Mort du petit Dean : voici pourquoi ce drame a pu se produire
([Opinions] 2022-01-01 (De Morgen))
- Reference: 2022-01_flower-g199d58038_1920
- News link: https://daardaar.be/rubriques/opinions/mort-du-petit-dean-voici-pourquoi-ce-drame-a-pu-se-produire/
- Source link: https://www.demorgen.be/meningen/dave-de-kock-is-slechts-een-van-de-vele-gedetineerden-die-niet-de-gepaste-begeleiding-krijgen~b41efe45/
Mais comment cela a-t-il pu se produire ?
La réponse est dans les rapports restés sans suite
On peut rédiger sans fin des rapports truffés de constatations alarmantes, de statistiques inquiétantes et de mises en garde urgentes d’experts. Trop abstraits pour frapper l’imagination, trop pessimistes, c’est à peine s’ils troublent le grand public et le monde politique.
Jusqu’au jour où se produit une de ces tragédies bouleversantes, inimaginables, projetant sur tous ces rapports, ces statistiques, ces mises en garde une lumière horriblement concrète.
Une tragédie comme le décès tellement évitable du petit Dean, 4 ans, enlevé puis tué par un homme déjà condamné par le passé pour les sévices mortels qu’il avait infligés à un enfant. Et aujourd’hui, chacun se demande, consterné, comment ce drame a pu se produire.
La réponse est dans les rapports restés sans suite et dans les cris de détresse restés sans réponse.
Vouloir empêcher le destin de frapper est évidemment illusoire. Mais dans la fin déchirante de cet innocent bambin, qui n’aura pas eu l’ombre d’une chance, le destin n’est pas seul en cause. Une amère conclusion s’impose : la société aurait pu — et dû — faire plus pour protéger la vie de Dean.
Le suspect est un récidiviste dont la première incarcération a débouché sur la rédaction d’un rapport psychiatrique alarmant. L’homme ne manifestait aucun sentiment de culpabilité à l’égard des terribles violences qu’il avait alors infligées à un autre enfant. Ce rapport recommandait un accompagnement psychiatrique.
Mais aucune place n’était libre en milieu psychiatrique, aussi ne fit-on… rien.
Au terme de son incarcération, l’homme fut à nouveau libre de ses mouvements. Et c’est ainsi qu’en totale conformité avec la loi et avec les procédures en vigueur, on balança dans la collectivité une grenade dégoupillée. Une grenade qui vient d’exploser.
Dave De Kock, ravisseur et meurtrier présumé de Dean, n’est que l’un des nombreux détenus privés d’un accompagnement adapté. Il n’est qu’un numéro parmi d’autres dans les statistiques consacrées au phénomène historique de l’insuffisance de soins psychiatriques. Prévoir un nombre suffisant de cellules pour chaque personne condamnée est une chose.
Savoir comment préparer au mieux un détenu en vue de sa réintégration, et comment protéger au mieux la société contre la récidive, c’est tout autre chose.
Réclamer à cor et à cri « davantage de cellules, des peines de prison plus lourdes » n’est pas nécessairement la bonne réponse à apporter aux questions que soulève cette affaire.
Peut-être, pour des délits mineurs, serait-il utile d’opter pour des sanctions alternatives efficaces, permettant au monde carcéral de mieux accompagner les cas semblables à celui qui nous occupe, pour mieux nous protéger.
Autrement dit : faut-il davantage de moyens pour la Justice ? Peut-être.
Faut-il mieux fixer nos priorités pour mieux protéger la société ? Certainement.
Encore une chose. Dans cette question du manque d’accompagnement psychique des détenus, la collaboration boiteuse entre divers niveaux de pouvoir dont les compétences se chevauchent joue une fois de plus un rôle délétère.
Chaque fois, dans notre pays où les autorités publiques sont si nombreuses, et fournissent pourtant une qualité de service si décevante, on nous sert systématiquement le refrain du fédéralisme. Pendant combien de temps nous autres, Belges, allons-nous encore tolérer cela ?
La réponse est dans les rapports restés sans suite
On peut rédiger sans fin des rapports truffés de constatations alarmantes, de statistiques inquiétantes et de mises en garde urgentes d’experts. Trop abstraits pour frapper l’imagination, trop pessimistes, c’est à peine s’ils troublent le grand public et le monde politique.
Jusqu’au jour où se produit une de ces tragédies bouleversantes, inimaginables, projetant sur tous ces rapports, ces statistiques, ces mises en garde une lumière horriblement concrète.
Une tragédie comme le décès tellement évitable du petit Dean, 4 ans, enlevé puis tué par un homme déjà condamné par le passé pour les sévices mortels qu’il avait infligés à un enfant. Et aujourd’hui, chacun se demande, consterné, comment ce drame a pu se produire.
La réponse est dans les rapports restés sans suite et dans les cris de détresse restés sans réponse.
Vouloir empêcher le destin de frapper est évidemment illusoire. Mais dans la fin déchirante de cet innocent bambin, qui n’aura pas eu l’ombre d’une chance, le destin n’est pas seul en cause. Une amère conclusion s’impose : la société aurait pu — et dû — faire plus pour protéger la vie de Dean.
En totale conformité avec la loi
Le suspect est un récidiviste dont la première incarcération a débouché sur la rédaction d’un rapport psychiatrique alarmant. L’homme ne manifestait aucun sentiment de culpabilité à l’égard des terribles violences qu’il avait alors infligées à un autre enfant. Ce rapport recommandait un accompagnement psychiatrique.
Mais aucune place n’était libre en milieu psychiatrique, aussi ne fit-on… rien.
Au terme de son incarcération, l’homme fut à nouveau libre de ses mouvements. Et c’est ainsi qu’en totale conformité avec la loi et avec les procédures en vigueur, on balança dans la collectivité une grenade dégoupillée. Une grenade qui vient d’exploser.
Dave De Kock, ravisseur et meurtrier présumé de Dean, n’est que l’un des nombreux détenus privés d’un accompagnement adapté. Il n’est qu’un numéro parmi d’autres dans les statistiques consacrées au phénomène historique de l’insuffisance de soins psychiatriques. Prévoir un nombre suffisant de cellules pour chaque personne condamnée est une chose.
« Davantage de cellules, des peines de prison plus lourdes » ?
Savoir comment préparer au mieux un détenu en vue de sa réintégration, et comment protéger au mieux la société contre la récidive, c’est tout autre chose.
Réclamer à cor et à cri « davantage de cellules, des peines de prison plus lourdes » n’est pas nécessairement la bonne réponse à apporter aux questions que soulève cette affaire.
Peut-être, pour des délits mineurs, serait-il utile d’opter pour des sanctions alternatives efficaces, permettant au monde carcéral de mieux accompagner les cas semblables à celui qui nous occupe, pour mieux nous protéger.
Autrement dit : faut-il davantage de moyens pour la Justice ? Peut-être.
Faut-il mieux fixer nos priorités pour mieux protéger la société ? Certainement.
Collaboration boiteuse entre niveaux de pouvoir
Encore une chose. Dans cette question du manque d’accompagnement psychique des détenus, la collaboration boiteuse entre divers niveaux de pouvoir dont les compétences se chevauchent joue une fois de plus un rôle délétère.
Chaque fois, dans notre pays où les autorités publiques sont si nombreuses, et fournissent pourtant une qualité de service si décevante, on nous sert systématiquement le refrain du fédéralisme. Pendant combien de temps nous autres, Belges, allons-nous encore tolérer cela ?