurs dans le flou juridique. Dans certaines régions, tous les permis relatifs aux étables se trouvent ainsi bloqués de facto . Un problème que Hilde Crevits entend également solutionner, mais pour ce faire, il n’y aura d’autre choix que d’accepter un cadre plus strict que le précédent.
Il est déjà établi que les entreprises les plus polluantes devront fermer : 58 éleveurs de bétail « rouges » et deux sociétés de traitement d’engrais devront plier boutique quoi qu’il arrive — seul le calendrier reste à déterminer. Ce qui est plus sensible, sur le plan politique, ce sont les mesures que devront prendre les autres entreprises. On parle notamment d’équiper d’appareils d’élutriation les sociétés qui ne disposent pas d’étables à faibles émissions. Et Zuhal Demir a déjà proposé un projet de réduction progressive du cheptel. Hilde Crevits ne veut pas en entendre parler : « Les mesures que nous prendrons entraîneront peut-être une réduction, mais ça ne doit pas être une fin en soi », a-t-elle déclaré dans un entretien. Concernant le budget, les débats sont moins houleux : les 100 millions affectés par le gouvernement flamand ne sont qu’une bagatelle — la facture se chiffrera probablement en milliards.
Voilà des mois que Hilde Crevits et Zuhal Demir se livrent à des chamailleries de ce genre. Mais ces dernières semaines, la tension a quelque peu basculé du côté de l’Open Vld. Comme ce parti n’a pas grand-chose à retirer d’un vaste accord sur l’azote, Bart Somers (Open Vld) y a accolé un dossier qui lui tient à cœur : le « bouwshift » — la nouvelle appellation du « stop au béton ». Ce qui s’y joue, c’est le montant des sommes que percevront les autorités locales — compétence de Bart Somers, comme par hasard — pour désintéresser les habitants de leurs zones d’extension d’habitat. Le gouvernement flamand souhaite convertir ces terrains constructibles en zones naturelles ou forestières. Ce qui, évidemment, aura un coût exorbitant. Bart Somers a récemment mis sa proposition sur le tapis : la Flandre pendra en charge deux tiers de l’intégralité de la valeur marchande des terrains réaffectés en zone forestière et un tiers de ceux convertis en terres agricoles. Un fonds doté de 150 millions par an devrait permettre de financer le dispositif. Le détail des montants et des pourcentages doit encore être défini, mais la proposition pourrait être acceptée moyennant quelques ajustements.
Au-delà du fond, l’importance politique de ces deux dossiers — qui, avec un nouveau plan d’action lisier, constituent le nouvel accord — ne doit pas être sous-estimée. Tant Bart Somers que Hilde Crevits ont récemment concédé, dans des interviews, que l’action du gouvernement flamand laissait à désirer. Les grands accords ne sont pas légion — et c’est peu dire. C’est pour cette raison que celui-ci concentre toutes les attentions. S’il débouche sur un arrangement bien construit, le gouvernement pourra reprendre son souffle. Dans le cas contraire, il continuera de patauger jusqu’aux prochaines élections.
L’opposition entre Zuhal Demir et Hilde Crevits
Les protagonistes de cette affaire sont Zuhal Demir (N-VA) et Hilde Crevits (CD&V). Dans le dossier de l’azote, elles sont dans des camps opposés, puisque la première est ministre de l’Environnement, la seconde de l’Agriculture. Pourtant, Hilde Crevits devra forcément s’en tenir à une bataille de détails. En effet, l’Europe a déjà rappelé la Flandre à l’ordre plusieurs fois au sujet des retombées d’azote qu’elle génère — dont les principaux responsables sont, en définitive, les agriculteurs (80 % du total). Pour préserver les espaces naturels sensibles, il faut mettre en place un cadre strict réglementant les émissions d’azote des exploitations. Et la pression est forte : plusieurs « arrêts azote » ont d’ores et déjà mis à mal la politique actuelle, laissant les agriculteurs dans le flou juridique. Dans certaines régions, tous les permis relatifs aux étables se trouvent ainsi bloqués de facto . Un problème que Hilde Crevits entend également solutionner, mais pour ce faire, il n’y aura d’autre choix que d’accepter un cadre plus strict que le précédent.
Il est déjà établi que les entreprises les plus polluantes devront fermer : 58 éleveurs de bétail « rouges » et deux sociétés de traitement d’engrais devront plier boutique quoi qu’il arrive — seul le calendrier reste à déterminer. Ce qui est plus sensible, sur le plan politique, ce sont les mesures que devront prendre les autres entreprises. On parle notamment d’équiper d’appareils d’élutriation les sociétés qui ne disposent pas d’étables à faibles émissions. Et Zuhal Demir a déjà proposé un projet de réduction progressive du cheptel. Hilde Crevits ne veut pas en entendre parler : « Les mesures que nous prendrons entraîneront peut-être une réduction, mais ça ne doit pas être une fin en soi », a-t-elle déclaré dans un entretien. Concernant le budget, les débats sont moins houleux : les 100 millions affectés par le gouvernement flamand ne sont qu’une bagatelle — la facture se chiffrera probablement en milliards.
La proposition de Bart Somers
Voilà des mois que Hilde Crevits et Zuhal Demir se livrent à des chamailleries de ce genre. Mais ces dernières semaines, la tension a quelque peu basculé du côté de l’Open Vld. Comme ce parti n’a pas grand-chose à retirer d’un vaste accord sur l’azote, Bart Somers (Open Vld) y a accolé un dossier qui lui tient à cœur : le « bouwshift » — la nouvelle appellation du « stop au béton ». Ce qui s’y joue, c’est le montant des sommes que percevront les autorités locales — compétence de Bart Somers, comme par hasard — pour désintéresser les habitants de leurs zones d’extension d’habitat. Le gouvernement flamand souhaite convertir ces terrains constructibles en zones naturelles ou forestières. Ce qui, évidemment, aura un coût exorbitant. Bart Somers a récemment mis sa proposition sur le tapis : la Flandre pendra en charge deux tiers de l’intégralité de la valeur marchande des terrains réaffectés en zone forestière et un tiers de ceux convertis en terres agricoles. Un fonds doté de 150 millions par an devrait permettre de financer le dispositif. Le détail des montants et des pourcentages doit encore être défini, mais la proposition pourrait être acceptée moyennant quelques ajustements.
Le gouvernement retient son souffle
Au-delà du fond, l’importance politique de ces deux dossiers — qui, avec un nouveau plan d’action lisier, constituent le nouvel accord — ne doit pas être sous-estimée. Tant Bart Somers que Hilde Crevits ont récemment concédé, dans des interviews, que l’action du gouvernement flamand laissait à désirer. Les grands accords ne sont pas légion — et c’est peu dire. C’est pour cette raison que celui-ci concentre toutes les attentions. S’il débouche sur un arrangement bien construit, le gouvernement pourra reprendre son souffle. Dans le cas contraire, il continuera de patauger jusqu’aux prochaines élections.