Jan Jambon et le gouvernement flamand en pleine crise existentielle
([Opinions, Politique] 2022-02-01 (De Standaard))
- Reference: 2022-02_belgaimage-165065351-full-255x170
- News link: https://daardaar.be/rubriques/opinions/jan-jambon-et-le-gouvernement-flamand-en-pleine-crise-existentielle/
- Source link: https://www.standaard.be/cnt/dmf20230305_98170570
Vendredi soir, l’optimisme semblait de mise. Le week-end était à nos portes, et les négociateurs avaient bien récupéré de leurs dix-sept heures de réunion marathon au sujet des émissions d’azote. Cet optimisme fut un énième écran de fumée. Ce week-end, Jan Jambon a forgé, avec la ministre de l’Environnement, Zuhal Demir, une ultime proposition. Qui s’est heurtée à un refus du CD&V. Le ministre-président échoue donc en pleine crise existentielle, entraînant son gouvernement avec lui.
Bien entendu, rien ne l’empêche de retenter sa chance. Mais ce petit jeu devra cesser un jour. Il faudra prendre position, car on n’enregistrera plus le moindre progrès. Le moment viendra alors de rejeter la faute sur les autres. Les chrétiens-démocrates martèleront les griefs qu’ils ont formulés à la suite de l’accord d’il y a un an, tandis que la N-VA, de son côté, prétendra que rien n’est possible avec le CD&V, parti manipulé par le Boerenbond.
Il est vrai que le CD&V subit le préjudice de sa propre réputation. En cas d’accord, c’est lui qui a le plus à perdre, surtout dans la perspective d’un nouveau sondage. Pourtant, les émissions d’azote doivent diminuer en Flandre, et les agriculteurs en paieront le prix fort. La récolte de décennies de non-politique aura un goût amer. On a trop longtemps octroyé des permis d’exploitation au mépris de la question de la pollution.
« Les nationalistes flamands jugent le modèle belge totalement dépassé, tant le pays est devenu ingérable. Peut-être qu’avant d’aller dormir, la N-VA serait bien inspirée de se regarder dans le miroir. »
Le mécontentement croissant des agriculteurs place Sammy « Sabotage » Mahdi, président du CD&V, dans une position intenable (ndlr: surnom donné par Zuhal Demir sur Twitter). Toute concession a été vécue comme une défaite. Rien n’a jamais été suffisant. La seule issue reste donc de ne pas décider, et de retourner aux urnes en remettant le sujet sur le tapis. Dans ce cas-là, il ne fait aucun doute que des promesses difficiles à tenir seront formulées, ce qui compliquera encore plus la conclusion d’un accord, à moins que les chrétiens-démocrates n’atterrissent dans l’opposition, où la N-VA serait ravie de les pousser.
La N-VA ne s’en sort pas indemne non plus. Jan Jambon sous-estime peut-être à quel point la situation a déraillé. Il faut dire aussi que les manières et les propos de Demir n’aident pas à apaiser les tensions. [1]En pasionaria obstinée, elle est sur le sentier de guerre et n’entend pas renoncer à l’imposition des normes les plus strictes. Électoralement, elle s’en sortira. Mais en ayant conclu un accord, elle aurait pu s’en sortir mieux.
Comment l’exécutif flamand compte-t-il désormais continuer à galérer ? C’est une énigme. Il ne peut pas tomber, car il n’existe aucune majorité alternative réaliste. Peut-être qu’un gouvernement minoritaire arriverait à sauver les meubles, mais rien n’est moins certain. Dans tous les cas, le déshonneur sera au rendez-vous. Ce sera aussi une belle leçon d’humilité : les nationalistes flamands jugent le modèle belge totalement dépassé, tant le pays est devenu ingérable. Peut-être qu’avant d’aller dormir, le parti serait bien inspiré de se regarder dans le miroir.
[2]Azote: le gouvernement flamand a toutes les cartes en main, mais est incapable de les exploiter
[1] https://daardaar.be/rubriques/opinions/zuhal-demir-n-va-une-version-moderne-de-don-quichotte/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/azote-le-gouvernement-flamand-a-toutes-les-cartes-en-main-mais-est-incapable-de-les-exploiter/
Bien entendu, rien ne l’empêche de retenter sa chance. Mais ce petit jeu devra cesser un jour. Il faudra prendre position, car on n’enregistrera plus le moindre progrès. Le moment viendra alors de rejeter la faute sur les autres. Les chrétiens-démocrates martèleront les griefs qu’ils ont formulés à la suite de l’accord d’il y a un an, tandis que la N-VA, de son côté, prétendra que rien n’est possible avec le CD&V, parti manipulé par le Boerenbond.
Il est vrai que le CD&V subit le préjudice de sa propre réputation. En cas d’accord, c’est lui qui a le plus à perdre, surtout dans la perspective d’un nouveau sondage. Pourtant, les émissions d’azote doivent diminuer en Flandre, et les agriculteurs en paieront le prix fort. La récolte de décennies de non-politique aura un goût amer. On a trop longtemps octroyé des permis d’exploitation au mépris de la question de la pollution.
« Les nationalistes flamands jugent le modèle belge totalement dépassé, tant le pays est devenu ingérable. Peut-être qu’avant d’aller dormir, la N-VA serait bien inspirée de se regarder dans le miroir. »
Le mécontentement croissant des agriculteurs place Sammy « Sabotage » Mahdi, président du CD&V, dans une position intenable (ndlr: surnom donné par Zuhal Demir sur Twitter). Toute concession a été vécue comme une défaite. Rien n’a jamais été suffisant. La seule issue reste donc de ne pas décider, et de retourner aux urnes en remettant le sujet sur le tapis. Dans ce cas-là, il ne fait aucun doute que des promesses difficiles à tenir seront formulées, ce qui compliquera encore plus la conclusion d’un accord, à moins que les chrétiens-démocrates n’atterrissent dans l’opposition, où la N-VA serait ravie de les pousser.
La N-VA ne s’en sort pas indemne non plus. Jan Jambon sous-estime peut-être à quel point la situation a déraillé. Il faut dire aussi que les manières et les propos de Demir n’aident pas à apaiser les tensions. [1]En pasionaria obstinée, elle est sur le sentier de guerre et n’entend pas renoncer à l’imposition des normes les plus strictes. Électoralement, elle s’en sortira. Mais en ayant conclu un accord, elle aurait pu s’en sortir mieux.
Comment l’exécutif flamand compte-t-il désormais continuer à galérer ? C’est une énigme. Il ne peut pas tomber, car il n’existe aucune majorité alternative réaliste. Peut-être qu’un gouvernement minoritaire arriverait à sauver les meubles, mais rien n’est moins certain. Dans tous les cas, le déshonneur sera au rendez-vous. Ce sera aussi une belle leçon d’humilité : les nationalistes flamands jugent le modèle belge totalement dépassé, tant le pays est devenu ingérable. Peut-être qu’avant d’aller dormir, le parti serait bien inspiré de se regarder dans le miroir.
[2]Azote: le gouvernement flamand a toutes les cartes en main, mais est incapable de les exploiter
[1] https://daardaar.be/rubriques/opinions/zuhal-demir-n-va-une-version-moderne-de-don-quichotte/
[2] https://daardaar.be/rubriques/politique/azote-le-gouvernement-flamand-a-toutes-les-cartes-en-main-mais-est-incapable-de-les-exploiter/